Le prix des carburants à la pompe ne cesse de grimper

Souvenez-vous, c’était il y a tout juste 10 ans : le prix du litre d’essence s’affichait encore fièrement à moins de 1€/L en grandes surfaces contre moins de 0,80€/L pour le gazole.

L’automobiliste français, déjà accroc au gazole faute à une fiscalité carburant mal pensée, pouvait se payer le luxe de traverser la France avec moins de 50€ de carburant au volant d’une petite voiture Diesel fraîchement convertie au gazole haute pression.

A cette époque-là, il fallait s’armer d’une bonne dose de courage et de conviction pour expliquer les nombreuses vertus du 120 km/h maximum sur autoroute plutôt que le 150 devenu la « norme » jusqu’à l’arrivée des premiers radars automatiques. Franchir la porte d’une concession automobile en demandant au vendeur une voiture capable de moins de 120g. CO2/km s’apparentait davantage à un pari entre copains plutôt qu’à une question sérieuse. Les amateurs de belles voitures n’avaient d’yeux que pour le dernier 6 cylindres en ligne BMW offrant plus de 200 ch sous le capot, même en version Diesel, et au diable les plus de 200g. CO2/km en réel qui allaient avec…

Finalement, en 10 ans, il s’en est passé des choses ! Pas suffisamment pour infléchir la domination insolente de l’automobile dans le quotidien de millions de français mais des tendances continuent de s’affirmer et la mobilité durable grappille chaque jour un peu de terrain, surtout dans les grandes villes.

L’augmentation du prix des carburants n’y est évidemment pas étrangère, c’est même la principale cause des changements d’habitude et de comportements. Mais il faut aussi souligner l’évolution de la fiscalité française en matière de mobilité : malgré une fiscalité carburant qui continue de favoriser à l’excès les véhicules Diesel, beaucoup d’autres mesures ont permis un verdissement accéléré du parc automobile roulant : TVTS, bonus-malus, éco-taxe CO2, etc…

Grâce à cela, la France dispose désormais d’un des parcs automobiles les plus sobres au monde, une caractéristique trop peu vantée hélas. Et les incitations récentes en faveur des VEx1 devraient permettre de confirmer, voire d’accentuer encore cette position de leader mondial de l’automobile propre (?).

S’agissant des alternatives à la voiture individuelle qui constituent un passage obligé lorsque l’on parle de mobilité durable, là aussi, beaucoup d’initiatives intéressantes ont vu le jour sur le sol français durant ces 10 dernières années. Parmi les plus connues et/ou les plus médiatiques : Vélib’ et ses 30 000 vélos en libre service (!), de très loin le plus important parc de vélo en libre service au monde en 2012 ; la multiplication des projets de transports collectifs en site propre (TCSP) dans la plupart des grandes villes françaises ; l’explosion de la consommation collaborative dans le secteur des transports (Voiturelib’, covoiturage.fr, etc…)…

Il y a aussi l’arrivée de la nouvelle génération d’actifs qui contribue à accélérer les mutations en cours. Celle du tout Internet ou presque. En 2012, l’espoir de vendre une voiture neuve à un jeune actif de moins 30 ans, même à l’aise financièrement parlant, est devenu un événement presque aussi rare qu’une liste de promesses électorales tenues à l’issue d’un quinquennat. C’est quand même pas rien. Car c’est un fait désormais bien établi : entre remplir le réservoir d’une automobile à coup de dizaine d’euros ou naviguer sur le web à la recherche des meilleures alternatives transport existantes, la nouvelle génération semble avoir compris de quoi demain sera fait.

10 ans auront suffit à multiplier par 2 le prix des carburants à la pompe. Soit une augmentation moyenne annuelle de 7% environ. Un chiffre très supérieur à toutes les prévisions données au tout début de ce siècle par les pétroliers et les spécialistes du secteur énergétique.

Aujourd’hui personne n’est réellement capable de dire quel sera le prix d’un litre de carburant à la pompe dans 10 ans mais une chose est sûre : le passage imminent du fameux « pick oil » ne devrait pas ralentir la tendance.

Hélas, comme moi, plusieurs auront remarqué que cette question majeure a brillé par son absence durant toute la campagne présidentielle qui s’achève. Certains des candidats ayant préféré laisser la place à des questions de très courts termes aussi nauséabondes que médiocres. Espérons qu’une fois la campagne présidentielle et celles des législatives à venir seront passées, la nouvelle équipe au pouvoir s’attaquera enfin aux vrais enjeux de ce siècle pour offrir aux générations futures un avenir enthousiasmant, remplie de sobriété et de bon sens…