Dans le cadre de son « paquet mobilité », la Commission européenne propose de réduire de 30 % les émissions de CO2 des voitures particulières et des utilitaires légers d’ici 2030.

Alors que l’Europe a déjà fixé un seuil d’émissions moyen à 95 g CO2/km à compter de 2021, la nouvelle proposition vise à établir l’étape suivante. Alors que l’Europe comptait imposer 35 % de réduction et les constructeurs 20 %, un consensus a été trouvé avec un objectif de réduction fixé à 15 % en 2025 et à 30 % en 2030 par rapport au niveau de 2021.

Pour la Commission Européenne, il s’agit d’éviter l’émission de 170 millions de tonnes de CO2 entre 2020 et 2030 tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Le développement des énergies alternatives et de modèles thermiques plus efficients pourrait ainsi permettre d’économiser 380 millions de tonnes de pétrole sur la période 2020-2040.

Pour les autorités européennes, ces nouveaux objectifs s’inscrivent dans le cadre du « paquet mobilité » qui regroupe plusieurs initiatives autour du transport dont une directive sur les véhicules propres et le financement des infrastructures pour les carburants alternatifs.

Un plan « trop ambitieux » pour les constructeurs

Du côté des constructeurs, les nouveaux objectifs européens est jugé trop ambitieux. Le premier palier 2025 est notamment pointé du doigt. « Fixer un objectif supplémentaire en 2025 – soit quelques années seulement après les objectifs de 2021 – ne laisse pas assez de temps pour apporter les modifications techniques et conceptuelles nécessaires aux véhicules, en particulier aux véhicules utilitaires légers compte tenu de leurs cycles de développement et de production plus longs » a averti l’ACEA dans un communiqué.

« Il est clair que les objectifs de CO2 peuvent stimuler l’innovation dans l’industrie automobile, mais la proposition actuelle est très agressive si l’on considère la pénétration faible et fragmentée du marché des véhicules alternatifs en Europe à ce jour », a ajouté le Secrétaire Général de l’ACEA.

Le WLTP comme nouvelle référence à compter de 2021

Alors que l’actuel cycle NEDC reste aujourd’hui la norme utilisée pour mesurer les émissions de CO2, le nouveau cycle WLTP, introduit le 1er septembre 2017, sera la nouvelle norme utilisée pour mesurer les objectifs d’émissions à compter de 2021.

Une transition qui inquiète la filière auto puisque ce nouveau cycle est beaucoup moins favorable que l’actuel NEDC. Si les différences sont à priori faibles sur la partie CO2, elles sont beaucoup plus importantes sur tous les autres polluants. Résultat : les constructeurs devront redoubler d’efforts s’ils souhaitent atteindre leurs objectifs, notamment vis-à-vis des normes Euro.

Des bonus pour les constructeurs les plus vertueux

Si l’Europe n’a pas souhaité mettre en place le principe de quotas obligatoire, elle prévoit la mise en place d’un système de bonification pour les constructeurs qui assurent plus de 15 % de leurs ventes avec des véhicules électriques ou à “faibles émissions” (moins de 50 g CO2/km) d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030.

A l’inverse, les constructeurs qui n’atteignent pas l’objectif seront pénalisés et devront s’acquitter d’une amende de 95 euros par véhicule et par gramme excédentaire. Selon une étude du cabinet MSCI relayée par Les Echos, seul Toyota, favorisé par son offre hybride, serait capable de tenir l’objectif 2021. Pour les autres constructeurs, les amendes s’étaleraient entre 145 millions et 4.7 milliards d’euros par an. De quoi motiver les plus réticents à accélérer leurs investissements dans les technologies alternatives.