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Initialement programmée pour 2035, la réglementation européenne sur la fin des ventes de voitures neuves thermiques a du plomb dans l’aile. Le chancelier allemand souhaite demander aux dirigeants de l’Union une dérogation pour que les véhicules électriques à autonomie prolongée puissent continuer d’être immatriculés.
Alors que la neutralité carbone du parc automobile européen doit passer par la fin des moteurs thermiques en 2035, l’Allemagne ravive le débat. Le chancelier Friedrich Merz a récemment interpellé ses homologues à l’occasion du sommet de Copenhague pour défendre les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (EREV). Ces modèles suscitent de plus en plus l’intérêt des marques. Ils ont la particularité de disposer d’un petit moteur thermique qui permet de recharger la batterie lorsque celle-ci est à plat.
Selon M. Merz, cette technologie pourrait représenter une solution intermédiaire crédible entre les véhicules 100 % électriques et les hybrides rechargeables (PHEV). Mais plusieurs études tempèrent cet optimisme. Les analyses de Transport & Environment (T&E) ont permis de montrer que les EREV consomment en moyenne 6,7 litres d’essence pour 100 km lorsque la batterie est vide, un niveau comparable à celui d’un SUV essence. Leur autonomie électrique ne suffit pas toujours à limiter le recours au moteur thermique.
T&E met aussi en garde contre la domination chinoise sur cette technologie. À ce jour, seuls deux modèles, les Mazda MX-30 R-EV et Leapmotor C10, sont disponibles en Europe. Citons tout de même l’allemand BMW qui envisage de proposer une motorisation EREV sur son iX5. Mais en parallèle, le marché chinois en compte déjà plusieurs dizaines. « Promouvoir les EREV reviendrait à importer une dépendance technologique supplémentaire », souligne Lucien Mathieu, directeur automobile de l’ONG.
À lire aussiMerz plaide aussi pour la survie des hybrides rechargeables après 2035, une perspective que Bruxelles avait écartée en raison de leurs émissions réelles bien supérieures aux données homologuées. Cette prise de position du chancelier allemand relance un débat politique sensible. On voit bien que depuis quelques mois, deux camps s’opposent avec des points de vue totalement opposés. Et le lobby automobile européen semble avoir choisi son camp. L’ACEA cherche à saper la réglementation européenne.
En effet, l’Association des constructeurs automobiles du Vieux continent a récemment publié un document avec ses recommandations. Selon T&E, « si toutes les demandes contenues dans ce document étaient appliquées, cela diviserait par deux le nombre de voitures électriques vendues en 2035 ». Les marques représentées par le lobby européen cherchent à « affaiblir les normes CO2 ». Ils souhaitent notamment que la Commission prenne en compte les biocarburants ou le carburant de synthèse.
Concrètement, si les exigences de l’ACEA étaient appliquées dans leur entièreté, cela signifierait que les constructeurs automobiles n’auraient qu’à atteindre une part de marché de 52 % sur le tout électrique en 2035. Rien à voir avec l’objectif initial de 100 %. Bastien Gebel, responsable de la décarbonation de l’industrie automobile chez T&E France, estime que « les constructeurs veulent aller vite, mais ils ne savent pas vraiment dans quelle direction ». Il ajoute que « tous les ingrédients sont réunis pour un désastre ».
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