Nouveauté inédite, la Citroën Ami ne ressemble pas aux autres modèles de la marque. Homologuée dans la catégorie des quadricycles, la petite électrique se distingue par son mode de distribution original et son prix plancher de 6.000 €. Découverte !

En 2019, une petite puce électrique répondant au nom d’AMI ONE venait bousculer la vision d’une (vraie) citadine électrique. Deux places, format très compacte, le tout dans un monobloc illustrant le design futur de Citroën. Seulement quelques mois après ce concept, la marque française a présenté cette petite voiture, finalement baptisée « ami », dans sa version de série.

Les voiturettes, un marché porteur

On les raille, on les moque, mais les voitures sans permis se vendent à un volume non négligeable. Exemple, le leader du marché Ligier a produit 14.500 unités pour l’Europe en 2019. En dehors de ceux qui l’ont perdu, de plus en plus de personnes renoncent au permis demandant environ 1.800 € d’investissement et de nombreuses heures de formation. L’autre aspect, c’est l’adéquation avec l’usage. Une voiture électrique de 50 kWh pesant 1,5 tonnes n’a aucun sens si l’on se limite à 10 km par jour en ville. Et bien entendu, elles sont accessibles dès 14 ans, avec seulement le permis AM en poche (7 heures de formation).

Les voiturettes de type Aixam, Ligier ou Chatenet ont répondu à cette demande pendant des décennies. Revers de la médaille : elles sont chères, parfois davantage qu’une citadine classique. En 2011, Renault s’y est aventuré avec la Twizy. Électrique et très originale, elle n’a pas rencontré le succès escompté. Pourtant, son prix d’attaque à 8.000 euros était attractif, quand une voiturette thermique de base descend rarement sous les 10.000 €.

Le but de Citroën était donc de démocratiser la voiture électrique à travers un format sans permis. « Cette voiture n’est pas conçue pour baisser notre taux de CO2 », rappelle le PDG de Citroën, Vincent Cobée, « peut-être qu’un jour l’Europe verra que ce type de modèle compte ». Les quadricycles légers n’étant pas considérés comme des “voitures” aux yeux du législateur, ils n’entrent pas dans les calculs d’émissions de la norme CAFE contraignant les constructeurs à une moyenne CO2.

Une vraie citadine !

La marque aux chevrons n’a pas attendu une telle mesure et c’est tant mieux. Le concept-car est un peu lointain de la version finale mais l’esprit reste. Plus compacte, la version de série de la Citroën Ami affiche 2,41 mètres. « Vous pouvez mettre deux véhicules dans une place de parking » souligne Arnaud Belloni, directeur marketing de la marque aux chevrons.

Plus courte de 30 centimètres qu’une Smart EQ Fortwo (2,70 m) et plus large qu’une Renault Twizy (1+1 place), la « microcar » aux chevrons prend le parti de rester sur deux places côte à côte. Plus important : la carrosserie est fermée, bien que très plastique. La firme a fait le choix de l’accessibilité plutôt que de la prestance, avec une seule couleur « gris-bleu » extérieure.

Néanmoins, quatre coloris viendront égayer l’Ami sur les jantes, des stickers ou l’intérieur de la voiture.  Vous remarquerez que le faciès et l’arrière de la voiture sont très proches. Les deux sont quasiment symétriques. Comme pour les coloris et les matériaux utilisés, le but est de limiter les coûts, avec ici moins de pièces développées.

Un habitacle relativement spacieux

Malgré son gabarit riquiqui, l’Ami offre un intérieur accueillant. Au final, nous sommes loin d’être à l’étroit. Côté conducteur, l’accès se fait par une porte à l’ouverture vers l’avant, c’est original, tandis que la porte passager reste normale. Le passager est situé légèrement en arrière, afin de prodiguer un espace pour quelques sacs ou bagages. Un second est logé derrière le conducteur.

A l’exception du conducteur pouvant avancer ou reculer son siège, les assises ne sont pas réglables. La planche de bord parait dénudée et donne l’essentiel sur le petit combiné numérique. Il faudra vérifier sa bonne lecture en conduite en lumière naturelle. Idem pour les petits rétroviseurs ronds, d’apparence plutôt fragile.  Pour accéder à davantage de données, à la navigation ou au multimédia, un emplacement est réservé pour les smartphones.

L’Ami ne dispose ni de coffre ni de porte d’accès à l’arrière. Pas de boîte à gants non plus… La base du pare-brise permet toutefois de déposer de nombreux petits objets, les rangements de contreportes étant trop volumineux pour des bouteilles ou livres.

Puissance suffisante en ville

Sur le plan technique, la Citroën Ami est une pure urbaine et c’est avant tout le format qui le veut. Quadricycle léger, elle se limite à un moteur de 6 kW (8,2 chevaux), soit 45 km/h maximum. C’est en outre la limite de vitesse imposée par la législation. Au-delà, le véhicule devrait changer de catégorie d’homologation. En matière d’accélération, le constructeur ne donne pas d’indication. Même si le poids de 485 kg avec batteries aide à donner un peu de vivacité, il ne faudra pas compter jouer les brutes au feu vert.

