Le grand-prix de Formule E de Paris s’est terminé sur une victoire attendue du Suisse Sébastien Buemi pour Renault E-Dams au terme d’une course musclée. Mais au-delà de la compétition sportive, l’événement est aussi un moyen d’accélérer la recherche et de mettre en avant les technologies de la mobilité électrique. Autour du circuit des Invalides, le public a semblé surpris et impressionné par les performances.

« C’est un peu un rêve qui se réalise là , j’adore la F1 mais ça fait longtemps que je voulais la voir électrique ». Sur le chemin qui mène aux tribunes peu avant la course, l’enthousiasme se palpe à travers les bribes de conversations saisies dans le public. En face du garage Renault E-Dams sur la pitlane, un groupe d’enfants scande un chant de soutien improvisé à Sébastien Buemi en agitant des drapeaux tricolores. Plus loin, des hommes traversent la cour des Invalides d’un pas pressé vers les gradins pour réserver les meilleures places avant les qualifications.

La Spark-Renault ZE16 pilotée par Sébastien Buemi et Nicolas Prost

200 kw de puissance maximale en essais et qualifications

Aux premiers tours de pistes, la tribune pousse un soupir ébahi, comme surprise de voir ces monoplaces filer avec agilité à vive allure dans les virages. Certains n’avaient encore jamais entendu le sifflement caractéristique des moteurs électriques poussés à leur pleine capacité.

Les phases qualificatives sont, avec les essais libres, les seuls instants ou ces bolides sont autorisés à exploiter les 200 kilowatts de puissance plafonnée des moteurs. Pendant la course, le règlement interdit en effet de dépasser les 170 Kw.

De la glace carbonique pour refroidir les batteries

Au terme du superpole, la phase finale des qualifications, Sébastien Buemi décroche la pôle-position en arrivant premier avec seulement six-millième de seconde d’avance sur Jean-Eric Vergne. Les batteries, déjà mises à rude épreuve, sont refroidies au stand avec de la carboglace. Insérée dans le module, elle permet de créer un fluide d’air réfrigérant autour des cellules et des composants électriques surchauffés.

Au coup d’envoi de la course, les vingt monoplaces s’élancent dans le premier virage très serré sans encombre. Les pneumatiques 18 pouces spécialement conçus par Michelin pour la Formule E crissent fortement à chaque tournant.

Il n’a pas fallu beaucoup de temps à Sébastien Buemi pour partir loin en tête. Le pilote Suisse déjà vainqueur de la précédente édition survole la course, laissant des accrochages derrière lui. Le premier, un peu avant la demi-heure, d’Antonio Felix Da Costa sur­ Lucas Di Grassi. Da Costa doit quitter la compétition alors que les monoplaces sont bloquées derrière la Safety Car BMW i8 dont le moteur thermique est d’ailleurs trop souvent en fonctionnement.

Certains en profitent alors pour procéder à l’échange de véhicules réglementaire à mi-course. En effet, les batteries se rechargent en une heure et elles ne peuvent pas être échangées. Une nouvelle contrainte pourrait cependant changer la donne de la Formule E d’ici 2 ans.

La recharge ultra-rapide, nouveau défi de la Formule E pour 2018-2019

La cinquième édition du grand-prix de Formule E devrait comporter la charge ultra-rapide en course d’après Alejandro Agag, son directeur. Un nouveau défi technique de taille que les écuries devront remporter et qui va permettre d’accélérer la recherche dans ce domaine crucial pour le développement des véhicules électriques grand public. Les organisateurs devront probablement trouver un autre moyen que celui utilisé aujourd’hui pour se fournir en fortes puissances électriques.

Les monoplaces rechargées à l’ « Aquafuel », dérivé du biodiesel

Pour essayer de soigner le message de respect de l’environnement qu’elle veut véhiculer, la Formule E voyage de ville en ville avec ses générateurs « Aquafuel ». Pas certains que cette solution soit très écologique, les générateurs fonctionnant à la glycérine, un dérivé du bio-diesel et nécessitent d’être déplacés à chaque grand-prix. Difficile de savoir pourquoi la compétition ne se contente pas d’acheter de l’électricité « verte » aux fournisseurs d’électricité locaux.

 La ligne d’arrivée franchie derrière la Safety Car

La course s’est terminée derrière la voiture de sécurité après deux incidents: celui, surprenant, de Jean-Eric Vergne pourtant second sur le moment. La Techeetah qu’il pilotait a soudainement perdu son système de direction et fini sa course dans un bloc de béton heureusement à faible allure. En cas d’accident majeur, il aurait été contraint à évacuer le véhicule en sautant à pieds-joints sans jamais toucher le sol et la carrosserie en même temps conformément au règlement, afin d’éviter une électrisation.

La monoplace de Jean-Eric Vergne a fini sa course dans un bloc de béton

Un peu plus tard, c’est Lucas Di Grassi qui terminait dans le décor en plein virage suite a une erreur de pilotage cette fois-ci. Sébastien Buemi est sacré pour la 5e fois en tête du podium cette saison. En seconde position, José Maria Lopez de DS Virgin Racing et Nick Heidfeld de Mahindra pour la dernière marche.

Roborace et concepts-cars Français attirent la foule

Avant la course, le public a pu déambuler librement dans le e-village ou les constructeurs exposaient leurs véhicules et concepts électriques. Si d’habitude Tesla attire les foules, cette fois le Model X exposé n’a pas pu rivaliser face au concept E-Tense sur le stand DS ou le prototype Trezor chez Renault.

Le concept Trezor exposé sur le stand Renault

Le premier modèle de véhicule qui disputera la Roborace, sorte de « Formule E autonome » s’est aussi montré sur la piste. Encore en phase de réglages, l’étonnant engin évoluait à très faible allure et sous contrôle permanent d’un véhicule conduit à proximité. A terme, la Roborace précédera chaque grand-prix de Formule E.

Un véhicule sans pilote qui disputera la Roborace l’année prochaine