Volvo Trucks : « Avec l’électrique, on a un vrai changement de business »

Alors que les camions électriques occupent une place croissante dans les stratégies industrielles, Volvo Trucks assume pleinement sa bascule. Disposant de l’une des gammes les plus complètes du marché, le constructeur suédois multiplie les déploiements et adapte ses solutions de financement pour répondre aux besoins des transporteurs.

« C’est vraiment le tout début de l’aventure »

« Aujourd’hui, on a l’offre constructeur la plus large du marché. On a même plus d’offres en électrique qu’en diesel », souligne Jérôme Flassayer, Directeur Électromobilité et Énergies Alternatives chez Volvo Trucks.

Le constructeur propose désormais sept modèles 100 % électriques, produits sur les mêmes chaînes que leurs équivalents thermiques. « On a le FL, le FE, le FM, le FMX, le FH et le FM Low Entry, qui est exclusivement électrique » liste le représentant de Volvo Trucks.

« Notre gamme actuelle est capable de faire entre 300 à environ 450 kilomètres en fonction du nombre de packs de batteries et d’utilisation », explique-t-il. Le constructeur a aussi annoncé un nouveau tracteur routier – le FH Aero Electric – capable d’atteindre 600 kilomètres d’autonomie avec une seule recharge.

Malgré cette offensive, l’électrique ne représente encore qu’une part marginale des ventes du constructeur. « On est un peu en dessous de 2 %… C’est vraiment le tout début de l’aventure » reconnait notre interlocuteur. Néanmoins, la dynamique est bien présente. Récemment, Volvo Trucks a franchi le cap des 5 000 camions électriques livrés à travers le monde.

Des usages qui s’élargissent

Initialement conçus pour la distribution urbaine et régionale, les camions électriques s’aventurent désormais sur de plus longues distances. « Certains de nos clients arrivent aujourd’hui à faire 800 kilomètres par jour » chiffre Jérôme Flassayer. Une performance rendue possible par le déploiement de corridors dédiés à la recharge des poids lourds électriques.

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« L’axe Marseille-Lille est aujourd’hui réaliste », assure-t-il, même si les modèles actuels « ne permettent pas encore les 4h30 de roulage consécutif ». La future version longue distance, qui embarque huit packs de batteries, soit 780 kWh, devrait répondre à ces contraintes. « On veut que nos clients puissent aller loin… d’où l’intérêt d’ajouter de la capacité supplémentaire. »

Un accompagnement complet des transporteurs

Au-delà de sa gamme de poids lourds électriques, Volvo Trucks propose un package complet de services : supervision via « Volvo Connect », financement, assurance, mais aussi une formation des chauffeurs. « Bien utiliser l’outil, c’est aller plus loin. La beauté de l’électrique, c’est de pouvoir réutiliser l’énergie cinétique et la restocker dans les batteries. Il faut donc savoir utiliser ces camions correctement », insiste-t-il.

L’infrastructure de recharge est un autre point-clé. Volvo s’appuie sur cinq partenaires référencés pour installer des bornes au dépôt des transporteurs ou chez les clients finaux. Et, pour l’itinérance, la marque lance « Volvo Open Charge », sa propre carte d’accès aux réseaux publics : « Nous sommes en discussion active avec l’ensemble des opérateurs »

La location batterie pour faciliter l’investissement

Pour Volvo Trucks, le développement du camion électrique passe également par la mise en place de nouveaux modèles économiques. Ainsi avec une nouvelle offre de location qui sépare la batterie du reste des véhicules. « Aujourd’hui, on est les seuls à proposer une offre où le client peut financer le camion d’un côté, et louer la batterie de l’autre ». Point intéressant : cette location batterie n’est pas forfaitisée mais basée sur l’usage réel, en l’occurrence les kWh consommés.

Vis-à-vis des professionnels, cette formule permet de passer à l’électrique avec un impact minime sur leur capacité d’investissement. « En achat intégral, une entreprise qui a une capacité d’achat de 10 camions en diesel ne pourra acheter que trois camions électriques. Notre solution locative permet de lever ce frein » nous explique Jérôme Flassayer. « Avec l’électrique, on a un vrai changement de business. Avant, beaucoup de nos clients achetaient leurs camions. Aujourd’hui, avec l’électrique, ils vont plutôt passer sur des systèmes de location ».

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Autre cheval de bataille : celui du TCO. « Avec la mise en place des CEE et la stabilité du prix de l’énergie, il devient de plus en plus favorable pour nos clients » souligne le représentant de Volvo Trucks. Pour autant, les transporteurs ne doivent pas être seuls à supporter l’investissement. « Sur cette décarbonation qui a un surcoût, il faut que les chargeurs et donneurs d’ordre exigent ce type de véhicules dans leurs appels d’offres et soient également prêts à contribuer. C’est la raison pour laquelle les transporteurs s’engagent aujourd’hui. Dans une moindre mesure, ce surcoût du transport devra aussi impacter le consommateur. Cette transformation, c’est vraiment une affaire de société ! »

L’électrique, mais sans dogmatisme

Si l’électrique occupe désormais une place centrale dans la gamme de Volvo Trucks, le constructeur ne tombe pas dans la solution unique. « Le gaz, le HVO, le B100, l’hydrogène… Ce sont autant de briques qu’on continue à développer ». Le constructeur va même jusqu’à défendre une approche différenciée selon les territoires. « Ce qui fait sens en France ne l’est pas forcément en Pologne ou en Espagne. Le mix énergétique va rester pendant longtemps. Il faut que chacun puisse choisir la solution adaptée à ses flux, à sa fiscalité locale, et à son infrastructure ».