Sous leurs propres marques, ou derrière des filiales européennes à l’origine, les constructeurs chinois sont de plus en plus présents en Europe. Nio compte se joindre à eux dès l’année prochaine en se distinguant avec des offres différentes.

Nio à l’assaut de l’Europe : Ce n’est pas un nouveauté ! En mai 2019, Lihong Qin, président de Nio, disait en faire « une priorité absolue ». Il était alors question d’introduire le SUV électrique ES6 à horizon 2025.

Désormais, c’est au second semestre 2021 que le constructeur chinois s’attaquerait à notre continent, selon Automotive News Europe, toujours avec ce modèle.

La batterie, fournie par une coentreprise (Weineng Wuhan Battery Asset) créée par des fabricants chinois dont CATL, pourra être demandée en location. En Chine, cette option, appelée « Battery as a Service » (Batterie comme un service) ou BaaS, fait baisser le prix de l’ES6 de 343.600 à 273.600 yuans (de 42.000 à 33.500 euros environ). Et ce, avec des loyers mensuels à partir de 980 yuans (120 euros) pour un pack d’une capacité énergétique de 70 kWh.

Selon Lihong Qin, les automobilistes viendront plus facilement et rapidement à la mobilité électrique avec un tel scénario.

Une des originalités de la marque est d’avoir prévu ses voitures électriques pour le swap des batteries, comme Renault avec sa Fluence Z.E. dans le cadre du projet Better Place. Les 143 stations dédiées et installées en Chine ont déjà enregistré 800.000 échanges à ce jour.

Encouragé par le gouvernement chinois, Nio a mis au point un standard dans ce domaine qui permettra aux autres constructeurs d’adopter le swap avec les mêmes packs.

Avis de l'auteur

Il n’est pas étonnant que Nio avance sa feuille de route européenne, alors que d’autres constructeurs chinois sont en train d’arriver sur le continent, notamment en France. Ainsi Aiways qui a déjà livré plusieurs centaines de ses U5 en Corse il y a quelques semaines.

Un des intérêts majeurs de la location de la batterie, pour les automobilistes qui la choisissent, c’est de s’affranchir de son vieillissement. Ceux qui exploiteront le service d’échange rapide en station y seront confrontés d’une manière très différente. Leur batterie neuve pourra être remplacée par des plus anciennes qui n’offriront pas tout à fait la même autonomie. A l’inverse, avec une voiture déjà fortement kilométrée, les conducteurs bénéficieront continuellement de packs normalement assez récents.

Quid de la notion de propriété de la batterie avec le swap ? Est-ce que la location ne s’impose pas dans ce cas ?

Nio a déjà rencontré quelques difficultés financières par le passé. Que se passerait-il pour les exemplaires avec location de batterie si, après son arrivée en Europe, le constructeur disparaissait ? La voiture serait-elle bloquée, comme Weineng Wuhan Battery Asset pourrait bien le décider puisque c’est techniquement possible à distance et que les loyers ne lui seraient pas versés directement ?

Des questions à ne pas négliger avant de signer pour une voiture électrique de la marque.

Quoi qu’il en soit, si Nio parvenait à imposer son standard de swap en Europe, avec une forte adhésion des grands constructeurs comme l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, les groupes Volkswagen, BMW, PSA, etc., le système pourrait très bien fonctionner. Avec un maillage satisfaisant en stations sur le territoire européen, la peur de la panne de batterie pourrait être quasiment éliminée.

En revanche, quel chantier pour que tous les modèles de voitures électriques soient compatibles ! Une utopie, sans doute, puisque la plupart disposent d’une batterie spécifique et qu’il en sera de même pour nombre des prochains modèles de VE ! A moins que, dans une dizaine d’année au moins…