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Essai Jaguar E-Pace hybride rechargeable : félin électrifié

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Presque en même temps que son grand frère F-Pace, le Jaguar E-Pace se convertit à l’hybride rechargeable. Pourtant, les deux modèles ne partagent rien techniquement.

Le Jaguar E-Pace avait pour but de démocratiser la gamme du fauve de Coventry. Malheureusement, la carrière de ce SUV compact est tombée sur un os : la fiscalité sur le CO2. Malgré ses dimensions raisonnables (4,40 m en longueur), ce modèle a toujours souffert d’un poids élevé, sans pour autant que les motorisations puissent compenser ce handicap par leur efficience. Résultat : toutes les versions écopaient d’un malus dissuasif. Il fallait donc revoir les motorisations pour rendre de nouveau ce SUV attractif, chose faite depuis le restylage intervenu fin 2020. D’une part en convertissant les motorisations essence à l’éthanol, ce qui est une solution intéressante pour les particuliers : l’abattement de 40 % sur les émissions de CO2 permet de s’affranchir du malus. Mais pour les entreprises soumises à la TVS, cela ne suffit pas. Voilà pourquoi Jaguar décline aussi le E-Pace en hybride rechargeable.

Quels changements sur le E-Pace restylé ?

Le restylage du E-Pace est on ne peut plus discret. Il concerne principalement le dessin interne des phares et la signature lumineuse, plus anguleuse qu’auparavant. Également, les boucliers ont été retouchés. Notons que la motorisation hybride n’est disponible qu’avec le pack R-Dynamic, au bouclier avant plus aéré.

Au-delà de ce restylage, il est difficile de distinguer la nouvelle motorisation hybride rechargeable. Seule une deuxième trappe de recharge, symétrique de la trappe à essence, trahit la spécificité technique, de même que le badge P300e sur le hayon.

British, mais peut-être pas assez

Présenté en 2017, le Jaguar E-Pace avait pour but d’élargir la gamme de SUV Jaguar. Petit frère du F-Pace lancé deux ans avant lui, il devenait le modèle le plus compact de la marque. Son style élégant n’offrait peut-être pas une singularité assez marquée. À l’époque, on lui trouvait de faux airs de Hyundai ix35. Aujourd’hui, il semble avoir inspiré le Ford Puma.

L’habitacle fait appel à des matériaux de belle qualité, à commencer par des cuirs flatteurs. Ce modèle d’accès à la gamme Jaguar se payait même le luxe, à ses débuts, d’un intérieur plus chic que les berlines XE et XF. Depuis, le constructeur a corrigé le tir sur ces derniers modèles. Bref, si l’habitacle du E-Pace manque peut-être un peu de boiseries pour une anglaise, il offre toujours une prestance rare dans la catégorie, et une habitabilité assez correcte rapportée au gabarit extérieur. Plusieurs modes de conduite peuvent être sélectionnés grâce à une manette à côté du levier de vitesses, mais il faut passer par l’écran central pour enclencher la fonction « Save », qui maintient le niveau de charge dans la batterie. L’ergonomie apparaît plutôt correcte, grâce notamment au système d’infodivertissement revu et corrigé.

Une mécanique identique à l’Evoque

Jaguar est la marque sœur de Land Rover, et ce E-Pace est un proche cousin technique du Range Rover Evoque. Land Rover ayant une réputation à tenir en ce qui concerne les capacités en tout-terrain, pas question donc de déroger à la transmission intégrale.

Du coup, le E-Pace P300e suit l’Evoque, avec un moteur électrique (de 109 ch) placé sur les roues arrière qui assure une transmission intégrale sans lien mécanique. Le constructeur annonce une autonomie en mode tout électrique de 55 km, grâce à une batterie de 15 kWh. Celle-ci, implantée sous le plancher au niveau de la banquette arrière, peut être rechargée en courant alternatif avec une puissance maximale de 7 kW ou en courant alternatif avec un port CCS Combo, qui autorise jusqu’à 32 kW.

