He XiaopengLe patron de Xpeng pense qu’un véritable bain de sang se prépare sur le marché du véhicule électrique en Chine. Pour que sa marque survive, il est prêt à investir massivement : embauches d’ingénieurs et raz de marée de nouveautés.

Création de marques à tour de bras, nouveautés permanentes, forte croissance des ventes, la Chine ressemble à l’Eldorado de la voiture électrique. En réalité, ce n’est pas du tout le cas. C’est aussi un marché sur lequel la concurrence est redoutable, et les marges très faibles. Et selon He Xiaopeng, fondateur de la marque éponyme, les choses ne vont pas s’arranger en 2024. Dans une lettre adressée à ses employés à l’occasion de la nouvelle année, il estime qu’un véritable bain de sang se prépare avec une concurrence exacerbée entre les différents constructeurs, et que cette année sera le premier “round d’élimination”.

Ses déclarations tombent d’ailleurs tout juste au moment où un de ses rivaux est sur le point de disparaître, et les conditions de surproduction font que le gouvernement n’apportera aucune aide. Au contraire, la disparition de certains renforcera les autres et permettra de répondre à l’ambition officielle : créer de vrais champions de taille internationale.

Xpeng pourrait clairement être l’un des prochains sur la liste des marques appelées à mourir. Le constructeur est en effet resté assez loin de ses objectifs en 2023 : 141 601 voitures livrées. C’est mieux que les 120 757 de 2022, mais loin de l’objectif de 200 000 et surtout loin de la croissance de certains de ses concurrents. Notamment après avoir mis sur le marché un véhicule aussi important que le G6. Cela tend à montrer que malgré les qualités de ses produits, la marque n’a pas réellement trouvé sa place, au contraire par exemple de LI Auto qui cartonne avec ses modèles bien plus chers.

Xpeng X9

Xpeng X9

Investir pour survivre

Pour survivre, la solution envisagée par le fondateur tient en un mot : investir. Pas question de lever le pied pour le constructeur qui est vu comme l’un des plus avancés en matière de conduite semi-autonome. Xpeng compte ainsi embaucher 4 000 ingénieurs supplémentaires cette année, et augmentera son budget de recherche et développement de 40 %. 450 millions d’euros seront par exemple investis sur le seul sujet de l’Intelligence Artificielle appliquée à la conduite autonome.

Ces investissements doivent permettre au constructeur de lancer pas moins de 30 nouveaux modèles (ou évolutions de modèles) dans les trois prochaines années. Une vague qui permettra de conquérir de nouveaux segments. S’il est difficile de dresser une liste des nouveautés prévues, on sait que cette année verra le lancement d’au moins deux modèles majeurs. Deux véhicules qui vont élargir la portée de la marque vers le bas et vers le haut.

Le premier viendra se positionner dans la classe de prix 150 000 RMB (20 000 euros). Il s’agira d’une berline de segment C, basée sur la même architecture Fuyao que le G6. Cette berline est directement issue de l’acquisition par Xpeng de la division automobile de Didi, et pourrait donner naissance à une nouvelle marque surnommée Mona (nom de code). On y retrouverait par la suite une gamme complète de véhicules, avec des prix moins élevés que ceux de Xpeng : berlines, SUV, monospaces…

Mais la Chine étant essentiellement un marché des gros véhicules, Xpeng doit aussi se renforcer en haut de gamme. Une nouvelle architecture véhicule verra le jour pour s’implanter sur le segment au-dessus de 300 000 RMB (40 000 euros) et jusqu’à 400 000 RMB (51 000 Euros). L’actuel G9 démarre sous cette barre.

Et l’international ?

Le marché national étant hyper concurrentiel, l’expansion internationale est vue par les constructeurs chinois comme un ballon d’oxygène. Xpeng lancera la seconde phase de ses efforts d’exportation. Il devrait ainsi s’implanter sur de nouveaux marchés et lancer ses véhicules avec conduite à droite.

Pour le moment, les Xpeng sont vendues en Europe dans les pays suivants : Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège. Il y vend les P7 et G9 et ses ventes ont à peine dépassé les 2000 voitures l’année dernière. Il n’a pas encore confirmé de date pour son arrivée en France.