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Lancé fin 2015 en marge de la COP21, Hype mise sur les taxis à hydrogène pour accélérer la transition énergétique de la profession. A Paris, nous avons pu découvrir le service et nous entretenir avec Mathieu Gardies, dirigeant et fondateur de la STEP, la Société du Taxi Electrique Parisien.
Les taxis Hype sont tout aussi silencieux que des véhicules électriques et sillonnent les rues de la capitale depuis fin 2015. Pourtant, l’électricité qui les anime ne provient pas d’une batterie rechargée sur le réseau mais d’une pile à combustible alimentée à l’hydrogène. Un choix que nous justifie Mathieu Gardies, Président et fondateur de la société qui exploite cette flotte de taxis atypiques.
Car si le véhicule électrique à batterie a fait partie des choix recherches de la société lors de sa création en 2009, la solution a été finalement écartée au profit de l’hydrogène dès que les constructeurs ont commercialisé les premiers modèles. « L’électrique ne peut pas être généralisé dans Paris. Cela correspond à quelques pourcents mais pas une solution qui peut être démocratisée à grande échelle » estime Mathieu Gardies qui met en avant les avantages « pratiques » de l’hydrogène. « La vraie différence par rapport au véhicule électrique à batterie, c’est qu’il n’y a pas besoin d‘immobiliser le véhicule. C’est plus facile de dire à un chauffeur d’aller vers l’hydrogène car cela ne changera pas sa façon de travailler » juge notre interlocuteur.
S’il y a bien quelque chose qui pose problème à Mathieu Gardies, c’est le manque d’offre côté voitures. « Il faut que les constructeurs accélèrent » estime notre interlocuteur qui regrette le manque de « joueurs » sur ce marché, notamment côté français. « Je considère que l’hydrogène doit passer par une phase ou il faut cibler des métiers spécifiques avant de passer à un marché « mass market ». Avec les taxis, nous sommes sur un marché qui serait de nature à faire réagir les constructeurs » souligne t-il.
Hyundai, Toyota, Honda et peut-être Mercedes en fin d’année… a ce jour, le nombre de constructeurs en mesure de livrer des véhicules se comptent sur les doigts d’une main. Surtout, les livraisons sont souvent longues à arriver, la production restant limitée et l’Europe servie au compte-goutte, les constructeurs privilégiant certains marchés jugés plus dynamiques pour la filière hydrogène comme la Californie, la Corée ou le Japon.
Quant à l’aspect économique, la différence de prix d’achat entre une voiture à hydrogène et une voiture électrique est beaucoup moins importante que ce que l’on pourrait croire. Vendus 66.000 € TTC, les Hyundai ix35 Fuel Cell qui équipent la flotte Hype sont moins chers qu’une Tesla Model S. Leur prix reste cependant toujours plus élevé qu’un véhicule thermique, d’autant que le prix à la pompe n’est pas aussi avantageux que celui de la fée électricité.
Sur le sujet des stations, notre interlocuteur n’est pas particulièrement inquiet. « On sait que les opérateurs seront présents dès lors que les véhicules seront là » résume Mathieu Gardies. D’autant que l’utilisation intensive des taxis, qui impose des ravitaillements quotidiens, tend à faciliter la rentabilité de la station. Une façon de rassurer les opérateurs quant à la traversée de cette « Vallée de la mort », moment critique entre lequel la station est déployée et les véhicules viennent s’y ravitailler en quantité suffisante pour assurer un équilibre économique.
A ce jour, la flotte Hype se ravitaille au sein d’une station provisoire installée par Air Liquide au niveau du Pont de l’Alma. Une seconde est en construction à proximité immédiate de l’aéroport d’Orly et permettra de donner une excellente visibilité au service. En région francilienne, pas moins de trois stations sont en projet chez Air Liquide.
Rouler en taxi à hydrogène est-il plus rentable qu’en thermique ? « Non » nous répond honnêtement Mathieu Gardies. « Aujourd’hui, on assume le fait d’avoir un TCO supérieur à celui du thermique ou de l’hybride L’objectif est d’accélérer la convergence au plus vite » souligne notre interlocuteur. Un équilibre économique qui reste, en partie, entre les mains des constructeurs qui « doivent encore faire des efforts pour diminuer le prix des véhicules ».
Cela ne veut pas dire pour autant que Hype n’est pas rentable. « On gagne de l’argent parce qu’on a une utilisation intensive en mutualisant les véhicules sur plusieurs chauffeurs. Ces gains opérationnels permettent d’absorber une partie des surcoûts ».
Côté tarif, les taxis Hype restent calés sur la réglementation et s’affichent au même prix que les taxis thermiques. « Nous proposons un service supérieur équivalent au club affaire ou VTC sans pour autant le surfacturer» souligne Mathieu Gardies.
Lors de notre visite de Hype à Paris, nous avons pu rencontrer Abdou Aacha, un des chauffeurs qui a intégré le service dès le début de l’aventure.
« S’agissant d’une voiture électrique à hydrogène, on a tous les avantages d’un véhicules électrique. Pas de vibration, pas de bruit et pas d’à-coups liés aux changements de vitesses. C’est un confort qui est inégalé qui est apprécié aussi bien par les chauffeurs que par les clients. Nos clients sont d’autant plus contents qu’en plus de ce confort, ils ont la possibilité d’être transportés au même prix qu’un véhicule qui roule au diesel ou à l’essence » nous précise t-il dans une interview vidéo à découvrir ci-dessous.
Reste la problématique de la réservation. Car avec une flotte limitée à 12 véhicules, difficile pour les clients de passer commande d’un taxi à hydrogène de Hype. « Aujourd’hui, seuls les clients chanceux peuvent en bénéficier » reconnait notre interlocuteur.
Si Mathieu Gardies reconnait que la transition vers l’hydrogène risque d’être longue, il revendique un rôle de pionnier.
Car là est le principal but de la STEP et de son service Hype : prouver que l’hydrogène est adapté au métier des taxis et inciter d’autres sociétés à franchir le pas en prouvant que la solution est viable et exploitable au quotidien. A Paris, le potentiel est énorme avec près de 18.000 taxis en circulation.
Si Hype ne compte aujourd’hui que 12 véhicules au sein de sa flotte, l’opérateur souhaite accélérer son déploiement au cours des prochains mois. Alors qu’une soixantaine de véhicules sont d’ores et déjà en cours de commande, l’opérateur vise un objectif d’une centaine de véhicules en circulation d’ici la fin de l’année et de 200 l’année suivante.
A horizon 2020, STEP ambitionne de faire rouler quelque 600 taxis à hydrogène dans les rues de la capitale. « Ce sera une bonne taille pour fonctionner efficacement en termes de réservation mais aussi pour prouver l’équilibre du service » estime Mathieu Gardies.
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