Aston Martin RapidEDe tous les constructeurs historiques de sportives, Aston Martin semble le plus disposé à passer à l’électrique. Mais les moyens lui manquent. Pour le moment, pusique Lawrence Stroll a engagé des discussions avec Lucid et le fond souverain saoudien.

Tout le monde n’est pas Porsche. Ainsi, Ferrari, Lamborghini, ou autres McLaren envisagent l’électrique, mais comme une contrainte. De son côté, Aston Martin a été un des premiers constructeurs de “super sport” ou “super luxe” à sérieusement envisager des modèles électriques dans sa gamme.

D’abord avec la berline RapidE. Le projet développé avec Williams Advanced Engineering a finalement été abandonné en 2020. Par la suite, Aston Martin a confirmé une nouvelle gamme électrique pour 2026. Pour la marque britannique, avouons que les choses sont un peu plus aisées que pour ses rivaux, puisque son image n’est pas celle d’un motoriste. Elle ne repose pas fondamentalement sur le raffinement de ses mécaniques. Des mécaniques qui sont d’ailleurs actuellement fournies par un concurrent, c’est dire…

Mercedes, dans la continuité

Aston Martin semble donc plutôt volontaire en matière d’électrification et pourrait même tirer son épingle du jeu. Mais ses ressources technologiques sont limitées et sa situation financière reste critique. Pas moyen de concevoir seul. Un partenaire est absolument nécessaire.

Bien entendu, l’électrification avec Mercedes parait comme la suite naturelle de la fourniture des moteurs, transmissions et composants électronique. Jusqu’à présent, on imaginait aisément la future Aston Martin électrique comme une proche cousine de la future AMG GT électrique, sur la plateforme AMG.EA. Sauf que depuis l’entrée en scène du milliardaire canadien Lawrence Stroll, le partenariat noué voici quelques années est vécu comme une contrainte plus qu’une opportunité, malgré les liens qui unissent par ailleurs les deux marques en Formule 1. Ce qui renforce l’urgence, puisque les moteurs pour le moment envoyés d’Allemagne quitteront le catalogue d’ici à 2027, et que le partenaire Britishvolt choisi pour les batteries est en mauvaise posture…

L’ogre Geely en embuscade

Un autre partenaire s’est manifesté l’année dernière : Geely. Mais l’ambitieux constructeur chinois a peut-être manqué de tact en entrant directement au capital d’Aston Martin à l’automne dernier avec 7,6% des parts. S’approchant de la part détenue par Mercedes, dont il est par ailleurs actionnaire… Lawrence Stroll a augmenté sa participation en décembre, visiblement pour bloquer la montée du groupe chinois, qui ne semble donc pas en bonne position pour devenir le futur partenaire de référence. Pour Geely, Aston Martin représenterait une sorte de “cerise sur le gâteau” dans son édifice de multiples marques. D’autant que Li Shufu est un grand admirateur de la marque et que le prix à payer n’est pas si élevé, puisque Aston est valorisé “seulement” 1,39 milliard d’euros depuis son entrée en bourse manquée.

Aston Martin la tradition, Lucid le futur

La dernière piste est celle privilégiée par la direction actuelle : l’Arabie Saoudite et Lucid. D’un point de vue des produits, Aston Martin se positionnerait au-dessus de Lucid en termes de prix, sans grand risque de cannibalisation. Une Lagonda dérivée de la Lucid Air Sapphire aurait de l’allure et pourrait sans doute être affichée à plus de 300 000 €. Et cela donnerait à l’image de Lucid un certain ancrage dans l’univers du haut de gamme et du luxe.

En prime, les deux constructeurs partagent déjà un actionnaire de référence : le fonds souverain saoudien, qui détient 18,7% d’Aston Martin et 60,5% de Lucid. Sur le plan financier, un partenariat aurait du sens, à condition que les Saoudiens acceptent de mettre la main à la poche pour soutenir deux constructeurs dans une situation financière délicate. Gageons que la réponse sera positive si cela permet d’ajouter un joyau comme Aston Martin dans l’escarcelle.

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