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3 000 km en Mercedes CLA : la meilleure électrique pour voyager loin et vite ?

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La Mercedes CLA promet une consommation record et des temps de voyage canon. On a vérifié les deux promesses à travers la France sur plus de 3 000 km.

Après de timides débuts sur la scène des voitures électriques, Mercedes passe la seconde sur la route de l’électrification totale de sa gamme. Si bien que la firme à l’Étoile s’est même amusée à électrifier le Mercedes Classe G, l’un des engins les plus déraisonnables du marché. Mais la firme de Stuttgart a aussi cette faculté à faire le grand écart comme aucune autre et sort désormais la Mercedes CLA. Au programme : une consommation qui rase le sol et une puissance de recharge qui crève le plafond. De quoi faire rougir la Tesla Model 3. Mais les promesses sont-elles tenues dans la réalité et sont-elles vraiment bénéfiques ?

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Pour y répondre, nous avons décidé d’épuiser la berline sur un parcours de plus de 3 000 km. Au menu : notre traditionnel et impitoyable Supertest (à venir dans nos colonnes), mais surtout un très long roadtrip de Paris à Menton avec, à l’aller, un parcours routier en prenant notre temps sur notre chère Nationale 7 et, au retour, un voyage express par la chère autoroute du Soleil. Le but ? Mettre à l’épreuve son efficience sur le réseau secondaire et mettre en lumière sa capacité à faire des voyages par l’autoroute une simple formalité.

De la porte d’Italie à la porte de l’Italie

Le rendez-vous est donné à l’étage -1 du parking couvert de la porte d’Italie, pour faire le plein à fond de la batterie de 85 kWh sur une borne Electra, par chance, c’est à préciser, compatible avec la CLA. L’occasion aussi de nous familiariser avec notre poste de travail pour les 3 000 km d’essai qui nous attendent et de paramétrer le système de navigation embarqué jusqu’à la frontière italienne, notre destination pour ce premier trajet.

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Éviter les autoroutes et les péages, taux de charge minimal devant les bornes et à l’arrivée… … la configuration du GPS est très intuitive et la planification ne tarde pas à tomber. D’après le système, une seule recharge rapide de 16 minutes est à prévoir sur les 16 h 20 et 956 km du trajet calculé. D’après les données communiquées, la voiture semble anticiper une consommation finale de 13,5 kWh/100 km. Prometteur. Mode Comfort activé et la climatisation en mode Auto à 20 °C, nous démarrons.

Comme toujours, il n’est pas vraiment nécessaire d’avoir des compétences en matière d’éco-conduite pour réduire au maximum la consommation d’une voiture sur le réseau secondaire. Les limitations de vitesse sont généralement favorables à l’autonomie. Ce n’est qu’au-delà des 80-90 km/h que la vitesse de rotation des machines électriques et la résistance aérodynamique font grimper la moyenne. C’est d’ailleurs pour pallier à ces contraintes physiques que la Mercedes CLA s’équipe d’une originale boîte à deux rapports à l’arrière.

La valse des rapports

Si les bénéfices sont — presque — palpables sur les voies rapides, c’est toutefois un peu moins le cas sur la route. En cause ? La transmission qui hésite en permanence entre les deux rapports aux vitesses d’évolution sur la Nationale 7. Si la demande en puissance n’est pas importante, ce qui est très souvent le cas ici, la boîte peut passer la seconde dès 60-70 km/h. Cela favorise logiquement les consommations, mais engourdit un tout petit peu la berline lors des relances, voire provoque une légère résistance au moment de rétrograder.

Soyons clairs : le comportement de la transmission n’a rien de gênant, et n’a absolument rien à voir avec celui du système hybride e-Tech de Renault par exemple. Surtout que cette activité mécanique n’est pas perceptible au quotidien. Portés par notre curiosité technique, avons-nous été plus attentifs qu’il n’en faut, ou perçoit-on plus facilement les changements à la longue sur cette superbe mais pas moins soporifique route ? Mystère. Cela étonne toutefois dans ce cocon de douceur qu’est l’habitacle de la Mercedes CLA, qui ne fait pas preuve d’un dynamisme tonitruant, mais qui offre ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer au volant sans compromettre le confort. À tel point que, sur la durée, ce sont davantage les ésotériques sonorités à l’accélération qui deviennent plus agaçantes.

On peut toutefois s’interroger sur l’impact réel de ces changements de rapports sur l’efficience. Une réflexion qui occupe l’esprit tout au long du trajet, même si elle restera sans doute existentielle, faute de pouvoir réaliser des mesures parfaitement précises. Quoi qu’il en soit, la Mercedes CLA fait preuve d’une remarquable sobriété. Au terme de cette première étape de 470 km jusqu’à Saint-Étienne via la Route Bleue, nous avons relevé une consommation moyenne de 13,4 kWh/100 km, avec encore 26 % de charge à l’arrivée. Un résultat équivalent à celui obtenu avec la Volkswagen ID.7 sur le même itinéraire, mais avec une température extérieure supérieure de 10 °C.

