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Si la plupart des pays s’accordent pour mettre fin aux véhicules thermiques autour de 2035, l’Éthiopie veut aller beaucoup plus vite. Le ministre des Transports et de la Logistique a annoncé que « les automobiles ne pourraient bientôt plus entrer en Éthiopie, à moins d’être électriques ». Que cache cette annonce surprise ?
Alemu Sime, le ministre éthiopien des Transports et de la Logistique, a tenu un discours important mardi 30 janvier 2024. Il a présenté l’achèvement d’un plan d’envergure pour transformer la chaîne logistique du pays. Il a profité de ce moment pour annoncer qu’une décision historique avait été prise. En charge également du secteur des transports, il a affirmé que « pour entrer sur le territoire éthiopien, les voitures doivent désormais être électriques ». Un tournant aussi radical qu’étonnant.
Dans son allocution, le ministre Sime a ensuite souligné « la mise en œuvre de nouvelles pratiques dans les affaires stratégiques ». Il a précisé que le pays s’efforce de mettre en place des stations de recharge pour les voitures électriques. Une « priorité absolue » pour l’Éthiopie selon lui. Avant de conclure que les difficultés du pays à « accéder à des ressources en devises étrangères avait contribué à son incapacité à continuer d’importer de l’essence et du diesel ». Et c’est le cœur du sujet.
À lire aussiRivian : des pick-up électriques en Afrique pour aider à la préservationEn effet, depuis 2021, le pays subit une inflation très préoccupante. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation : la baisse de la production agricole due aux conditions climatiques (sécheresse), de nombreux conflits internes, et la pénurie de devises étrangères. L’Éthiopie est même en défaut de paiement. Fin 2023, Addis-Abeba n’a pas pu honorer un paiement de 33 millions de dollars d’intérêts. Après la Zambie et le Ghana, c’est le troisième pays africain à faire défaut sur sa dette.
Concrètement, le pays ne peut plus importer de pétrole. La volonté du gouvernement de passer au 100 % électrique est probablement motivée en grande partie par cette raison. Même s’il faut bien reconnaître que l’Éthiopie investit massivement dans son infrastructure énergétique depuis 20 ans. D’ailleurs, 97 % de son électricité provient des énergies renouvelables. Le pays va même inaugurer la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique. Il y a donc tout de même une stratégie forte sur le sujet de l’électrification.
À lire aussiYutong au Nigeria : la Chine avance aussi ses pions en AfriqueNous assistons à un passage au tout électrique dans l’urgence pour répondre à des pressions économiques. Mais cela semble aussi faire partie d’une stratégie plus large qui est en cours depuis quelques décennies. Il faudra maintenant voir comment cette transition se met en place concrètement.
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