La suite de votre contenu après cette annonce
Pour présenter tous les projets intéressants qui arrivent sur le bureau de Marc Areny, il faudrait une chronique régulière à l’image de celle qu’alimente actuellement Revolte. Cette fois-ci, il s’agit de la conversion à l’électrique d’une Rolls-Royce Corniche de novembre 1972 qui devrait être suivie par d’autres rétrofits de voitures de la même marque. Derrière ces opérations, on trouve parfois des projets d’une certaine ampleur auxquels participent régulièrement des élèves en écoles d’ingénieurs.
Voilà maintenant une douzaine d’années que Marc Areny s’intéresse au rétrofit, qu’il s’agisse de modèles courants comme les Dacia Logan qu’il a converties en nombre en Roumanie, ou de voitures plus emblématiques. En 2013, sa première réalisation s’est appuyée sur une Porsche 944 de 1985. Les batteries de Tesla ou Volkswagen en seconde vie qu’il utilise souvent pour cela peuvent aussi lui servir à créer des unités fixes ou mobiles de stockage d’énergie.
Le projet de passer à l’électrique une Rolls-Royce Corniche remonte à trois ou quatre ans : « Un passionné de voitures a pris avec moi un premier contact à Bucarest. Il cherchait alors encore comment attaquer le projet. Ce dernier a beaucoup évolué alors que des solutions plus mûres étaient accessibles pour rétrofiter une telle voiture ».
Un premier exemplaire de Rolls Royce Corniche a été présenté au professionnel : « Il s’agissait d’un cabriolet, mais il était bien trop rouillé pour que nous puissions travailler dessus. Son propriétaire l’a récupéré pour le faire restaurer par des spécialistes. De notre côté, nous ne nous occupons que de la conversion à l’électrique, pas de la remise en état de la mécanique ou de la carrosserie ».
Il n’est pas rare que des propriétaires de véhicules historiques déjà bien dégradés par la rouille imaginent les passer à l’électrique : « Ce n’est pas forcément une bonne idée, car la restauration peut demander un délai énorme et être très coûteuse. Notre client a finalement acheté un coupé de Rolls Corniche en bien meilleur état. C’est sur cette bien meilleure base que nous avons effectué la conversion en huit mois ».
À lire aussiMarc Areny est particulièrement fier du résultat : « Cette voiture est maintenant devenue une vraie voiture électrique, avec tout ce qu’il peut y avoir dessus. La boîte de vitesses a été supprimée et un moteur de Tesla Model 3 a été installé à l’arrière. C’est donc toujours une propulsion, mais sans arbre de transmission depuis l’avant. Sous le capot, le bloc d’origine a été remplacé par une batterie 54 kWh provenant d’une Volkswagen ID.3. On aurait même pu loger le pack 82 kWh ».
Ce qui fait l’excellence du projet à la hauteur du modèle, ce sont les choix technologiques rarement rassemblés pour un rétrofit : « Nous avons une assistance au freinage et un compresseur de climatisation très efficace qui proviennent d’une Tesla Model S. Un système de refroidissement a été étudié pour la batterie. Pour la recharge, à la place du bouchon du réservoir sur l’aile arrière droite, on a un connecteur CCS2 pour le courant continu jusqu’à une puissance de 80 kW, et un chargeur AC triphasé 18 kW. Avec cette dotation, on peut très bien imagine se lancer dans un Tour de France tranquille ».
Le délai de l’ordre de quatre ans entre le contact initial et le départ du rétrofit a été une aubaine pour le propriétaire des deux Rolls Corniche : « À l’époque, on partait systématiquement pour le moteur et la batterie sur des éléments de Tesla Model S. Le bloc vieillit mal et il fallait refaire le bobinage. Quant à la batterie, elle était plus volumineuse et difficilement intégrable. En outre, nous n’avions pas de solution de contrôleur pour la recharge rapide ».
Le moteur V8 6,75 litres d’origine de la Rolls Corniche était lourd et volumineux. Ce qui a finalement été un véritable avantage pour la conversion : « Nous avons pu loger toute la batterie à sa place, en ayant une répartition des masses à peu près identique à celle de départ. Et c’est la première fois qu’après un de nos rétrofits, la voiture est plus légère. Pour les supports du moteur, nous avons coupé ceux qui étaient sur la Rolls puis soudés des cardans de Tesla Model 3 ».
Même les cadrans du tableau de bord ont fait l’objet d’un soin particulier : « Ils ont été adaptés par une entreprise spécialisée, de telle sorte qu’on croirait qu’ils sont d’origine comme cela. Ils donnent l’ampérage, la charge de la batterie en pourcentage et la tension, la température du pack et celle du moteur, la vitesse instantanée, etc. Ont été conservés le sélecteur de vitesse et les boutons d’origine ».
