AccueilArticlesXpeng : que promet la nouvelle plateforme SEPA 3.0 dopée à l'IA ?

Xpeng : que promet la nouvelle plateforme SEPA 3.0 dopée à l'IA ?

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Alors que la plateforme SEPA 2.0 de Xpeng figure parmi les plus abouties, la marque déploie la troisième génération pilotée par l’IA.

À l’instar de MG du groupe SAIC, Xpeng est l’une des rares marques chinoises à s’implanter correctement en Europe. Alors que les concessions commencent à ouvrir leurs portes dans l’Hexagone, la marque originaire de Canton, au sud de la Chine, commercialise chez nous deux SUV électriques. Si la gamme est mince, contrairement au catalogue proposé à domicile, ces deux voitures électriques figurent parmi les meilleures du segment. Leur secret ? Une plateforme dite SEPA, pour Smart Electric Platform Architecture. De deuxième génération, la base technique évolue vers une troisième génération. Jacky Gu, président du comité des technologies automobiles et directeur général du département motopropulseurs de Xpeng nous en a présenté les principales caractéristiques.

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Qu’est-ce que la plateforme SEPA 2.0 ?

Actuellement déployée au sein de la gamme, la plateforme SEPA 2.0 s’articule autour de plusieurs axes majeurs. Outre la base technique en aluminium dotée de cellules avant et arrière moulées d’un seul bloc (die-casting), la plateforme permet d’adopter la solution Cell-to-Body (CIB Battery Body ici), qui consiste à installer le pack batterie dans la structure. Complexe mais désormais répandue, cette solution permet d’améliorer le comportement dynamique en renforçant la rigidité de la structure et en abaissant le centre de gravité, tout en optimisant la place à bord.

Avec cette plateforme SEPA 2.0, la chaîne de traction repose sur une architecture dite 800 V, avec des composants dimensionnés pour accepter ce niveau de tension. On pense notamment aux onduleurs équipés de transistors au carbure de silicium (SiC) ou aux batteries LFP dites 4C. Ce facteur de charge, très représentatif des capacités de recharge d’un accumulateur, quantifie la vitesse de recharge rapide. Enfin, cette plateforme SEPA 2.0 se caractérise par la présence d’un système de gestion thermique X-HP 3.0 dit intelligent pour améliorer l’autonomie des voitures dans des conditions climatiques extrêmes. Enfin, la dernière pièce du puzzle concerne le système d’exploitation maison Xmart OS et le système de conduite semi-autonome XNGP disponible en Chine.

Une batterie 5C pour la SEPA 3.0 de Xpeng

Déjà lancée sur son marché domestique, la plateforme SEPA 3.0 pousse encore plus loin les potentiomètres et améliore sensiblement les différents volets de sa précédente itération. Côté technique, Xpeng annonce avoir revu la conception des châssis, promis comme plus légers et plus robustes avec une utilisation plus poussée du moulage Gigacasting. Le châssis peut aussi recevoir des équipements plus modernes à l’image de la suspension pneumatique adaptative ou des roues arrière directrices.

La chaîne de traction grimpe aussi d’un cran avec l’apparition de batteries dites 5C capables de réaliser un 10-80 % en 11 minutes et 29 secondes très exactement. Plus sûr en cas d’emballement thermique et blindé, le pack est censé résister au poids de 20 éléphants (2000 J) ou aux balles d’armes à feu. Des informations pas très représentatives. En revanche, on retient que les cellules LFP peuvent se recharger plus efficacement à froid avec une puissance supérieure de 25 %.

Voilà qui devrait limiter le temps d’attente puisque la marque chinoise indique une température cible de 55 °C pour atteindre le pic de puissance de recharge. Voilà qui paraît surprenant : nos mesures ont prouvé que le Xpeng G6 (SEPA 2.0) peut viser la meilleure puissance de recharge du marché sans surchauffer ses cellules. À contrario, les BMS de Tesla privilégient des températures beaucoup plus élevées que la moyenne pour effectuer un ravitaillement. On aura l’occasion de mener les tests. En attendant, Xpeng promet aussi une dégradation inférieure à 10 % après 7 ans d’utilisation.