Des recharges hors autoroute incertaines

Si la voiture promettait encore 190 km d’autonomie en se basant sur notre consommation précédente (ou 210 km maximum), nous avons fait le choix d’une recharge en courant continu (11 kW) le temps d’une nuit, en temps masqué. Non pas que nous courons après le temps ou que les recharges rapides soient excessivement longues, au contraire. Mais l’absence de convertisseur de tension pour permettre les ravitaillements sur des bornes 400 V pourrait rapidement compliquer le voyage. Car, si elles sont rares sur les autoroutes où la CLA passera la majorité de son temps, elles sont encore courantes, sans jeu de mots, sur le réseau secondaire. Oubliez, par exemple, les bornes e-Totem du Palais des Bonbons de Montélimar, toutes incompatibles. Ou même n’importe quelle borne rapide d’une puissance de 50 kW.

Certes, la navigation embarquée semble faire la différence et évite au conducteur d’avoir à se pencher pour lire les fiches signalétiques. Mais, d’une part, le GPS n’hésite pas à prévoir des détours pour viser les bornes compatibles. Et, d’autre part, le système ne s’est pas montré vraiment précis, comme l’a révélé un test de curiosité : une borne Total, pourtant répertoriée avec une puissance de 300 kW, n’affichait qu’une puissance de 200 kW et ne pouvait pas débiter plus de 100 kW lors du ravitaillement ! Nous ne tirerons pas de conclusions définitives, mais la prudence est de mise en attendant l’arrivée en début d’année prochaine d’un convertisseur de tension qui peut être salvateur hors de l’autoroute.

Une Mercedes CLA sobre comme un chameau

C’est donc avec une batterie pleinement chargée que nous nous élançons dans la Vallée du Rhône, au profil de route toujours favorable aux consommations. Moins « roulante » que sur les rives de la Loire, cette partie sollicite aussi un peu moins la boîte et permet de saisir plus souvent le commodo de droite, haut perché, pour jouer avec les quatre modes de freinage régénératif.

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Au redoutable mode roue libre (D+), la Mercedes CLA apporte un mode One-Pedal (D-), dont la puissance de freinage demande un sérieux temps d’adaptation : dès 80 km/h, 96 m suffisent pour arrêter la voiture ! C’est très puissant, et on se retrouve très (trop) souvent à revenir au cran intermédiaire (D) pour éviter de trop perdre de la vitesse à l’approche d’un des nombreux ronds-points. Mais ce mode n’est pas vraiment situé entre les deux en matière de puissance de ralentissement et peut se montrer encore un peu trop puissant dans certaines situations. Reste qu’il se montre plus confortable que le quatrième mode Auto, à préférer pour faciliter la conduite lorsque le trafic se densifie, mais qui se révèle peu convaincant dans notre cas d’usage.

Si les traversées d’Avignon et d’Aix-en-Provence aux heures de pointe auront eu raison de notre très intéressante consommation de 11,5 kWh/100 km depuis notre départ, la suite du trajet vers le littoral aura permis de sauver les meubles. Le relief moins exigeant, le trafic très fluide et la température clémente (un maximum de 21 °C) ne peuvent être plus favorables à la consommation. Avec un pied léger et usant au maximum du freinage régénératif dans la descente menant de La Turbie à Menton, nous parvenons à faire passer le compteur sous les 12 kWh/100 km dans la dernière ligne droite, le long du port de Menton Garavan qui mène à la frontière italienne. C’est donc avec une moyenne de 11,9 kWh/100 km que nous arrivons à notre destination, après 550 km de parcours.

Au terme de ce très long périple de plus de 1 000 km, la Mercedes CLA 250+ a prouvé son niveau d’efficience, avec une moyenne finale de 12,7 kWh/100 km. Soit à peine moins que la consommation WLTP de cette version d’essai, créditée d’une valeur de 13,1 kWh/100 km (11,4 kWh/100 sans les pertes à la recharge). La berline allemande réalise alors un score très proche de la Volkswagen ID.7, qui avait bouclé le trajet avec une moyenne finale de 12,4 kWh/100 km, mais dans les conditions plus favorables de l’été.

La Mercedes CLA passe la « 2 »

Après une brève pause pour les troupes et la monture, nous avons donc planifié un retour à notre point de départ uniquement par l’autoroute. Oubliées les évolutions au rythme des poids-lourds, pour désormais les laisser s’éloigner dans les petits rétroviseurs extérieurs. Oublié l’esprit léger en fredonnant du Charles Trenet, et place à l’efficacité froide des voies rapides. Le planificateur d’itinéraire annonce rapidement la couleur : 8 heures et 30 minutes seront nécessaires pour boucler les 958 km de trajet, au cours duquel seulement deux recharges rapides sont à prévoir. La consommation estimée par le système ? Seulement 17,2 kWh/100 km !

