La voiture électrique d'occasion que vous avez oubliée : l'Audi e-Tron Quattro

Audi s’est lancée dans le grand bain d’électrolyte avec l’e-Tron Quattro. Oublié, le SUV électrique voit sa cote chuter lentement. L’occasion de se laisser tenter ?

À l’instar des autres constructeurs allemands, Audi s’est intéressée au segment des véhicules électriques avec un grand SUV, l’e-Tron Quattro. Basé sur la plateforme MLB Evo empruntée aux SUV thermiques du Groupe Volkswagen (Audi Q7, Lamborghini Urus, Porsche Cayenne, …), l’Audi e-Tron Quattro a connu une meilleure carrière que le Mercedes EQC grâce à ses prestations. Malheureusement, ce porte-étendard de la technologie électrique d’Ingolstadt a rapidement été démodé par l’Audi Q4 basé sur la plateforme MEB dédiée, mais aussi par l’arrivée d’une concurrence féroce. Tombé aux oubliettes, il a vu ses prix chutés sur le marché de la seconde main. Voici ce qu’il faut savoir avant de se lancer.

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Pourquoi se lancer ?

D’une longueur de 4,90 m, l’Audi e-Tron Quattro offre de généreux volumes à bord. Malgré sa plateforme héritée des modèles thermiques, il débarrasse notamment l’habitacle du tunnel de servitude. Une preuve que ce n’est pas tant la plateforme multiénergie que la façon dont elle est utilisée qui importe. Comme c’était une habitude avec la marque aux Anneaux, la présentation est impeccable et les matériaux de bonne facture. L’ambiance n’est pas joviale, mais la qualité est là. Enfin, le coffre émarge à 660 l. L’e-Tron Quattro est celui qu’on attend sur la route : un SUV statutaire, très bien insonorisé et confortable. Bref, une machine parfaitement taillée pour enchaîner les kilomètres sans fatigue. En dehors des autoroutes, le SUV n’a pas à rougir avec un comportement sécuritaire et une transmission intégrale bien développée.

Pourquoi hésiter ?

Si l’habitabilité est plaisante, l’Audi e-Tron Quattro est imposant, et par conséquent ne pas être toujours facile à vivre au quotidien. Pire encore pour les modèles équipés des rétroviseurs caméras (de série sur l’Edition One) : la disposition et la taille des écrans compliquent sérieusement la rétrovision. Et en cas de casse, la facture pour son remplacement peut vite atteindre des sommets ! Enfin, c’est surtout la consommation qui peut freiner. Au quotidien, il est difficile de passer sous la barre des 22 kWh/100 km. Sur autoroute, il faut tabler sur une consommation forcément supérieure à 30 kWh/100 km, voire jusqu’à 35 kWh/100 km en mauvaises conditions. Les batteries pourtant généreuses peinent à cacher l’appétit : les autonomies sont à peine correctes. Le coût d’utilisation est donc élevé, et il faudra envisager un abonnement pour la recharge rapide afin de limiter le budget.

Que faut-il surveiller avant d’acheter ?

• État de la batterie (SoH) : peu de chance d’observer une perte de capacité sur les modèles récents. Mais, en l’absence de règlementation, assurez-vous de son état de santé (SoH) en demandant au vendeur un certificat sur le taux de dégradation. En tout cas, elle profite d’une garantie 8 ans/160 000 km. Le véhicule est couvert 2 ans, et jusqu’à 5 ans/150 000 km avec la meilleure extension proposée à lors de la commercialisation.
• Batterie : en 2024, plus de 42 600 modèles fabriqués de 2018 à 2022 ont été rappelés en concession pour un problème de tension sur des modules de batterie, pouvant se solder par un emballement thermique.
• Freinage : des soudures défectueuses sur le servofrein, des pièces qui peuvent se corroder, ou des problèmes de vissage peuvent emmener à des dysfonctionnements du système de freinage et allonger les distances d’arrêt, voire rendre inopérantes les béquilles électroniques. Moins de 3 000 exemplaires dans le monde seraient concernés.
• Recharge : en raison d’un joint défectueux, de l’humidité peut pénétrer le circuit de recharge. Cela entraîne des défauts de recharge et potentiellement la panne des systèmes. Dans ce cas, la recharge ne se lance pas. Faites un essai avant de signer. Profitez-en pour vérifier le bon fonctionnement des deux trappes de recharge motorisées.
• Rappels : l’Audi e-Tron Quattro a fait l’objet de huit rappels pour tous ces problèmes et autres correctifs logiciels. Vérifiez correctement l’historique du modèle visé.

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Quelle version pour quel budget ?

