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Prise en main : Denza Z9 GT, peut-elle rivaliser avec la Porsche Panamera E-Hybrid ?

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Denza, la marque premium de BYD, arrivera en Europe avec la Z9 GT. Nous avons eu pu en prendre le volant sur ses terres natales.

Anonyme fabricant de batteries pour des appareils mobiles à la fin des années 90, BYD est devenu un gigantesque géant dans le secteur automobile. Toujours plus ambitieuse, la marque caracole en tête des ventes, avec un volume total d’un peu plus de 4,2 millions de véhicules écoulés l’année dernière, dont près de 1,8 million de voitures électriques et près de 2,5 millions d’hybrides rechargeables.

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C’est surtout sur ses terres natales que BYD enregistre la majorité des ventes, où le fabricant s’est développé comme un grand groupe automobile avec plusieurs marques. A la marque mère BYD, qui produit davantage de voitures pragmatiques et accessibles, l’ogre chinois compte dans ses rangs Denza, Yangwang et Fang Chen Bao. Orientée premium façon Audi ou Porsche, pour reprendre la hiérarchie d’un autre groupe multimarques, Denza sera la première à poser ses valises sur le Vieux Continent avec la Z9 GT. Après une présentation en Italie, nous avons eu l’occasion de la conduire brièvement en Chine.

Un habitacle tiré à quatre épingles

Facilement comparable aux Porsche Taycan Sport Turismo et Panamera du même nom grâce à son exotique silhouette de break de chasse, la Denza Z9 GT est beaucoup plus imposante qu’elle n’y paraît. D’une longueur de 5,20 m pour un peu plus de 2,0 m de large avec ses rétros caméra (indisponibles sur nos modèles d’essai), elle occupe autant de place au sol qu’une Mercedes EQS ! Mais malgré ses mensurations XXL, la Z9 GT n’offre pas un coffre gigantesque, qui émarge à un tout petit peu moins de 490 l. C’est peu pour une voiture long courrier. Mais les versions qui arriveront chez nous devraient être plus pratiques, puisqu’elles seront débarrassées de la disgracieuse proéminence du réfrigérateur dit « intelligent » (fonction froid ou chaud selon les besoins). La marque installera finalement une traditionnelle trappe à ski et une banquette intégralement rabattable.

D’autres retouches de ce type devraient suivre dans l’habitacle, mais l’ambiance tirée à quatre épingles devrait subsister. À ce titre, il ne s’agit pas ici de poussière de fée pour faire illusion, comme ce fut le cas avec certaines voitures chinoises contemporaines. Denza se donne les moyens de ses ambitions avec un traitement très sérieux de l’intérieur, surpassant par endroit ce que peuvent proposer les premium Allemand ! Comme c’est désormais une habitude dans le segment, l’habitacle est recouvert d’écrans. À l’avant, on retrouve une grande dalle tactile centrale de 17,3 pouces qui donne accès à toutes les fonctions de la voiture. D’un côté se trouve l’instrumentation de 13,2 pouces et de l’autre un autre écran d’infodivertissement pour le passager. Sur les contre-portes sont projetées les images des caméras, alors que le rétroviseur central peut aussi diffuser une image. Enfin, les passagers arrière disposent d’une dalle pour gérer leur confort, déjà impeccable grâce à la moelleuse banquette et au rayon aux genoux impressionnant.

Une version hybride rechargeable pour commencer

Pour cette première prise en main sous bonne garde, nous avons pris le volant de la version hybride rechargeable de la Z9 GT, la déclinaison 100 % électrique n’étant pas encore prête. On retrouve ici sous le capot un 2,0 l turbo à cycle Miller, d’une puissance totale de 207 ch/315 Nm. Si ce 4-cylindres affiche un rendement thermodynamique record de 46 %, il semble bien roturier pour une auto qui vise la Porsche Panamera Turbo e-Hybrid et son V8 4,0 l biturbo de 519 ch. En revanche, la Denza Z9 GT pousse les potentiomètres avec sa chaîne de traction électrique. Au menu : une batterie LFP intégrée au châssis (CTB) de 38,5 kWh, qui alimente trois machines électriques. Celle installée à l’avant promet un total de 272 ch/315 Nm. Chaque bloc arrière grimpe à 299 ch/360 Nm. En combiné, le système produit un maximum de 870 ch pour 1 035 Nm de couple !

