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Le Mercedes G580 EQ, version électrique du baroudeur le plus prestigieux du marché, est à l’essai. Pour crapahuter sans émission ?
Avec ses quatre moteurs électriques, son châssis séparé et son gabarit hors norme, le Mercedes Classe G580 EQ ne fait pas les choses à moitié. Premier G électrifié de série, ce mastodonte cumule les superlatifs : puissance titanesque, prestations off-road de très haut niveau, finitions ultra-luxueuses… mais aussi masse de poids lourd, autonomie en dents de scie et prix stratosphérique. Nous l’avons pris en main entre Paris et Cherbourg, dans une version Edition One bardée d’options. Un essai dans le pays des armoires normandes.
Esthétiquement, le G reste fidèle à lui-même. Il ne cherche pas à séduire par des lignes aérodynamiques, mais impose sa stature comme un boxeur poids lourd en smoking. 4,86 m de long, 1,98 m de large et 1,99 m de haut : mieux vaut vérifier la hauteur limite avant de s’engager dans un parking souterrain. Notre modèle Edition One, série de lancement haut de gamme, affichait une configuration aussi sobre qu’élégante : peinture Gris Classique Uni Manufaktur (4 700 €), jantes noires 20 pouces (450 €), vitres surteintées, toit ouvrant, marchepieds latéraux. À l’arrière, un petit coffre à câbles en plastique rigide, façon boîte à goûter premium permet de loger ses câbles. Dommage qu’on ne retrouve pas une vraie roue de secours avec un logement central.
Sous le capot, ou plutôt dans les essieux, le G580 EQ cache quatre moteurs synchrones à aimants permanents de 147 ch chacun. Total : 587 ch, 1 164 Nm. Plus qu’il n’en faut pour arracher un mur, sauf qu’il ne pourra pas le remorquer, mais on y reviendra. La batterie de 116 kWh utiles (122 bruts) est placée dans un caisson renforcé au cœur du châssis séparé, emprunté aux versions thermiques, mais largement modifié pour l’électrique, avec aluminium et fibre de carbone en renfort. Un vrai coffre-fort roulant.
Avec un tel gabarit, on s’attend à une soute à bagages de déménageur. Pourtant, le coffre plafonne à 620 litres (1 990 litres une fois les sièges rabattus), soit une vingtaine de litres de moins que sur les versions thermiques. Pas de double-fond, pas de frunk. Il faudra empiler ses valises comme dans un vieux Defender.
À l’arrière, les sièges chauffants et inclinables (manuellement, tout de même) offrent un bon confort, malgré un espace aux jambes moyen. En revanche, la garde au toit est impériale, et la finition irréprochable. Les espaces de rangement sont assez nombreux et bien pensés, avec revêtements antidérapants, prises USB-C à l’avant et à l’arrière, et chargeur à induction.
À l’avant, c’est le grand luxe : cuir Nappa argent pearl/noir (série sur Edition One, mais facturé 1 150 €), inserts bleus façon carbone, sièges massants, chauffants, ventilés, tout y passe. Même les accoudoirs prennent soin de vous. Reste à aimer les assises creusées, un peu étroites pour les gourmands.
Côté info-divertissement, l’écran MBUX intègre une navigation premium avec réalité augmentée. Sur le papier, tout est là. Mais, dans les faits, impossible d’avoir à la fois Apple CarPlay et Waze avec les alertes radars. Quant à la lecture automatique des panneaux, elle joue parfois à “Jacques a dit”. La planche de bord trop courte empêche la possibilité d’avoir un affichage tête haute mais l’instrumentation numérique est tout simplement sublime et offre une multitude de graphismes d’excellentes qualités avec une très bonne lisibilité et sans reflets.
Difficile de passer inaperçu dans Paris avec un tel engin. Le Classe G ne se contente pas d’imposer le respect, il impose aussi ses contraintes : attention aux portiques de parking. Anecdote authentique : à deux doigts de transformer l’essai en G Cabriolet à l’entrée d’un parking Carrefour limité à 1,85 m.
À lire aussiHeureusement, la caméra 360° est très efficace, tout comme les rétroviseurs taille XL. Le rayon de braquage de 13,6 m, en revanche, n’aide pas à manœuvrer. Certes, le G peut pivoter sur lui-même grâce à la fonction G-Turn, mais seulement hors voie publique, et sur sol meuble. Dommage, ça aurait été spectaculaire sur la place de l’étoile.