Convertir à l’électrique une voiture essence ou diesel reste encore assez coûteux. On peut imaginer que le faire sur une Rolls-Royce aboutira à une facture astronomique : « Grâce au réemploi des éléments de Tesla et Volkswagen, on arrive à faire baisser les coûts. En fonction des options et de la capacité souhaitée pour la batterie, pour rétrofiter une Rolls de ce genre il faut prévoir entre 60 000 et 80 000 euros ».
Ceux qui connaissent la Corniche savent que sa suspension emprunte à Citroën son système hydraulique. Des sphères permettent à la voiture de toujours conserver la même hauteur quelle que soit la charge embarquée à bord : « Nous sommes toutefois repassés à une suspension plus classique tout en conservant une direction hydraulique. De l’extérieur, on ne voit pas que cette voiture est maintenant électrique, si ce n’est qu’elle n’a plus de pot d’échappement ».
Marc Areny aime mettre en avant ceux qui participent à ses projets : « À part quelques coups de mains donnés par des collègues locaux de l’équipe, cette conversion a été réalisée en Roumanie par des Français. Principalement avec Paul Baqué, ingénieur en chef, qui s’est occupé de la conception et de l’intégration. Il a travaillé avec Matisse Mourot et Louis Blochet, deux jeunes de l’Isat [NDLR : Institut supérieur de l’automobile et des transports] de Nevers qui sont en stage chez nous ».
C’est en juin 2025, dans le cadre du salon Bucharest Tech Week, que la Rolls Corniche rétrofitée par l’équipe de Marc Areny a été présentée au public pour la première fois : « Comme d’habitude, il y avait des véhicules électriques d’un peu toutes les marques. Grâce au caractère plutôt exotique de notre conversion, on a véritablement fait la vedette. La durée de vie de cette voiture va être prolongée, exploitable sans entretien quasiment, pour un coût très bas et avec la possibilité de rouler en ville dans les zones excluant les véhicules polluants ».
Immatriculée en France lors de son achat, la Rolls Corniche électrique pourrait bien revenir vers nous prochainement : « À l’origine, son propriétaire aurait bien aimé qu’elle soit exploitée pour le Festival de Cannes. Elle sera peut-être présentée en octobre prochain au salon Ever de Monaco. Une telle voiture s’inscrit parfaitement dans ce décor. Ce serait sa première destination officielle ».
En attendant l’homologation, le véhicule était toujours testé en août : « Le client ayant des sociétés dans plusieurs pays, c’est lui qui décidera de celui où cette Rolls sera homologuée. En France, ça risque d’être compliqué. Mais il peut le faire en Roumanie, en Suisse ou aux Pays-Bas. Il roule déjà couramment en Belgique avec une Porsche 911 que nous avons convertie à l’électrique pour lui ».
Derrière cette première conversion, il y a différentes pistes d’exploitation possibles : « Avant d’être un investissement, c’est pour notre client un coup de cœur. Il est, par exemple, question de louer cette Rolls Corniche pour des événements très divers, publics ou privés, que ce soit pour le Festival de Cannes ou des mariages. Dans tous les cas, le fait qu’elle soit électrique apportera une image positive. Actuellement en cours de restauration, le cabriolet que nous avons écarté au départ reviendra chez nous pour être également rétrofité ».
Le propriétaire de ces deux voitures pourrait aller plus loin encore : « Il envisage en partenariat avec nous de créer une marque sous laquelle proposer un service complet de restauration et de rétrofit. L’ensemble coûterait entre 200 000 et 300 000 euros. Il s’agit pour lui de créer une sorte de standard qui dans quelques années se traduira par diverses Rolls devenues électriques pouvant être louées à diverses occasions ».
À lire aussiCette première conversion a déjà amené à Marc Areny un nouveau projet : « Un Suisse qui possède plusieurs Tesla, veut rétrofiter sa Rolls corbillard. Il avait déjà deux pistes à l’étranger. Depuis, il a découvert notre travail qui a emporté sa préférence. Autant, je ne me vois pas transformer une Ferrari, autant je trouve qu’une Rolls est une voiture davantage faite pour se balader ou rouler tranquillement, ce qui justifie pour moi pleinement de telles conversions ».
Les élèves des écoles d’ingénieurs apprécient en général d’effectuer un stage chez Marc Areny : « Concernant le rétrofit de la Rolls Corniche, on a mis en avant Louis et Matisse tout au long du projet. On a des demandes de stage en continu. Je privilégie les profils en dernière année d’ingénieur. Ils ont l’obligation de trouver des entreprises à l’étranger, mais rencontrent souvent des difficultés à le faire ».
En septembre, vont arriver les nouveaux apprentis : « J’ai une Porsche 911 Targa à convertir, mais avec un délai trop court pour qu’ils puissent travailler dessus. Je pense plutôt les mettre sur mon projet de créer la Tesla Model 3 la plus rapide du monde pour circuits et courses de côte ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Marc Areny pour son témoignage qu’il nous a proposé et le temps pris à répondre à nos questions.
Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’encontre de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix, et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci de votre compréhension.
Philippe SCHWOERER
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement
Voiture électrique28 septembre 2025
Annonce partenaire
Annonce partenaire