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Ouvert depuis septembre dernier, Felix exploite le maxi-scooter BMW C Evolution avec la ferme intention de démocratiser les services de motos taxis. L’un de ses fondateurs, Thibaut Guérin, a immédiatement accepté de répondre à notre sollicitation d’interview.
L’histoire de Felix est toute récente, démarrée au début de l’année 2016 sous l’impulsion d’un ingénieur Télécom et de 3 anciens camarades d’une école de commerce. Parmi ces derniers, notre interlocuteur Thibaut Guérin, chargé de communication au service de la jeune entreprise.
Officiellement créée en mai dernier, la startup n’est en activité que depuis septembre. Et ça marche ! De 2 chauffeurs à l’ouverture, Felix s’appuie désormais sur 4 de plus et une flotte de 6 scooters électriques pour répondre à un volume croissant de demandes qui culmine, en pic, jusqu’à 200 prises en charge par semaine.
Si les dirigeants de Felix espéraient rencontrer le succès avec leur concept, ils redoutaient l’arrivée des mauvais jours sur Paris. Finalement, la progression de l’activité n’a pas faibli, résultat sans doute d’un équipement efficace contre la pluie et le froid prêté aux clients. « Nous observons une corrélation entre les pics des demandes de prise en charge et des problèmes rencontrés sur l’une ou l’autre des lignes de transport en commun », témoigne Thibaut Guérin.
Mais l’idée de lancer un service comme Felix vient de bien plus loin que Paris. Thibaut Guérin et un autre fondateur de Felix en ont eu l’idée lors d’un voyage au Cambodge, et en particulier à Phnom Penh où ils ont séjourné 1 mois. « Nous nous déplacions exclusivement en motos taxis pour éviter les embouteillages délirants de Phnom Penh. A notre retour, nous avons constaté qu’aucune offre similaire, abordable et pratique, n’existait en France. Pourtant, les statistiques sont formelles : la vitesse à quatre roues dans Paris diminue chaque année pour atteindre 11 km/h de moyenne en 2015 ! », explique Felix Laffont, co-fondateur, dans un dossier de presse qui présente l’entreprise. « Au Cambodge, on appelle moto-dop les motos taxis », commente Thibaut Guérin.
« En revenant dans l’Hexagone, nous nous sommes plongés dans la réglementation, avons observé ce qui existait qui pouvait se rapprocher du concept », poursuit notre interviewé. Le résultat ? « Il existe bien des services de motos taxis en France, comme Citybird ou Motocab à Paris, qui fonctionnent très bien depuis des années pour transporter des passagers, souvent des cadres et patrons, jusqu’aux aéroports, sur des engins du type Honda Goldwing », révèle-t-il.
« Mais les tarifs de leurs courses ne sont pas accessibles à la plupart des usagers potentiels : on a voulu démocratiser le principe, et même aller plus loin en l’adaptant à des deux-roues électriques », détaille-t-il. En quelque sorte, la jeune startup a appliqué à la moto taxi et à la mobilité électrique le principe des VTC.
Felix ! Pourquoi ce nom ? « Nous voulions un prénom, pour créer un sentiment de proximité avec notre service, de nature à le distinguer dans l’univers des transports », répond aussitôt Thibaut Guérin. Il enchaîne : « Ce nom évoque aussi les notions de ‘fiabilité’ et de ‘flexibilité’ ; ‘Felix’, en latin signifie ‘heureux’ ou ’bonheur’ ». Une appellation simple, facile à retenir, qui a des résonances dans d’autres langues comme l’italien et l’espagnol : un choix plutôt judicieux !
La sélection du modèle a été vite réalisée ! « Il nous fallait un deux-roues fiable, sûr, confortable, éprouvé, propre à l’usage et disponible : le maxi-scooter C Evolution de BMW Motorrad s’est imposé », explique Thibaut Guérin.
« Dès février 2016 nous avons contacté le constructeur qui nous a fait une offre très avantageuse pour expérimenter notre service jusqu’en mars 2017 avec ses productions : en août, les premiers scooters étaient livrés chez Felix », se rappelle-t-il. BMW Motorrad fournit également l’équipement haut de gamme qui va être prêté aux passagers embarqués. Il se compose d’un casque disponible en 2 tailles, d’une paire de gants, d’un tablier molletonné qui protège le bas du corps, et d’un blouson qui préserve à la fois du froid et de la pluie. Un kit d’hygiène complète cette parure, dans lequel se trouve une charlotte jetable, un rince-doigts à utiliser juste après avoir retiré les gants, et un bonbon « pour créer de la proximité ».
« Chacun de nos scooters est équipé d’un top case d’une capacité de 50 litres : un accessoire qui n’est pas fourni de série par BMW Motorrad », confie Thibaut Guérin. «
Avec le constructeur, nous travaillons à la réalisation d’une valise cabine qui sera ajoutée sur le côté droit du scooter afin de doubler le volume utile à disposition des passagers », complète-t-il. Un peu généreux pour embarquer un ordinateur portable et une mallette !? « Non, car certains de nos clients partent aussi pour des déplacements de plusieurs jours, nécessitant de prendre en charge un sac de voyage ou une valise », rapporte notre interviewé. « Ceux-là se rendent le plus souvent aux gares de Lyon et du Nord », témoigne-t-il.
On a une bande de jeunes associés, le nom du service, les véhicules, l’équipement… Que manque-t-il ? Les chauffeurs !