Un onduleur HySiC inédit

Au bout de cette chaîne de traction se trouve une nouvelle machine électrique synchrone à aimants permanents baptisée HySiC Coaxial. Plus compact de 30 % et plus légère de 10 % que la génération sortante, ce bloc fonctionne jusqu’à une tension de 850 V et est capable de délivrer un maximum de 270 kW (367 ch) pour 465 Nm de couple (4 800 Nm de couple réel). Parmi la pluie de chiffres annoncés, on retient une réduction de 17 % des pertes et une amélioration de l’efficience (de l’ordre de 13 km selon Xpeng, ce qui ne veut rien dire) grâce au refroidissement à huile du réducteur.

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Xpeng indique un rendement de 93,5 % et un ratio de 3,2 kW/kg comme l’un des meilleurs du marché. C’est évidement mieux que les 2,14 kW/kg de la machine APP550 d’une Volkswagen ID.7, mais ça serait vite oublier le bloc développée par Lucid Motors, d’un ratio de 6,8 kW/kg. La mécanique Xpeng est coiffée d’un onduleur doté de la technologie HySiC. Comme son nom l’indique, ou presque, elle marie des transistors au silicium standard à des pièces de pointe au carbure de silicium. D’après Jacky Gu, à qui nous avons demandé des explications, cela permet de profiter de tous les avantages du SiC selon les phases (réduction des pertes par conversion, puissance et couple plus importants…) tout en réduisant la fragilité et, surtout, les coûts d’une solution au carbure de silicium. A moins que nous ayons raté un détail technique, nous peinons à comprendre l’intérêt technique : s’il n’y a pas de perte d’efficacité, comme promis, malgré les économies, nous n’avons pas connaissance d’autres applications automobiles de cette technologie hybride à ce jour.

Une plateforme multi-énergie Kunpeng

Pour mettre en lumière les performances de sa plateforme électrique, une Xpeng P7, la première 100 % électrique de cette génération, a pu parcourir 3 961 km en 24 heures. La grande berline à vocation sportive a alors devancé la Mercedes CLA et ses 3 715 km en une journée complète. La différence est faible, mais le record est là.

Non contente de figurer dans le haut du panier en matière de technologies électromécaniques, cette plateforme SEPA 3.0 a aussi été pensée pour recevoir un prolongateur d’autonomie thermique. Voilà qui peut paraître surprenant pour un constructeur qui a fait des technologies électriques son cheval de bataille. C’est le Xpeng X9 PowerX qui inaugure cette nouvelle motorisation, notamment dotée d’un 1,5 l turbo essence à cycle Miller. Si nous ne connaissons toujours pas l’origine de ce bloc (base existante ou développement Xpeng), il affiche néanmoins un rendement record de 43 %. Soit un niveau supérieur aux pourtant réputés blocs Toyota (41 % pour les meilleures de la famille Dynamic Force) ou au nouveau bloc Nissan doté de la techno’ STARC (42 %).

Ce moteur est dit « amélioré par l’intelligence artificielle ». Si la marque n’a pas développé ce qui se cache derrière cette technologie, des puces électroniques semblent piloter les interventions du bloc thermique selon les situations. Ainsi, en fonction des conditions météo, du profil de la route ou de l’état de charge de la batterie, le moteur à essence entre ou non en action proactivement. Cette gestion automatique et « ultra intelligente » de ceux qui ne sont finalement que des modes de conduite (eSave, EV, Hybrid, …) permettrait de réduire la consommation de 10 %.

