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Et si la guerre froide pour les terres rares avait déjà commencé ? Les agissements de la Chine laissent penser que c’est bien le cas. Au cours des 30 dernières années, l’empire du Milieu a méthodiquement accaparé le marché de l’extraction et du raffinage. Dernièrement, avec son statut de premier producteur mondial, la Chine a mis en place de nouvelles restrictions à l’exportation. Des changements qui pourraient avoir un impact important sur la transition vers les véhicules électriques.
Les terres rares regroupent 17 éléments chimiques essentiels à de nombreuses technologies modernes, des smartphones aux équipements militaires, en passant par les véhicules électriques. Leur utilisation dans les aimants permanents, indispensables aux moteurs électriques, en fait un élément clé de la transition énergétique. Ce sont ces mêmes aimants qui permettent aux véhicules électriques d’atteindre de bonnes performances, en réduisant les pertes énergétiques et donc en augmentant l’autonomie.
Avec plus de 90 % de la production et du raffinage mondiaux des terres rares (qui ne sont en réalité pas si rares que cela mais simplement disséminées en faible quantité un peu partout sur Terre), la Chine a bâti un quasi-monopole sur cette ressource. Au fil des années, Pékin a investi dans l’extraction, le traitement et la production d’aimants.
Depuis le début du mois d’avril 2025, le pays exige des entreprises qu’elles obtiennent des licences spéciales pour exporter leurs terres rares. Des éléments comme le néodyme, le dysprosium et le terbium sont concernés. Ces éléments sont cruciaux pour les moteurs électriques, notamment le dysprosium, qui permet de supporter des températures élevées sans perte de performance. Les constructeurs automobiles, en particulier ceux qui misent sur les voitures à batterie, dépendent des terres rares.
Plusieurs entreprises américaines comme Tesla, Ford et General Motors ressentent déjà les effets de la pénurie, avec des coûts en hausse et des difficultés d’approvisionnement. Les constructeurs tentent de négocier avec Pékin.
Selon The Verge, le PDG de Tesla, Elon Musk, a déclaré que les nouvelles règles d’exportation nuisent déjà à la production des robots Optimus (entre autres). « Nous travaillons sur cette question avec la Chine pour tenter de trouver des solutions. J’espère que nous obtiendrons une licence pour utiliser les ressources du pays », a-t-il déclaré il y a quelques semaines. Selon lui, « la Chine veut des garanties que les terres rares ne seront pas utilisées à des fins militaires, ce qui n’est évidemment pas le cas ».
Dans le Michigan, Ford aussi est inquiet. Selon le géant de Détroit « les restrictions sur les terres rares peuvent avoir un impact significatif sur nos activités ». Le constructeur précise même que cette politique « pourrait avoir des répercussions profondes sur l’ensemble du secteur automobile ». De son côté, General Motors adopte une posture plus pro-active. Par l’intermédiaire de Niron Magnetics, la marque développe des composés magnétiques alternatifs qui utilisent du nitrure de fer à la place des terres rares.
Mais il est bien le seul à avoir anticipé d’éventuelles pénuries à venir. En attendant que le secteur s’organise, l’absence de diversification des sources d’approvisionnement place les marques dans une situation de dépendance critique. Malgré la présence de gisements de terres rares ailleurs qu’en Chine, leur extraction et leur raffinage sont complexes et coûteux. La plupart des pays occidentaux, notamment les États-Unis et l’Europe, ont délocalisé ces activités (souvent très polluantes au passage) en Chine.
À lire aussiQuelles sont les pistes pour réduire la part des métaux critiques dans les véhicules électriques ?Pour reprendre le contrôle, il faudrait non seulement investir massivement dans les infrastructures de raffinage, mais aussi former une main-d’œuvre spécialisée, ce qui prendrait des années. Face à cette situation, les pays occidentaux tentent de développer leurs propres capacités de production et de raffinage. Des projets comme celui de MP Materials aux États-Unis ou les efforts européens pour relancer la production de terres rares montrent une volonté de réduire la dépendance à la Chine.
Au passage, la question des terres rares dépasse largement le secteur automobile. Ces matériaux sont essentiels aux technologies de défense, ce qui les place au cœur des enjeux de sécurité nationale. L’empire du Milieu, conscient de son pouvoir, n’hésite pas à utiliser cette ressource comme un levier stratégique dans ses relations internationales. Pour les Européens et les États-Unis, il s’agit désormais de sécuriser des sources alternatives afin de ne pas se retrouver pris au piège.
Bref, comme vous l’aurez compris, l’emprise de la Chine sur les terres rares représente un défi majeur pour la transition vers l’électrique. Pour les constructeurs automobiles et les gouvernements occidentaux, la diversification des approvisionnements est devenue une priorité stratégique. Mais il faudra du temps et une volonté politique forte pour réduire cette dépendance. En attendant, les constructeurs pourraient être contraints de se tourner vers des technologies moins dépendantes des terres rares.
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