Il fait sa crise de la quarantaine un peu en avance et cela lui va bien ! L’Espace, grand monospace lancé en 1984, change de style et il assume pour cette sixième génération en adoptant les codes des D-SUV. Proposé en 5 et 7 places, il promet toujours une belle habitabilité à bord et une remise à niveau technologique bienvenue. Cela suffira-t-il pour autant à convaincre les familles nombreuses ? 

Après Arkana, Megane e-Tech et Austral il est temps pour l’Espace d’entrer dans le rang et de faire à son tour sa … Renaulution. C’est officiellement ce mardi 28 mars que le constructeur français dévoile la 6e génération de celui que vous ne l’appellerez plus “monospace” car les changements attendus sont désormais confirmés. Exit l’allure du grand monospace, spacieux. Trop gros, sans trop lourd pour ne pas affoler les bancs de mesures d’émission de CO2. Le monospace est surtout…passé de mode ! C’est pourquoi l’Espace devient, comme nous l’attendions, un grand SUV avec un style peut être un rien… germanique. Nous l’avons découvert à l’occasion d’une journée de présentation statique à la presse, en voici nos premières impressions.

Un sérieux lifting après (bientôt) 40 ans de carrière

Depuis son lancement en 1984 et au fil de six générations, l’Espace a naturellement subi différents changements qui ont impacté son allure, son poids, sa taille ou encore son confort de vie à bord.

La cinquième génération du monospace affichait déjà une certaine volonté de se “S.U.Visé” et avec la crise de la (presque) quarantaine, l’Espace assume désormais pleinement ce changement de style, qui le place d’ailleurs plus en ligne avec le reste de la fratrie.

Comprenez que nous pensons naturellement à l’Austral, testé en octobre dernier dans les colonnes d’Automobile Propre et qui ressemble vraiment beaucoup à cet Espace.

Une uniformité dans le design de la gamme qui peut plaire à beaucoup d’automobilistes qui aiment identifier une marque par leurs véhicules qui se suivent et se ressemblent. D’autres regretteront peut-être un manque d’imagination chez les équipes de Renault, résumant l’Espace 2023 à un Austral… en plus long.

Qu’on soit d’un avis ou d’un autre, le constat est sans appel, nous sommes là devant une forme de copier/coller entre ces deux SUV. Sur la proue d’abord, avec la même signature en forme C, des phares matriciels ratatinés, le même bas de caisse et un capot travaillé de la même manière. Dans la photo ci-dessus, la calandre de ce modèle en finition Iconic est habillée de barreaux en “noir grand brillant” (comme nous l’explique Agneta Dalhgren, à la tête du design du projet Espace), mais on retrouve sur la finition Esprit Alpine les mêmes inserts rectangulaires symbolisant les damiers d’un drapeau en référence au sport automobile.
Même constat sur les flancs avec deux carrosseries très proches. Des lignes tendues, des passages de roues un peu élargis, une hauteur de garde au sol importante (18 cm) et une ligne de toit plongeante vers l’arrière.

Ce qui change donc, ce sont ces 21 cm de plus pour l’Espace qui mesure 4,72 m de long contre 4,51 m pour l’Austral – largeur et hauteur sont les mêmes pour les deux modèles avec 2,08 m de large et 1,64 m de haut. Le porte-à-faux évolue inévitablement avec 1,05 m à l’arrière (contre 91,7 cm) pour l’Espace qui voit aussi son empattement étirée jusqu’à 2,74 m (contre 2,66 m) pour accueillir une troisième rangée de sièges permettant à l’Espace d’accueillir jusqu’à 7 passagers.

Une cure d’amaigrissement nécessaire

Des ressemblances côté design et châssis qui s’expliquent par ailleurs par le fait que tous les deux se partagent la même plateforme CMF-CD. Une architecture qu’on retrouve également sur les autres marques de l’alliance du côté de l’Xtrail pour Nissan et l’Outlander PHEV pour Mitsubishi.

Espace affiche un poids de 1587 kg en version 5 places et 1622 kg en configuration 7 places pour le premier niveau de finition à savoir “Techno”. Les finitions Esprit Alpine et Ionic accusent 1663 kg en version 5 places et 1678 kg en 7 places, notamment en raison des jantes en 20 pouces.

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Des données qui permettent à Renault d’annoncer un gain de poids pouvant atteindre 215 kg, par rapport à un modèle de cinquième génération équipé d’un moteur 2L DCi (diesel donc). Et aux porte-paroles de la marque d’ajouter “Et pourtant la 6e génération est mieux lotie sur les équipements“.