Nommée Kunpeng, cette motorisation conserve toutefois toutes les avancées électriques précédemment détaillées. On y retrouve donc de robustes batteries 5C à grande capacité qui peuvent faire le plein à 80 % en moins de 12 minutes. La machine électrique HySiC permet au van d’atteindre une autonomie 100 % électrique de 452 km. Quand le générateur se met en route, le rayon d’action total grimpe à 1 602 km, toujours selon le favorable cycle CLTC. Le Xpeng X9 100 % électrique, capable d’une autonomie de 740 km selon la même norme et capable de malmener aussi bien les bornes de recharge, avait-il besoin de ce générateur ? Faites-le nous savoir en commentaire.

De l’intelligence artificielle à profusion

Si cette présentation est finalement très « boulon-rondelle », ou presque, l’essentiel de l’évolution de cette plateforme SEPA 3.0 est avant tout logiciel. Elle a notamment été pensée pour recevoir toute une série de puces électroniques pour pouvoir être pilotée par l’intelligence artificielle, qui s’invite à tous les niveaux : gestion du générateur thermique, contrôle de l’état de santé de la batterie, conduite semi-autonome… Xpeng mise à fond sur cette technologie.

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Au centre de ce système se trouve la nouvelle puce baptisée Turing AI, capable d’atteindre 750 TOPS (finition Max). Cette unité mesure la puissance d’une puce IA et est exprimée en nombre d’opérations par seconde (Tera Operations Per Second). Nos confrères de la presse high-tech savent expliquer plus en profondeur ces performances. D’après nos recherches, la puce Turing apparaît comme la plus performante en matière d’applications automobiles récentes. Surtout, à l’instar de la nouvelle machine électrique qui peut être doublée, Xpeng peut installer jusqu’à trois puces (finition Ultra), pour un total de 2 250 TOPS. Le prochain Robotaxi entièrement autonome disposera de quatre puces pour un total de 3 000 TOPS.

XPENG G7 AR-HUD

Issue de toutes les recherches en matière d’objets autonomes, comme les robots ou les engins volants, cette puce est adaptée au dispositif VLA 2.0 qui pilote le système de conduite autonome XNGP. Repensé, ce système d’intelligence artificielle (pour Vision-Language-Action) emprunte un chemin plus direct dans la traduction et l’interprétation des informations enregistrées par les caméras et radars. Une comparaison, non indépendante, montre que le système Xpeng VLA 2.0 nécessite moins d’interventions humaines (une contre sept) que le système Tesla FSD sur un parcours urbain complexe.

La plateforme SEPA 3.0 bientôt en Europe

Avec la plateforme SEPA 3.0, Xpeng accélère encore sur la route qui mène vers le futur. Si le prolongateur d’autonomie prévu avec cette nouvelle base technique n’est pas vraiment digne de la voiture de demain, la marque chinoise pousse encore un peu plus les potentiomètres en matière d’électrification. Certes, les gains sont mesurés et laissent encore hors de portée la Super e-Platform de BYD, qui fonctionne sous une tension 1 000 V. Mais contrairement à ce géant chinois, les performances des batteries Xpeng sont déjà vérifiables dans le monde réel, même sur les bornes de nos aires d’autoroute. Surtout, le constructeur de Canton montre que les technologies mécaniques devront s’associer à l’intelligence artificielle pour gagner en performance.

Voici pourquoi Xpeng fait de cette technologie une pièce centrale de sa plateforme SEPA 3.0, mais aussi son nouveau fond de commerce : la marque a annoncé lors de l’IA Days que Volkswagen sera son premier client à utiliser la plateforme technologique, et plus précisément les puces Turing et le système VLA 2.0. Outre le tout nouveau Volkswagen ID. Unyx 08, nous avons repéré une mystérieuse berline « allemande » qui devrait elle aussi récupérer la plateforme SEPA 3.0.

De son côté, Xpeng a déjà commencé à déployer sa nouvelle plateforme technique avec les X9 PowerX à prolongateur d’autonomie et l’impressionnante P7. L’arrivée de la SEPA 3.0 en Europe est imminente. Reste à savoir quels seront les vrais bénéfices d’une telle avancée technologique pour les conducteurs, notamment sur le Vieux Continent où la législation risque de brider les performances des puces savantes.

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