Comment fonctionne le tandem hybride de la Denza Z9 GT

Si les composants sont plus nombreux et plus sophistiqués, le système reprend le principe de fonctionnement du système DM-i de BYD, déjà présenté dans les moindres détails par mon confrère Andy David. Le tandem cumule les modes de fonctionnement. En mode EV, une ou toutes les machines électriques sont utilisées pour faire avancer la voiture. En mode hybride, deux scénarios se distinguent. Si la demande en puissance est faible, le schéma hybride-série est adopté, où le moteur thermique fait office de générateur pour alimenter en direct les machines électriques. Lors des accélérations, le mode hybride-parallèle s’active, où les moteurs électriques et thermique font tourner les roues.

Enfin, selon les situations, seul le moteur thermique peut se connecter aux roues via une transmission à rapport fixe unique. En général, ces deux derniers modes interviennent au-delà de 100 km/h. Sur le papier, la ressemblance avec le système Honda i-MMD est troublante (le récent e:HEV ne dispose plus de mode hybride-parallèle). Mais contrairement à ce dernier ou d’autres dispositifs hybrides japonais, le DM-i ne propose pas de Linear Tune ou de coupures pour simuler des rapports de boîte que la voiture n’a pas. Voilà qui peut perturber dans cette voiture à vocation Grand Tourisme.

Difficile de s’assurer du véritable niveau de performance lors de notre prise en main sur de très petites routes de montagne, fermées pour l’occasion. Lors de notre session, la batterie affichait moins de 20 % de charge, rendant alors indisponible la fonction Sport+. Quand toute la cavalerie est disponible, la Denza Z9 GT annonce un 0-100 km/h en 3,6 s. Très correct et cohérent avec son rapport poids/puissance qui devrait graviter autour de 3,4 kg/ch. Si nous n’avons pas pu disposer de toute l’écurie, ni même chiffrer la puissance restante au moment de notre essai, la vigueur semblait toutefois au rendez-vous.

Cependant, les accélérations ne se faisaient pas sans réveiller le moteur thermique, lointainement audible depuis le cocon très bien insonorisé. Mais on exigerait davantage de distance afin de ne pas entendre ses vocalises. Surtout que le moteur fonctionne ici sur une plage de régime optimale, et peut diffuser un niveau sonore décoléré de la pression sur l’accélérateur. Bref, rien qui ne ravira ni les fondus de grosses mécaniques, ni les amateurs de quiétude. D’ailleurs, ces derniers, préfèreront sans nul doute activer le mode EV et son autonomie considérable.

Selon le favorable cycle CLTC, la Z9 GT peut viser un rayon d’action de 201 km. Il ne devrait en rester que près de 170 km selon le cycle WLTP, puis moins de 150 km dans le monde réel. C’est déjà plus que suffisant, tout comme la puissance de recharge rapide de 82 kW (30-80 % en 19 min). Mais il faudra attendre son arrivée chez nous pour faire le point complet, notamment en matière de consommation. D’ailleurs, la Z9 GT est créditée d’un appétit de 5,6 l/100 km, donné ici selon le cycle NEDC. Pour mettre en perspective, un BYD Seal U DM-i annonce 3,9 l/100 km en Chine selon le même protocole, mais 4,95 l/100 km selon la norme WLTC. La Denza Z9 GT PHEv devrait donc graviter autour des 7,0 l/100 km. Hors facteur d’utilité, une Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid est créditée de 10,8 l/100 km.

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Un châssis aux standards chinois

En revanche, cette prise en main nous a permis de mettre en lumière l’agilité assez surprenante de cette grande berline sur ce terrain exigeant. Et ce, grâce à sa plateforme e3, qui s’accompagne aussi de roues arrière indépendantes et directrices. Si les ingénieurs ne nous ont pas indiqué la valeur d’empattement virtuelle que ce système peut atteindre, la gestion indépendante du couple et l’angle de braquage arrière maximal de 15° (c’est le cas à basse vitesse, avec un rayon de braquage de 4,62 m), la voiture virevolte comme une compacte.

L’efficacité est telle que cela peut en devenir un peu perturbant sur un terrain inconnu et avec un temps de découverte très serré. Aussi, il est regrettable que ce châssis sophistiqué ne soit pas plus communicatif. La direction, très légère, ne remonte aucun niveau d’information sur ce qu’il se passe au niveau du train avant. Le freinage, dont il faudra jauger plus tard les performances pour canaliser les près de 3 000 kg de la voiture, n’a pas aussi mis en confiance avec une pédale au toucher perturbant. Enfin, la suspension pneumatique élaborée s’est montrée bien trop souple, avec une détente qui mériterait un peu plus de rigueur. Des réglages typiques pour le marché chinois, mais qui gagneraient à être revus pour l’Europe.