 

Lors de la présentation, Renault en a profité pour mettre des chiffres sur les quatre grands postes concernés par le gain de poids. Les détails seraient trop fastidieux à lister – cela équivaudrait, par exemple, à vous parler des quelques kilos gagnés par l’absence du réservoir d’urée (AdBlue) nécessaire à la motorisation diesel – mais on peut remarquer que le fait qu’il soit plus court a largement contribué cet allègement, comme l’adoption du nouveau moteur E-Tech Full Hybrid.

Motorisation E-Tech Full Hybrid : jusqu’à 1100 kilomètres avec un plein

Nous ne reviendrons pas en détail sur cette motorisation Renault E-Tech Full Hybrid que nous avons non seulement mise à l’épreuve à l’occasion de notre essai routier de l’Austral, mais sur laquelle nous avons aussi consacré un article et une vidéo explicative. La promesse technique ne change pas du côté de Renault, à savoir proposer une motorisation essence frugale et aux émissions de particules fines réduites par l’emploi de ses deux machines électriques couplées à une petite batterie de 2 kWh. En chiffres, le constructeur nous promet alors une consommation de 4,6 l/100 km selon le cycle mixte WLTP, des émissions de 104 grammes de CO2 au kilomètre et une endurance surprenante de 1100 km avec un plein de 55 litres.

Rappelons que la puissance de ce petit moteur trois cylindres 1.2L turbo (130 ch – 96 kW), cumulé aux moteurs électriques (56 kW ou 76 ch de puissance cumulée), est annoncée pour 200 chevaux en mode sport.

Là encore, notre essai d’Austral nous avait permis d’apprécier une auto réactive sans être nerveuse et surtout nous avions pu constater le travail réalisé sur le châssis qui s’est avéré des plus affûté pour un SUV. Avec un surpoids de quelques 146 kg en configuration 5 places et 181 kg en version 7 places, les chronos sont légèrement différents. Comptez un 0 à 100 km/h réalisé en 8,8 secondes pour l’Espace contre 8,4 secondes pour l’Austral, tous deux avec un couple de 410 Nm. Si la sportivité n’est sans doute pas l’un des critères d’achat de ce grand SUV, il faut espérer que les relances ne seront pas trop poussives avec 7 passagers à bord.

 

Dernier atout que nous mentionnerons pour l’Espace, cette plateforme CMF-CD peut bénéficier en option à la technologie 4Control Advanced plus connue sous le nom de “quatre roues directrices”. Testée et validée sur Austral, c’est nouvelle version permet d’orienter les roues de 1 degré dans l’alignement des roues avant à une vitesse supérieure à 50 km/h, mais aussi de 5 degrés (contre 3.5 degrés par le passé) dans le sens opposé à moindre allure pour améliorer l’agilité du véhicule. Renault annonce ainsi un rayon de braquage de 10,4 mètres entre trottoirs (11,6 mètres sur les versions 2 roues directrices), ce qui serait comparable à celui d’une Clio.

Un confort au top en 5 places, mais pas magique en configuration 7 places

Quoi qu’en disent les équipes de Renault, au fil de cette journée passée en studio à bord des versions 5 et 7 places de ce grand SUV, avec ses 4,72 m de long “seulement”, l’Espace ne peut pas faire de miracle dans sa configuration 7 places. Ainsi, même si le constructeur fait état “d’une habitabilité préservée”, le 3e rang peut vite devenir une punition pour les personnes de plus d’un mètre soixante – selon notre définition du confort acceptable.

L’accès y est compliqué et l’espace aux jambes encore plus si les passagers du rang 2 sont grands eux aussi. Et pourtant, Renault a visiblement tenté de faire au mieux en adoptant les quelques astuces qui vont bien. Une banquette de rang 2 coulissante sur pas moins de 22 cm, quand même ! À noter qu’il s’agit d’ailleurs d’une banquette (⅔ – ⅓ ) en deux parties et que le petit siège du milieu peut se rabattre pour faire office d’accoudoir. Vous pourriez apprécier aussi le fait qu’une fois ce siège centrale rabattue, il libère un accès partielle sur le coffre ce qui vous permettra de charger de plus longs volumes comme on le ferait avec la fameuse trappe à ski.