Lors de la présentation, nous avons pu prendre rapidement en main la voiture. La voiturette ne peinait pas à s’élancer. Nous n’avons pas dépassé 15 km/h, mais ne doutons qu’après 30 km/h, l’accélération se fera bien moins nette.

Autonomie correcte, mais câble peu pratique

Sans surprise, la batterie est logée sous le plancher comme tout électrique qui se doit. Cela lui donne un centre de gravité bas, un bon point pour le dynamisme. De 5,5 kWh, la capacité serait suffisante pour parcourir 70 kilomètres avec une charge.

Attention, ce n’est pas une valeur WLTP, la Citroën Ami n’étant pas sujette à cette norme. La valeur communiquée par le constructeur est ainsi calculée sur un usage purement citadine. La clientèle visée – les jeunes, les seniors et ultra-urbains – y fera majoritairement des trajets très courts. S’ils tiennent dans la réalité, les 70 km annoncés devraient ainsi facilement garantir quelques jours sans recharge.

Côté recharge, la solution choisie par Citroën se révèle plutôt originale. Sortant de la porte passager, la prise de recharge n’est pas cachée par une trappe. Les moins musclés trouveront cela peu pratique. L’emplacement est trop bas et le déroulement manuel. On aurait préféré un câble façon aspirateur, s’enroulant ensuite automatiquement. Enfin nous sommes face à une prise domestique, 220V ou 2,3 kW, soit une charge en environ 2 heures. Citroën a évoqué une possible charge accélérée (intéressante pour les flottes d’entreprises ou libre-service), sans nous la détailler.

Un prix canon !

Oubliez le format une voiture, un prix, la Citroën Ami vise une accessibilité étendue. Bien entendu, il est possible de l’acheter comptant. La marque la vend au tarif de 6.900 euros. Avec le bonus de 900 euros accordé aux quadricycles électriques, le prix final chute à 6.000 €, soit le quart d’une Renault ZOE.

A cette solution d’achat intégral s’ajoute l’option locative qui devrait rencontrer bien plus de succès. Citroën appuie sur un loyer mensuel de 19,99 €. Oui, on vous le concède, c’est comparable à un abonnement téléphonique ou internet, mais il ne faut pas oublier l’apport. La marque ne l’affiche pas en gros, le premier loyer majoré est de 3.544 euros, ou 2.644 € après bonus. Cela représente au final près de la moitié du prix de la voiture. Un point non négligeable.

Visant en priorité les jeunes conducteurs, la Citroën Ami sera présente dans certaines concessions de la marque et commandable en ligne ou via l’application mobile du constructeur. Autre originalité : la livraison pourra être effectuée à domicile ou au point de vente le plus proche.

En libre service et à la Fnac

Pour les utilisateurs plus occasionnels, l’offre en libre-service Free2Move prend le relais. Accessible via l’application du groupe PSA, la petite électrique aux chevrons est facturé 26 centimes du kilomètre. Elle rejoindra exclusivement ce service, qui propose déjà des Citroën C-ZERO et Peugeot iOn (0,39 €/minute). En dehors de Free2Move, Citroën étudie aussi de possibles partenariats avec d’autres acteurs du marché.

Autre approche, Citroën s’est associé au groupe Fnac Darty. Le véhicule s’exposera ainsi dans certains magasins, et y côtoiera vélos électriques, trottinettes et consorts. Plus précisément, c’est une opportunité. « Dans les concessions, 1 personne sur 4 achète une voiture », précise V. Cobée. « Même si un visiteur de Fnac sur 1000 repart avec une Citroën Ami, sachant que le groupe génère 15 millions de visiteurs par an, on est preneur ! » poursuit-il.

Conclusion : à tester pour approuver !

Si ce n’est pas une “vraie voiture”,  la Citroën Ami a toute sa place au catalogue du constructeur. Offrant moins de compromis que la Renault Twizy, elle affiche un prix défiant toute concurrence. Les autres acteurs du secteur risquent de voir noir !

Il y a toutefois un petit hic. Dans l’absolu, on aurait aimé voir la petite électrique de Citroën fabriquée en France. Ce n’est pas une histoire de chauvinisme, mais plutôt d’empreinte environnementale. L’Ami sera fabriquée au Maroc, dans l’usine PSA de Kénitra. Chose compréhensible, la main d’oeuvre bon marché permettant au constructeur de tenir ses objectifs en matière de prix de vente.

Les premières Citroën Ami seront sur nos routes dès le mois de juin 2020. Si on met de côté la Citroën C-ZERO, encore disponible à la commande, et l’anecdotique E-Méhari, c’est la seule électrique “nouvelle génération” proposée par le constructeur. Pour la suite, il faudra patienter jusqu’au Mondial de l’Auto de Paris, où sera dévoilée la e-C4.

Il reste en définitive un essai de cette Citroën Ami pour un avis complet. Ce premier contact est cependant assez positif, et nous nous réjouissons qu’un grand constructeur investisse dans un tel véhicule. De quoi donner des idées à d’autres, surtout si le succès est au rendez-vous. Si Renault n’a pas confirmé de remplacement ou d’évolution sur sa Twizy, Seat prévoit sa Minimó en 2021. Il y a 9 ans, on se rappellera les petits concepts Opel Rak e et Audi Urban Concept, de joviales études urbaines électriques. A quand en série ?