Sur le bitume absolument parfait de cette route reculée, qui semblait avoir été refaite spécialement pour l’occasion, le confort s’est montré de haut niveau malgré le rythme adopté. En revanche, lors d’un test de conduite autonome en ville et installés sur la banquette arrière, nous avons décelé davantage de trépidations à basse vitesse. Bref, le chapitre dynamique et confort de la Denza Z9 GT est d’un très bon niveau, mais elle n’atteint pas le talent des Porsche visées, qui ont encore une longueur d’avance.

Des roues qui braquent dans tous les sens !

La Denza Z9 GT ne sera pas la voiture la plus facile à mettre en crabe dans les virages. En revanche, elle sera certainement la seule à le faire en ligne droite grâce aux innombrables fonctions de sa plateforme e3. Car à l’instar d’un Hummer EV SUV ou, pour les nostalgiques, du Citroën Activa Concept de 1988, le break peut faire braquer ses roues dans le même sens que les roues avant (jusqu’à 15°) pour pouvoir évoluer comme un crabe. Aussi, grâce à la distribution indépendante du couple à l’arrière, la voiture peut effectuer des tours sur elle-même avec une des roues avant faisant office de pivot. Enfin, cette fonctionnalité peut aussi être utilisée pour se garer dans les rues étroites. Une fois le museau planté dans la place de stationnement, les roues arrière braquent et tournent dans le sens opposé pour faire glisser la poupe dans la place, avec une douce odeur de gomme brûlée pour signer la fin de l’opération.

Le fabricant chinois affirme que ces fonctions seront appelées à être utilisées au quotidien, dans un monde urbain qui devient beaucoup trop petit pour ces mastodontes. Si Denza aurait tort de ne pas profiter des libertés permises par la technologie (un peu comme la fonction tank-turn du Mercedes G580 EQ), on peine à trouver un réel bénéfice dans la vie de tous les jours. Aucune situation ne permet d’utiliser le mode crabe, le demi-tour d’une lenteur soporifique pourrait rapidement paralyser une rue et le parking automatique est beaucoup plus chronophage que si le conducteur décidait lui-même de faire un créneau.

Une image et un réseau à construire

Si certains volets mériteraient d’être revus avant une arrivée en Europe, la Denza Z9 GT démontre la volonté du Groupe BYD d’asseoir davantage sa position. Joliment dessinée, absolument impeccable à l’intérieur, équipée des dernières trouvailles technologiques et surpuissante, le break de chasse se donne les moyens de réussir. Et il y en aura pour tous les besoins, avec une version hybride rechargeable et une autre 100 % électrique, promise avec un maximum de 965 ch ! Mais le modèle risque bien de se retrouver le coffre entre deux chaises.

D’une part, au regard de sa configuration technique et de ses réglages, la Denza Z9 GT PHEV aura très certainement toutes les peines du monde à aller faire du charme aux clients Audi, Porsche et consorts. On se souviendra de l’insuccès de la Mercedes-AMG C63 S, qui va même se resoudre à troquer son 4-cylindres 2,0 l PHEV pour un 6-cylindres. Surtout, la voiture manquera immanquablement d’image chez nous, où le blason et les prix associés participent nettement à l’acte d’achat à ce niveau de gamme. Non pas que la Denza Z9 GT risque d’être « pas assez chère, mon fils », mais elle ne serait pas un aussi bon vecteur de réussite sociale que les concurrentes européennes. Le Groupe BYD en est conscient, aussi bien pour Denza que pour Yangwang, mais attire l’attention sur le fait que l’électrification apporte des technologies que ne proposent pas les marques historiques.

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D’autre part, elle pourrait être un peu trop premium pour des conducteurs en manque d’exotisme, des geeks, ou des habitués de BYD souhaitant monter en gamme. Car, même si un prix modeste pourrait participer à son succès, ses mensurations, son poids et sa puissance mirifique pourraient difficilement être vivables au quotidien. Bref, la mission de la Denza Z9 GT ne s’annonce pas simple pour conquérir l’Europe. Reste à connaître les tarifs demandés.

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