La garde au sol culmine à 25,7 cm, soit 1 cm de plus que sur le G63 V8. Les amortisseurs assurent un confort correct à basse vitesse, surtout en mode 4×4, mais l’essieu rigide arrière génère quelques trépidations sur route dégradée. À ce niveau de gamme on aurait souhaité avoir des suspensions pneumatiques permettant d’ajuster la hauteur de la garde au sol et offrir davantage de confort et de débattement.
Le 0 à 100 km/h est avalé en 4,7 secondes. C’est à peine moins rapide qu’un G63 thermique, et bien plus nerveux qu’un G500. Les reprises sont bluffantes, et la direction, bien calibrée en mode Sport, rend l’engin étonnamment agile. Le Torque Vectoring fait bien son travail, même si les Michelin à flancs hauts peinent à suivre la cadence et couinent leur désapprobation dans les virages. Mention spéciale aux sièges dynamiques qui gonflent pour maintenir le corps en courbe. Mais les gabarits généreux se sentiront vite oppressés. Ce n’est pas un fauteuil club. Le freinage, malgré les 3 085 kg sur la balance (3 010 à vide), reste convaincant grâce aux gros disques et à une régénération bien dosée. Seul bémol : une pédale trop longue et spongieuse, certes utile pour éviter les à-coups en ville où en tout terrain, mais peu rassurante en conduite dynamique.
Hors des sentiers battus, le G580 EQ impressionne. Avec sa fonction Low Range, son G-Steering qui ajuste indépendamment le couple sur chaque roue pour resserrer le rayon de braquage sous 25 km/h, et son fameux G-Turn qui le fait pivoter sur place, il ferait presque de l’ombre à un char Leclerc. Attention toutefois : ces fonctions sont interdites sur route et déconseillées sur sol dur. Elles laissent de belles traces, et peuvent endommager les pneus sur terrain rocailleux. Mais là où le bât blesse, c’est que le G électrique… ne peut pas tracter. Oui, vous avez bien lu : pas de crochet, pas d’homologation, pas de remorque. Pour un engin de plus de trois tonnes, c’est un peu fort de café.
Bien qu’étant d’origine allemande, le Classe G 580 EQ ne sera pas le champion de l’autobahn, car sa vitesse de pointe est limitée à 180 km/h, là où le G63 grimpe à 220 et le G500 à 210. L’insonorisation est soignée, surtout pour les bruits de roulement, mais les sifflements aérodynamiques persistent à cause d’un pare-brise droit comme un i où les moustiques s’empilent façon peinture pointilliste. Heureusement, l’installation audio Burmester 3D couvre le tout avec des basses puissantes et un rendu très immersif. Le meilleur allié des longues étapes. Les aides à la conduite font preuve d’une grande efficacité même si les commandes au volant ne sont pas des plus ergonomiques, mais attention : si les portes ne sont pas correctement fermées, le régulateur adaptatif refuse de s’enclencher. Il faut donc bien les claquer comme sur un engin militaire.
Annoncé à 28,9 kWh/100 km en cycle WLTP, le G 580 EQ explose les compteurs en conditions réelles. Lors de notre essai, nous avons relevé entre 31 et 45 kWh/100 km, soit une autonomie réelle comprise de 220 à 370 km. Mieux vaut rester à 120 km/h si on ne veut pas multiplier les pauses recharge. Cela dit, la charge rapide DC peut atteindre 200 kW, avec un bon maintien au-delà de 50 %. Le 10-80 % s’effectue donc en 30 à 35 minutes. Sur prise AC, le chargeur embarqué plafonne à 11 kW, soit 9 h 30 pour une recharge complète. On regrettera toutefois l’absence de charges bidirectionnelles et de chargeurs 22 kW sur ce qui pourrait être un camping-car de luxe.
À lire aussiAffiché à 176 251 € en prix de base, le Mercedes G580 EQ grimpe à 196 351 € dans notre version Edition One bien équipée. Un tarif qui fait tourner la tête, même s’il échappe au malus écologique. Et il ne faut pas compter sur une chute des prix en occasion : les volumes seront faibles, et les modèles bien entretenus pourraient devenir rares… donc précieux.
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