De nombreux utilisateurs de voitures électriques seront sur les routes cet été pour rejoindre leur lieu de vacances. Le réseau de recharge pourra-t-il supporter cet afflux ?

Entre la diversification de l’offre, la baisse des prix et les nombreuses mesures incitatives, la voiture électrique connaît en France une croissance exponentielle. Entre septembre 2020 et juin 2021, plus de 120 000 nouvelles voitures électriques ont été immatriculées dans l’Hexagone. Du côté des bornes à charge rapide, le bilan est en demi-teinte. Si leur déploiement n’est pas en adéquation avec l’évolution du marché, de beaux progrès ont été réalisés en un an. Cela sera-t-il suffisant pour voyager en toute sérénité cet été ?

42 % des aires d’autoroute équipées

Publié en mai 2021, le dernier baromètre de l’Avere France chiffrait à 2 771 le nombre de points de charge rapide en France (DC > 24 kW). Parmi eux, 1 111 sont dotés d’une puissance supérieure à 150 kW. Sur les aires d’autoroutes, le réseau Ionity est sans doute celui qui se déploie le plus rapidement. Financé par les constructeurs automobiles, le consortium compte désormais une cinquantaine de stations opérationnelles en France. Chacune propose plusieurs points de charge. Si la configuration paraît idéale, certaines localisations pourraient tout de même arriver à saturation compte tenu de l’affluence attendue sur les deux mois estivaux, notamment lors des redoutés week-ends de chassé-croisé.

« Sur le réseau de charge rapide, on se doute qu’il va y avoir des points de tension », reconnaît Cécile Goubet, Déléguée Générale de l’Avere France. « S’il faut encore un grand coup d’accélérateur, nous sommes néanmoins satisfaits de ce qui a été mis en place cette année. En mars 2021, nous étions à 28 % des aires équipées sur le réseau concédé. Nous sommes désormais à 42 % ! Les obligations qui ont été prises pour l’équipement des aires de service à fin 2023 ont été un véritable levier. Aujourd’hui, toutes les demandes de raccordement sont faites. Il y a toutefois des délais incompressibles, notamment vis-à-vis des procédures d’appels d’offres. La dynamique est en marche, il faut maintenant que les stations sortent de terre ».

Figurant parmi les réseaux les plus avancés en France, Ionity compte désormais une cinquantaine de stations opérationnelles en France. La plupart sont situées sur les aires d’autoroute.

Des tensions à prévoir hors réseau autoroutier

Au-delà des autoroutes, c’est aussi sur les routes nationales et départementales que le réseau risque d’être mis à rude épreuve. Dans les territoires, ce sont souvent les syndicats d’énergie qui ont porté les déploiements, mais avec des configurations « mono borne » pas vraiment calibrées en cas de forte affluence.

Le long des routes nationales et départementales, de nombreux syndicats d’énergie proposent des bornes de recharge rapide. Malheureusement, la configuration « mono borne » risque d’entraîner un temps d’attente en cas de forte affluence.

Autre problématique : celle de la recharge à destination. Les utilisateurs qui font habituellement le plein à leur domicile auront besoin de solutions pour charger leur voiture sur leur lieu de villégiature. Si celles et ceux qui passent leurs vacances en camping pourront toujours recourir au système D, certains propriétaires n’auront d’autres choix que de se charger sur les bornes lentes et accélérées déployées sur la voie publique. Un réseau qu’il faudra partager avec les hybrides rechargeables dont les ventes ont également explosé cette année. Les zones côtières, où l’affluence touristique est la plus forte, seront sans doute les plus impactées.

Tesla : le réseau Superchargeur mieux préparé ?

Devenue la voiture électrique la plus vendue en France, la Tesla Model 3 a été écoulée à plus de 13 000 exemplaires depuis le début de l’année. Autant de nouveaux propriétaires qui ne manqueront pas de tester le réseau superchargeurs sur la route des grandes vacances.

« Il est évident qu’il y aura des points de congestion, notamment à l’heure de la pause déjeuner où les arrêts sont fréquents », reconnaît un porte-parole de la marque. « Cela arrive aussi sur certaines stations-service l’été », nuance-t-il.

Le réseau de superchargeurs s’est également musclé en France, passant de 640 points de charge répartis sur 74 stations en juin 2020 à 94 stations et 870 points de charge à date. Outre l’ouverture de nouvelles stations, le constructeur a également augmenté le nombre de bornes sur les stations les plus fréquentées. Ainsi, le superchargeur de Clermont-Ferrand a récemment reçu 8 nouvelles bornes tandis que ceux de Brive et d’Orange en ont respectivement intégré 12 et 8 de plus.

Ce qui change la donne, c’est aussi l’arrivée des superchargeurs V3. Encore inexistante dans l’Hexagone il y a un an, cette nouvelle génération de bornes ultrarapides porte la puissance de charge maximale à 250 kW. C’est 100 kW de plus que les superchargeurs V2, plafonnés à 150 kW. Généralisés aux nouvelles stations et à l’ensemble des travaux d’extension, ces nouveaux chargeurs haute puissance réduisent le temps de charge et accélèrent par conséquent la rotation des véhicules. Un turn-over d’autant plus efficace que le constructeur facture des « frais d’occupation injustifiée » (0,50 €/min) si la voiture n’est pas débranchée rapidement une fois la recharge terminée.

Des périodes à éviter

Y aura-t-il des tensions sur les bornes de charge cet été ? Sans doute, mais le phénomène restera concentré sur certaines périodes et en particulier celles identifiées par Bison Futé. Si vous avez la possibilité, mieux vaut éviter les départs le samedi. Idem pour le chassé-croisé entre « juillettistes » et « aoûtiens », qui tombera cette année le week-end du 31 juillet et 1er août.

Et vous ? Comment appréhendez-vous cet été 2021 en voiture électrique ? Craignez-vous un afflux d’utilisateurs ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !

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