« Ce sont des professionnels, anciens chauffeurs de taxis, à moto ou en voiture, de VTC », précise Thibaut Guérin. Le recrutement a été effectué de façon très rigoureuse. Pour répondre aux exigences légales pour « le transport de personnes à titre onéreux » à moto, il faut avoir une solide expérience des deux-roues, disposer du permis moto depuis plus de 5 ans, et avoir déjà pratiqué professionnellement le transport de personnes (ambulancier, taxi, etc.). Ravis du comportement des maxi-scooters C Evolution, 6 chauffeurs indépendants ont ainsi rejoint Felix.
« De fréquents retours sur le fonctionnement des engins sont transmis à BMW Motorrad, prêt à intervenir en cas de besoin », souligne notre interviewé, qui ajoute que « à ce jour, le constructeur n’a pas eu à opérer une seule fois ».
Chez Felix, le prix de la course ne dépend que du nombre de kilomètres à parcourir. « Facturer également au temps se justifie surtout pour une voiture qui peut rester bloquée ou être fréquemment ralentie dans la circulation parisienne », plaide Thibaut Guérin. Le prix du kilomètre est fixé à 3 euros. « La course moyenne s’établit à 6 kilomètres, soit 18 euros au total », chiffre-t-il.
Dans son communiqué de presse, la startup donne en exemple : « Désormais, un trajet Madeleine-Bastille, qui coûte environ 40 euros en moto taxi classique, est facturé 14 euros par Felix ».
L’offre de Felix se décline en prises en charge différées ou quasi instantanées. Grâce à une application mobile développée en interne, les futurs passagers peuvent réserver leur course 1 heure, 1 semaine ou 1 mois à l’avance. « Nous souhaitons aussi développer la commande instantanées avec prise en charge dans les 5 à 10 minutes », indique Thibaut Guérin.
« Pour être efficace, il est nécessaire que nos chauffeurs soient à proximité du client ; avec nos 6 professionnels actuels, nous proposons déjà ce service sur le quart de la Capitale », se réjouit-il, avant de tirer rapidement les frontières de la zone couverte : « Du 8e arrondissement jusqu’au parc Monceau dans le 17e, le 2e, rive gauche avec le 7e, et on remonte jusqu’à la place de l’Etoile ». Fin 2017, tout Paris devrait pouvoir bénéficier du service, puisque l’objectif de développement de Felix prévoit à cette échéance une flotte de 50 scooters dans les mains d’autant de pilotes.
Aujourd’hui, Felix ne cherche pas à promouvoir les dessertes vers les aéroports, tout en répondant tout de même aux demandes que les dirigeants font sous-traiter à des entreprises de motos taxis thermiques.
Dans ces conditions, « les forfaits pour les aéroports d’Orly et de Roissy s’élèvent respectivement à 55 et 65 euros », chiffre Thibaut Guérin. « En février arrive le BMW C Evolution à 200 kilomètres d’autonomie, soit le double de celle du modèle actuel ; nous pourrons alors assurer nous-mêmes les prises en charge vers ces destinations très demandées et une bonne partie de l’Ile-de-France », espère notre interlocuteur qui compte déjà dans sa clientèle quelques noms du cinéma, de la musique et du journalisme.
L’arrivée des nouvelles versions du C Evolution facilite la collaboration sur le long terme entre Felix et BMW Motorrad. « Nos chauffeurs étant indépendants, nous ne pouvons pas leur imposer un modèle précis de deux-roues électrique, mais ils bénéficient des accords avantageux qui nous sont et seraient proposés », expose Thibaut Guérin.
« Avec l’actuelle phase d’expérimentation qui se termine en mars 2017, nous réfléchissons à la formule qui conviendrait le mieux pour continuer à disposer des maxi-scooters du constructeur allemand », prévoit-il.
« Nous sommes en pleine phase d’acquisition d’utilisateurs de notre service », rappelle le cofondateur chargé de communication.
« Nous n’avons pas de gros moyens pour en développer le volume, et c’est surtout le bouche-à-oreille qui fonctionne le mieux, parfois aidé par nos propositions de parrainage contre des crédits de 5 ou 10 euros », illustre-t-il. « Il y a quelques jours, nous avons fait l’objet d’articles dans les magazines Auto Moto, Elle, et dans l’émission Télématin sur France 2 », se réjouit Thibaut Guérin. Felix démarche également des entreprises pour les besoins en déplacements de leurs collaborateurs.
« Nous sommes en phase d’expérimentation pour 5 sociétés, dont une agence de communication, un cabinet d’avocats et un fonds d’investissement », reconnaît-il, précisant que les principaux usagers sont des personnes à responsabilités qui se rendent le plus souvent à des rendez-vous.
Si Felix met un point d’honneur à développer en interne tout ce qui gravite autour du service, et en particulier l’application mobile de mise en relation des passagers avec les chauffeurs, la jeune startup réfléchit aussi à repousser toujours plus loin les murs de son service.
« Nous réfléchissons à une possible implantation en province et établissons actuellement la liste des villes dans lesquelles il serait judicieux d’installer Felix », dévoile Thibaut Guérin, citant, en exemples, Marseille et Toulouse. « Nous regardons également à l’étranger, et pensons à Londres où le centre ne sera bientôt plus accessible qu’aux véhicules électriques, acquis avec l’aide de subventions », poursuit-il. Bruxelles en Belgique, l’Espagne et l’Italie sont aussi envisagées.
Automobile Propre et moi-même remercions vivement Thibaut Guérin pour sa réactivité et le temps qu’il a consacré à répondre à nos questions.
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