La grogne monte chez les actionnaires de Toyota face à la politique du constructeur sur les voitures électriques. Ils pointent du doigt le dirigeant de la marque pour ses propos trop favorables à la voiture thermique. 

PDG du groupe, Akio Toyoda a en effet critiqué la volonté de son pays de bannir les moteurs thermiques en 2035. Une déclaration qu’il a prononcée en tant que directeur de l’Association Japonaise des Constructeurs Automobiles.

« Ce dont le Japon a besoin, c’est étendre ses options en matière de technologies. Je pense que les règles et législations devraient suivre après. La loi qui bannit les moteurs à essence ou diesel dès le début limiterait ces options », a-t-il déclaré.

Des propos en décalage avec les récentes déclarations de la marque. Déjà sous pression des investisseurs, Toyota avait promis à la fin du mois d’avril de se conformer aux Accords de Paris sur le climat. Une promesse qui concernait notamment la communication de la marque au sujet de ses activités et des technologies plus propres.

Les investisseurs avaient tout de même exprimé leur scepticisme, espérant qu’Akio Toyoda ne fasse pas seulement de la communication. « Cela ne doit pas être un exercice de relations publiques », avait prévenu Jens Munch Holst, PDG du fonds AkademikerPension. « Cela doit signaler clairement la fin de son rôle dans le lobbying négatif au sujet du climat donnant au constructeur une image de traînard. »

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Une volte-face de Toyota qui ne passe pas

Malheureusement, les nouveaux propos de Toyoda ont donné raison à Munch Holst. Le PDG d’AkademikerPension a donc repris la parole pour alerter de nouveau son homologue de Toyota. « Nous sommes réellement inquiets à l’idée que M. Toyoda ne semble pas réaliser ce qui est en jeu », a-t-il déclaré.

L’agence Reuters révèle que le fonds de pension danois a promis des mesures si Toyota ne changeait pas sa vision des choses. Des décisions qui pourraient aller jusqu’à la vente des parts possédées par le fonds.

Mais la pression pour le constructeur japonais ne vient pas que de Munch Holst et de son entreprise. Cinq actionnaires ont commenté les propos de Toyoda et ont tous alerté sur la perte possible de compétitivité de la marque.

« En tant qu’actionnaires de Toyota, nous sommes activement impliqués avec Toyota et avons reçu leur assurance que les activités de lobbying seraient revues cette année », a déclaré Jan Erik Saugestad, PDG de Storebrand Asset Management, un autre actionnaire du groupe. « L’électrification complète des transports est vitale si l’on veut atteindre les objectifs climatiques. Toyota devrait mener cet assaut plutôt que de prolonger la fabrication de moteurs à combustion et donner des parts de marché aux autres constructeurs », a-t-il poursuivi.

Autrefois leader de l’électrification grâce à une technologie hybride dont il fut l’inventeur, Toyota traîne aujourd’hui la patte pour se lancer dans le « zéro émission ». Aussi, la marque a récemment temporisé les objectifs du gouvernement américain en matière de voiture électrique. Compte tenu de l’inquiétude des actionnaires, il faudra sûrement plus que la sortie d’un premier SUV électrique pour les rassurer.