Côté thermique, le E-Pace fait évidemment appel à un moteur de la famille Ingenium, développée par Jaguar-Land Rover. Il s’agit en l’occurrence d’un trois-cylindres essence de 1,5 litre, ici dans une version de 200 ch, pour une puissance totale cumulée avec le moteur électrique de 309 ch. Il est associé à une boîte automatique à huit rapports Aisin. Un alternodémarreur permet d’assurer la transmission intégrale, en envoyant du courant sur le train arrière, même lorsque la batterie est vide. Une configuration somme toute assez classique. Reste que tout cela pèse lourd : 2 098 kg, c’est énorme pour un engin de ce gabarit. Il faut dire que la plateforme n’est pas de toute première jeunesse, puisqu’elle descend de la Ford Focus de deuxième génération, lancée en… 2004 ! Les divers renforts ajoutés au fil des ans, pour supporter la présence d’une transmission intégrale et rigidifier la structure n’ont pas aidé à contenir la masse.

Au volant du Jaguar E-Pace P300e

Le Jaguar E-Pace hybride rechargeable reprend à l’identique la mécanique du Range Rover Evoque P300e… y compris en ce qui concerne le rapport de réduction du moteur électrique. Très court, celui-ci a été optimisé pour offrir la meilleure motricité à basse vitesse, en vue d’assurer une certaine sérénité en conditions difficiles. Ce qui se défend pour un Land Rover est peut-être moins pertinent pour un Jaguar. Certes, le E-Pace se défend plutôt bien en terrain difficile, mais est-ce le principal ? Car le revers de la médaille, ce sont les défauts déjà constatés sur l’Evoque, qui collent plutôt mal avec l’image sportive du Fauve de Coventry. Au-delà de 60 km/h, les reprises deviennent molles en mode électrique. Et en mode hybride, il semble également assez peu présent aux allures routières et autoroutières. Heureusement, le trois-cylindres affiche une belle santé pour un si petit moteur. Mais, en aucun cas, on n’a l’impression de relances en ligne avec les 309 ch revendiqués par la fiche technique.

L’autre déception concerne l’autonomie en mode électrique. Difficile d’espérer parcourir plus de 30 km sans réveiller le trois-cylindres, chose qui n’est possible que jusqu’à une vitesse de 135 km/h. La consommation apparaît également élevée en mode hybride : il est très difficile de descendre sous la barre des 10 l/100 km, un seuil que l’on dépasse allègrement sur un itinéraire vallonné ou en conduite un tant soit peu dynamique.

La motorisation n’est donc guère plus alerte que dans le Range Rover Evoque, mais les ingénieurs de Jaguar ont tout de même tenu à rendre ce E-Pace plutôt dynamique, grâce à des réglages de châssis spécifiques. Le train avant est mordant et la suspension plutôt souple aide à jouer des transferts de masse. Un exercice auquel ce SUV compact se prête de bon cœur, avec un arrière étonnamment joueur, qui accepte d’enrouler les virages au lever de pied. Le tempérament est donc bien différent de celui de l’Evoque, qui préfère rassurer son conducteur par sa stabilité. Ce dynamisme n’a pas de contrepartie sur le confort, tout à fait recommandable.

Pour conclure

Enfin, Jaguar peut espérer rencontrer le succès avec son E-Pace, grâce à cette version hybride rechargeable, la seule acceptable fiscalement. Tout n’est pas parfait, avec notamment une consommation élevée en mode hybride, et un moteur électrique qui répond un peu trop vite aux abonnés absents : le E-Pace aurait mérité un rapport de démultiplication plus long à l’arrière, pour favoriser les reprises plutôt que la motricité à basse vitesse. Le plaisir de conduire est tout de même au rendez-vous, grâce à un châssis bien mis au point. Mais l’anglais demeure cher, avec un tarif de base de 58 800 €. Si le nom de Jaguar a une aura qui pourrait le justifier, il ne faut pas oublier qu’elle a tout à construire dans cette catégorie des SUV compacts.


On a aimé
  • Châssis agile
  • Présentation soignée
  • Motricité remarquable
  • Fiscalité avantageuse
On a moins aimé
  • Consommation en mode hybride
  • Tarif élevé
  • Reprises quelconques
  • Autonomie électrique un peu faible

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