 

En vue d’optimiser l’espace de vie au 3e rang, les dossiers de la banquette du second rang sont inclinables sur plusieurs niveaux jusqu’à adopter une position très droite. Celle-ci n’est pas franchement confortable pour les passagers, mais elle permettra d’accueillir des sixième et septième passagers plus grands. En l’occurrence nous avons pu y loger notre mètre soixante-quinze bien portant, mais il est sûr qu’on ne ferait pas des centaines de kilomètres installés de la sorte.

Toujours dans cette configuration “famille nombreuse”, il ne faut pas compter non plus sur un volume de chargement important. Lorsque les deux sièges de rang 3 sont en place, il ne subsiste que quelques 160 litres entre les dossiers et le coffre. Renault a d’ailleurs fait le choix d’une lunette arrière très droite pour maximiser les chances de loger dans le coffre des bagages plus en hauteur.

Et puis, comme nous le disions, en parallèle de cet exercice imposé avec quelques contorsions, l’expérience en configuration 5 places est autrement plus dingue. La modularité évoquée du rang 2 évoqué plus haut devient un atout indiscutable. Bon, on ne comprend toujours pas que la place du milieu soit si étriquée et sans accès au coffre, mais on ne peut qu’apprécier le confort de cette finition Iconic et ses appui-têtes façon coussin. Oula que tout cela doit être cher !

Sachez que les volumes de chargement sont très confortables, mais pas record. Nous vous laissons prendre connaissance du tableau ci-dessus qui résume les nombreuses configurations possibles compte tenu de la modularité des banquettes et de la diversité des configurations.

Le plein d’équipements technos

Nous aurions encore bien des choses à partager autour de la découverte de ce nouvel Espace. Des choses peut être futiles, mais toujours très pratiques comme la disponibilité de deux prises USB Type C pour chaque rangée de la voiture (peut être en option), y compris pour le rang 3 ! Mais la vérité c’est que cet Espace est bel et bien un Austral rallongé, avec sensiblement les mêmes équipements technologiques et les mêmes promesses.

C’est pourquoi nous vous invitons à lire notre article sur l’essai d’Austral, ou visionner les vidéos (celles de l’Espace et d’Austral) pour comprendre les forces de faiblesses des équipements. Une chose est sûre, Renault semble avoir trouvé une recette qui lui convient pour son cockpit qui mélange la bonne dose de boutons physiques à une interface numérique agréable, efficace et sécurisante.

L’écran de 12,3 pouces derrière le volant et celui de 12 pouces en mode portrait au centre de la planche de bord, qui constituent ce que Renault appelle Open-R Link, répondent au standard de qualité attendu sur ce type de véhicule – a fortiori dépourvu de casquette sur la planche de bord pour masquer les reflets du soleil. Lumineux, bien lisibles et réactifs avec une interface Android Automotive qui répond quasi sans latence et avec une construction des menus qui, après un temps d’adaptation pour les moins technophiles, permet de manipuler son système sans trop réfléchir. Renault pointe également quelques partenariats exclusifs, notamment avec Amazon Music pour vous offrir 6 mois d’accès au service Premium, mais aussi et surtout celui passé avec Waze puisque la marque au losange propose directement l’intégration de l’application de navigation dans Open-R Link. A en croire Renault, ce serait une exclusivité.

La longue liste d’options permettra aux clients ayant le plus de budget de cocher quelques équipements supplémentaire qui devraient faire leur petit effet : on pense notamment au système Hi-Fi Harman Kardon composé de 12 haut-parleurs ou encore du système d’affichage tête haute avec projection dans le pare-brise. N’oublions pas les nombreuses technologies d’aide à la conduite allant de la caméra de recul, à la vue aérienne à 360 degrés jusqu’aux technologies de régulateur de vitesse adaptatif et système de maintien de cap.

S’il nous fallait résumer notre découverte d’Espace, nous dirions que ce n’est pas avec ce modèle que Renault aura réussi à nous surprendre. Quitte à titiller un peu les esprits, nous dirions même que les équipes ne se sont pas trop foulée pour créer ce grand SUV qui ressemble bien trop à un Austral rallongé. C’est peut-être sous-estimé les contraintes que la marque s’est imposée pour abaisser le poids et ainsi réduire la consommation de carburant et les émissions. Est-il raté ? C’est une affaire de goût, mais de notre point de vue, pas vraiment. Pour autant il n’en reste pas moins qu’une fois nous lui avons tourné le dos, nous sommes assez vite passés à autre chose, avec en tête, une impression de déjà vue. Vivement la présentation du Renault Scénic en 2024 qui sera lui proposé en 100% électrique et issue d’un concept-car qui promet certaines excentricités qui pourraient faire la différence.

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