• Audi e-Tron 50 Quattro : le modèle d’entrée de gamme baptisé 50 embarque deux moteurs pour une puissance totale de 313 ch/530 Nm. Suffisant pour assurer un 0-100 km/h en 6,7 s. Mais la mécanique est alimentée par une batterie de 71 kWh de capacité brute, pour seulement 64,7 kWh de capacité utile. Trop peu pour ce SUV qui ne devrait donc pas pouvoir dépasser les 260 km en mixte, et pas plus de 210 km sur autoroute. De plus, la puissance de recharge rapide tombe à 120 kW. Rare en annonce, cette motorisation permet de tirer — un peu – les prix vers le bas : 30 000 € sont demandés pour des Avus de 2020 avec 60 000 km.
• Audi e-Tron 55 Quattro : avec 84 kWh de capacité utile d’abord, puis de 86,5 kWh dès 2020, la version 55 est un peu plus polyvalente, même si son niveau est équivalent à celui d’une compacte électrique moderne : le SUV ne dépassera pas les 260 km d’autonomie totale théorique sur autoroute. Mais cette version se recharge un peu plus vite, avec un pic de 150 kW et un plateau exceptionnel jusqu’à 80 % de charge. Un peu moins de 30 minutes suffisent pour atteindre 80 %, et 40 minutes pour faire le plein complet à 100 %. Côté moteur, on retrouve une paire de machines électriques pour un total de 408 ch avec l’Overboost. Un Avus de 2020 avec 60 000 km s’affiche régulièrement à près de 35 000 €. Pour 30 000 €, le modèle gravitera plutôt autour des 80 000 km, voire un peu plus.
• Audi e-Tron S Quattro : l’apport d’un second bloc à l’arrière transfigure le comportement du SUV, qui devient plutôt dynamique. Avec un moteur dédié, chaque roue arrière aide l’e-Ton Quattro à pivoter dans les virages. Aussi, la puissance majorée à 503 ch/973 Nm rehausse logiquement le niveau de performance globale. Pour le reste, il conserve le confort général du 55 Quattro malgré les modifications châssis et reprend la batterie de 86,5 kWh. La surconsommation n’est pas négligeable puisque le SUV dégringole à 360 km WLTP. Repérable grâce à son extension d’aile avant percée (contrairement à un simple 55 S-Line), cette déclinaison démarre à 50 000 € pour des modèles de 2021 avec 50 000 km au compteur.
• Audi Q8 e-Tron 50 Quattro : finement restylé, l’Audi Q8 e-Tron gagne en modernité et en polyvalence. La version 50 d’entrée de gamme récupère une mécanique que 340 ch/664 Nm et la batterie de 95 kWh, portée ici à 89 kWh de capacité nette. L’autonomie homologuée passe alors à 453 km dans le meilleur des cas. Côté recharge, il fait aussi bien que le précédent 55 Quattro. Les premiers prix démarrent à 50 000 km avec des S-Line de 2023 avec moins de 20 000 km.
• Audi Q8 e-Tron 55 Quattro : c’est lui qui apporte le plus de nouveautés dans la carrière de l’e-Tron Quattro. Dans cette configuration, le SUV adopte un accumulateur inédit de 114 kWh pour 106 kWh de capacité utile. Voilà qui lui permet d’envisager plus de 330 km sur autoroute. Outre le chargeur de 11 kW de série (préférez un modèle avec le 22 kW optionnel), la puissance de recharge rapide monte à 170 kW, pour un 10-80 % en 31 minutes. Reste que ce modèle d’un maximum de 408 ch est cher : l’offre débute à 60 000 €, et peut dépasser les 90 000 € avec les modèles les plus récents. L’Audi Q6 e-Tron sur plateforme PPE très haute tension n’est plus très loin.

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Les versions conseillées :

• Audi e-Tron 55 Quattro dès 2021 : si vous craquez, la version 55 Quattro est la plus homogène des trois premières versions proposées. Et c’est surtout le cas des modèles après 2021, qui disposent de toutes les mises à jour qui ont corrigé les défauts de jeunesse : gestion thermique de la batterie revue, capacité électriquement majorée, système de freinage régénératif retouché et possibilité de recevoir le chargeur embarqué AC 22 kW. Le large choix permet de faire le tri dans les annonces et de cibler la bonne version dotée des bonnes options. En revanche, les prix montent vite en fonction de la finition : un Avus Extended de 2021 avec 70 000 km réclame un chèque de 40 000 €.
• Audi Q8 e-Tron 55 Quattro : si votre budget le permet, vous pouvez aussi viser un Audi Q8 e-Tron 55 Quattro. Ce modèle est suffisamment armé pour enchaîner les kilomètres et offre le plus d’autonomie sur autoroute pour les gros rouleurs. La recharge rapide à la puissance augmentée facilite grandement les longs trajets. Exemple d’annonce : un S-Line de 2023 avec 30 000 km s’affiche à un peu plus de 60 000 €. Mais attention au choix de modèles plus récents et/ou moins kilométrés : ils se rapprochent dangereusement des Audi Q6 e-Tron d’occasion (dès 70 000 € pour des Quattro S-Line avec moins de 10 000 km).

Audi e-Tron Quattro d’occasion, que retenir ?

Ce grand SUV a rapidement été démodé dès par le Q4 e-Tron, plus roturier, mais plus abouti, et oublié face à la concurrence grandissante. Cependant, il ne mérite pas de sombrer dans les oubliettes pour autant. Certes, l’autonomie mesurée en raison de ses consommations explosives pourra en freiner plus d’un. Mais la batterie dispose d’une capacité acceptable en version 55 Quattro, alors que la capacité de recharge rapide n’a pas à rougir même aujourd’hui. À condition bien sûr que la fiabilité ne lui fasse pas défaut. Aussi, le niveau de finition est à la hauteur de ce qu’on attend d’une Audi, et la présentation est aussi fait toujours mouche, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Même un Audi Q6 e-Tron, pourtant moderne, peine à séduire autant. Bref, un modèle un peu plus recommandable que ses concurrents de l’époque, même s’il faudra savoir raison garder sur le choix du modèle pour ne pas tutoyer d’autres modèles avec de meilleures prestations.