AccueilArticlesPollution de l'air : ce pneumologue payé par Total a été condamné à 6 mois de prison avec sursis

Pollution de l'air : ce pneumologue payé par Total a été condamné à 6 mois de prison avec sursis

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Il avait omis de mentionner ses liens avec Total alors qu’il parlait sous serment face à une commission d’enquête parlementaire sur la pollution de l’air. Le pneumologue Michel Aubier a été condamné mercredi à 6 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende. Un verdict qui met le doigt sur le risque de conflit d’intérêt entre les groupes pétroliers et le monde médical.

Interrogé par la commission sénatoriale en avril 2015 sur l’impact économique et financier de la pollution de l’air, Michel Aubier avait déclaré n’avoir « aucun lien avec les acteurs économiques » du secteur. Le chef du service pneumologie-allergologie de l’hôpital Bichat n’avait pas semblé utile de mentionner au Sénat, à son employeur l’AP-HP, et à la Haute Autorité de Santé son poste de médecin-conseil chez Total et son siège au sein du conseil d’administration de la fondation du géant pétrolier Français.

Un faux témoignage face à la représentation nationale

Poursuivi pour « faux témoignage », Michel Aubier a été condamné hier à Paris à 6 mois de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende. Il a finalement écopé d’une peine plus sévère que celle prononcée lors du réquisitoire du 14 juin dernier (30 000 euros d’amende).

Pour la présidente du tribunal, Évelyne Sire-Marin, les peines sont « motivées par la particulière gravité de ce faux témoignage de M.Aubier, fait en toute conscience devant la représentation nationale ».

170 000 euros de salaire annuel chez Total en 2014

Le professeur Aubier, employé par Total depuis 1997, a perçu des salaires généreux révélés par Le Monde en juin dernier: jusqu’à 170 000 euros annuels en 2014.

Une casquette occultée alors qu’il intervenait régulièrement dans les médias pour évoquer le sujet de la pollution de l’air. Il avait également surpris les sénateurs lors de son audience en jugeant « extrêmement faible » le nombre de cancers liés à la pollution.

Lien entre pollution et cancers régulièrement minimisé

Sur le plateau de « Allô Docteurs » le 1er mars 2016, il avait une nouvelle fois atténué le lien entre pollution et cancers. «La pollution peut être cancérogène mais, pour le moment, ce qui a juste été démontré, ce sont essentiellement les cancers dus à une exposition assez forte […] En ce qui concerne les expositions ambiantes, c’est beaucoup plus discuté. Il semble que ce soit un facteur favorisant chez des sujets ayant des prédispositions à développer des cancers comme les fumeurs ou des personnes exposés à des polluants dans leur profession.» avait déclaré Michel Aubier dans la célèbre émission médicale sur France 5.

Des propos rapidement dénoncés par des médecins du collectif « Strasbourg Respire » brandissant les études de l’Organisation Mondiale de la Santé qui classent cancérigènes le diesel et la pollution atmosphérique.

« Il n’y avait pas conflit d’intérêt »

Lors de sa première audience devant la justice le 14 juin, le professeur soutenait n’avoir « jamais minimisé les effets de la pollution sur la santé ». « Pour moi, il n’y avait pas conflit d’intérêt » affirmait t-il avant de tenter une repentance « si je me retrouvais dans cette situation aujourd’hui, je déclarerai ». Dans son réquisitoire, la procureure de la république Flavie Le Sueur avait résumé l’affaire en une cinglante phrase : « Total a investi sur le professeur Aubier ».

Les parties civiles satisfaites du verdict

Mercredi, Michel Aubier n’a pas assisté à son jugement final. Un jugement satisfaisant selon les associations Écologie sans frontière et Générations Futures, constituées parties civiles avec le Sénat dans cette affaire. « C’est un message très clair à tous les Aubier de France et d’Europe, qui sont nombreux en situation de conflit d’intérêts » a déclaré au Monde Nadir Saïfi d’Écologie Sans Frontière.

Le militant et conseiller parlementaire a également appelé le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot et la ministre de la santé Agnès Buzyn à reconnaître comme circonstances aggravantes les conflits d’intérêts dans le domaine de la santé publique.

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