AccueilArticlesAlerte à la pollution : de qui se moque-t-on ?

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À compter d’aujourd’hui et pour une durée indéterminée, les services Vélib’ et Autolib’ sont gratuits. Il ne s’agit ni d’une opération marketing ni d’une offre promotionnelle mais d’une proposition visant à inciter les automobilistes parisiens à abandonner leur voiture pour leur déplacement dans la capitale. Bonne ou mauvaise idée ?

100 % démagogie – 0 % efficacité

Imaginer un instant que les 20 000 Vélib’ et 2 000 Autolib’ proposées aux franciliens, même gratuitement, soient en capacité d’apporter une contribution quelconque au problème de pollution de l’air – particules fines en tête – due aux 4 millions de voitures à pétrole et aux 1,5 millions de véhicules utilitaires légers (diesel) qui sillonnent chaque jour l’Ile-de-France, c’est un peu comme si on disait aux ménages qu’en installant des lampes à basse consommation chez eux, on réduirait significativement la part de l’électricité nucléaire dans le mix énergétique français. C’est prendre les gens pour des imbéciles.

Pourquoi cette affirmation ? Parce que déjà en temps normal, les services Vélib et Autolib’ sont utilisés par environ 100 000 usagers réguliers qui chaque jour ou presque, apportent leur petite contribution à la préservation de la qualité de l’air parisien. Compte tenu du taux de disponibilité de ce type de service (1 vélib’ est déjà utilisé en moyenne 7 fois par jour) et de la difficulté à assurer une bonne répartition des vélos aux heures de forte fréquentation, il serait vain de croire qu’en rendant le service gratuit les jours de pollution, la fréquentation puisse être multipliée par 4 d’un coup de baguette magique !

Mettre les décideurs face à leur contradiction

Tous les bons spécialistes du sujet vous le diront : la France paie cash ses années de politique acharnée en faveur du tout diesel.

Vu les températures records de ce mois de mars, difficile en effet de montrer du doigt le chauffage au bois ou je ne sais quel autre subterfuge du genre pour tenter de défendre l’indéfendable. L’air parisien, ainsi que celui d’autres grandes agglomérations françaises est de mauvaise qualité la faute à l’excès de véhicules diesel qui continuent d’y circuler en toute impunité, avec ou sans filtre à particules.

Détail qui tue : depuis près d’une semaine que les seuils maximum sont franchis, pas un seul article dans la presse quotidienne pour dénoncer la fiscalité outrageusement avantageuse dont continuent pourtant à jouir les utilisateurs de véhicules diesel, professionnels en tête. À croire qu’aucun journaliste n’est au courant de ce scandale qui encore aujourd’hui, permet à tous les professionnels ou presque de payer le litre de gazole 40% moins cher qu’un litre de SP95 qui servirait à alimenter un véhicule hybride-essence. Un constat d’autant plus amer que l’efficacité de la technologie hybride n’est plus à prouver lorsqu’il s’agit de réduire les émissions de polluant en milieu urbain.

La restriction de circulation comme point de passage obligé

Immobilisme oblige, la France fera bientôt partie des rares pays européens où il est encore possible de circuler sans aucune restriction à l’intérieur des grandes agglomération y compris au volant d’une vieille Clio diesel ou autre merveille du genre qui crache la mort à chaque accélération. Même dans une ville comme Paris qui jouit pourtant du réseau de transport en commun le plus performant d’Europe !

Qu’on se le dise : la France du XXème siècle n’a pas d’avenir dans celle du XXIème. Hélas, sur des sujets comme celui-ci, le rôle qui revient à nos (vieux) décideurs ancrés dans le passé reste décisif. Incapables qu’ils sont de proposer au pays une vision d’avenir enthousiaste qui consisterait par exemple à taxer plus les énergies fossiles importées qui plombent notre balance commerciale au bénéfice d’un allégement de taxe sur le travail et les énergies renouvelables made in local, la France continue donc de sombrer tranquillement et tant pis pour les conséquences à long terme de ces non-décisions, aussi importantes soient-elles…

Reste une rare mesure sur laquelle on peut peut-être encore espérer (???) dans un avenir relativement proche : la restriction de circulation à l’intérieur des zones urbaines particulièrement exposées à la pollution aux particules fines.

Tous les grandes villes qui ont mis en œuvre ce type de restriction ont constaté une baisse sensible des émissions de polluants à l’intérieur des zones réglementées. Parce que c’est la SEULE mesure à court terme capable d’apporter un début de réponse à la hauteur du problème.

Encore faut-il pouvoir compter sur des décideurs bien informés, courageux et responsables…

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