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Le régulateur de vitesse adaptatif réglé aux limitations de vitesse (133 km/h compteur pour 130 km/h au GPS) et le second rapport de boîte enclenché en permanence, la Mercedes CLA fait défiler les kilomètres dans le plus grand des conforts. Nous avons à ce titre mesuré un niveau sonore à bord de 67 dB à la vitesse maximale sur autoroute. Un niveau très bas, tout comme la consommation, au ras des pâquerettes : à Aix-en-Provence, au bout de l’autoroute A8, le compteur indiquait un appétit de seulement 15,9 kWh/100 km. Bluffant !

De quoi envisager de très longues étapes sur autoroute sans se soucier de l’autonomie. Pour cette première partie, il a fallu parcourir près de 440 km à une moyenne de 16,8 kWh/100 km avant d  voir la batterie crier famine, ou presque, avec 14 % de charge restante. À ce taux de charge et avec une batterie suffisamment chaude grâce au système de préconditionnement automatique, la Mercedes CLA est capable d’aller chercher un pic de 350 kW….sur les 320 kW promis par la marque. De quoi atteindre les 80 % en 20 minutes.

A peine plus gourmande, avec une moyenne de 17,4 kWh/100 km, la seconde partie nous a permis de parcourir 357 km avant de rejoindre la seconde station de recharge. Un ravitaillement à 50 % pour 10 minutes d’immobilisation a été suffisant pour nous permettre de poser les roues de la CLA sur notre ligne d’arrivée avec 20 % de charge restante. Plus qu’il n’en faut avant de trouver une autre borne dans la capitale.

Seulement 30 minutes de recharge ont donc été nécessaires sur ce trajet de 945 km pour 8 heures et 23 minutes de roulage. Ce qui se traduit par une vitesse moyenne globale de 106 km/h, à peine supérieure à notre précédent record de 103 km/h décroché sur un Paris-Nice en Audi e-Tron GT RS. Côté consommation, la Mercedes CLA aura ingurgité 17,1 kWh/100 km seulement, soit un score très proche de l’estimation initiale du système. Au final, cet aller-retour de 1 965 km à travers la France s’est traduit par une consommation totale de 14,8 kWh/100 km.

La plus rapide des électriques pour voyager

Pour le deuxième chapitre de son aventure électrique, Mercedes n’a pas fait les choses à moitié. La marque a mis tout son savoir-faire au service d’une plateforme et d’un véhicule au niveau d’ingénierie poussé, conçus pour atteindre une efficacité optimale à tous les étages. Au cœur de ce dispositif se trouve la boîte de vitesses, qui complète l’aérodynamique soignée de la voiture et la performance de sa chaîne de traction dite 800 V.

En revanche, le comportement de la transmission sur route laisse perplexe. Les changements de rapports sont nombreux et pas toujours pertinents selon les situations. Cette activité soutenue des pignons a-t-elle une incidence négative sur la consommation ? Difficile à affirmer. Nous n’avons pas pu réaliser de mesures précises à vitesse stabilisée, rapports verrouillés, ni établir de comparaison directe avec une hypothétique CLA dotée d’un réducteur classique pour en avoir le cœur net. Mais rappelons toutefois qu’une boîte à crabots demeure, en théorie, bien plus efficiente qu’une boîte de vitesses traditionnelle.

Si l’on peut longuement débattre de la pertinence d’un tel choix technique, que nous jugeons cependant justifié, force est de constater que la sobriété atteint sans effort le niveau des meilleures électriques du moment, Tesla Model 3 Grande Autonomie Propulsion et Volkswagen ID.7 en tête. Certes, ces dernières conservent l’avantage en matière d’habitabilité, mais la berline de Stuttgart réplique avec un atout majeur : la rapidité de ses recharges. En clair, aucune autre voiture électrique ne permet aujourd’hui de voyager aussi vite. Pas même la très efficiente Lucid Air Grand Touring, ni le performant XPeng G6 restylé sur les bornes rapides. Voilà qui semble prometteur pour la future Mercedes Classe C électrique, qui reprendra toutes ces innovations.

Avec la CLA, Mercedes a une approche rafraîchissante sur le papier : pas de course à la puissance moteur ni à la taille de la batterie mais plutôt de l’efficience et une course à la puissance… de recharge. Et Soufyane vient de valider la théorie en conditions réelles. Faisant partie des sept finalistes de la Voiture de l’Année 2026, est-ce que vous pensez qu’elle mérite de remporter le titre ?
N’hésitez pas à nous le dire en commentaire !

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