Quand on souhaite faire l’acquisition d’un véhicule électrique, la première question qui vient souvent à l’esprit est : quelle est son autonomie ? Nombre de reportages « testent » les autonomies annoncées par les constructeurs en échouant à chaque fois. Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait que cette « promesse » ne peut pas être tenue ?

Comment est calculée l’autonomie annoncée ?

Pour pouvoir comparer la consommation de deux véhicules il faut pouvoir reproduire des conditions de roulage aussi identique que possible. C’est pourquoi, autour des années 1970, la Communauté Economique Européenne lance une directive (70/220/CEE) décrivant un cycle de conduite qui servira d’étalon pour comparer la consommation de carburant et plus tard les émissions de polluants des véhicules vendus sur le territoire des états membres. Ce cycle est toujours en vigueur en 2016.

Le cycle NEDC, pour New European Driving Cycle ou Nouveau (à l’époque) Cycle de Conduite Européen, est constitué de 4 cycles à basse vitesse simulant un cycle urbain et un cycle à « grande » vitesse simulant un cycle extra-urbain.

Figure 1 : Consigne de vitesse dans le temps du cycle NEDC – crédit : www.guillaumedarding.fr

Le véhicule dont on veut mesurer la consommation est généralement placé dans une pièce dont la température de l’air est contrôlée, sur un banc à rouleaux programmé pour simuler la résistance au roulement du véhicule et les frottements de l’air sur ce dernier. Une personne spécialement formée, ou un robot est placé dans le véhicule et le pilote de façon à suivre scrupuleusement la consigne de vitesse.

A l’issue des 20 minutes de conduite, la consommation totale est mesurée, tout comme les gaz rejetés pour les véhicules à moteur à combustion. Pour les véhicules électriques, cette consommation est directement convertie en autonomie par une règle de trois avec la capacité de la batterie.

Pourquoi l’autonomie annoncée n’est-elle pas réaliste ?

Si l’on regarde de plus près la consigne de vitesse du NEDC, on voit que les accélérations demandées au véhicule sont très faible. Par exemple dans le cycle urbain, le passage de 0 à 50 km/h doit s’effectuer en pratiquement 18 secondes. C’est très long et donc particulièrement favorable aux véhicules à moteur thermique puissant ou électrique. Autre (dés)avantage pour les véhicules électriques, les décélérations sont tout aussi lentes ce qui favorise grandement la recharge de la batterie par récupération d’énergie. Au bout du test, avec l’énergie récupérée, la consommation relevée est très faible.

Dans la réalité, personne ne prend 18 secondes pour passer de 0 à 50 km/h. Pire, le véhicule étant testé dans un local fermé à 25 °C +/- 5°C, ce test ne prend pas en compte le vent contraire, le dénivelé de la route ni les éventuelles intempéries nécessitant l’allumage du chauffage, des feux et des essuie-glaces…

La faute aux constructeurs ?

Pas vraiment, le NEDC est le seul cycle d’homologation européen valable aujourd’hui. Les constructeurs sont donc obligés de l’utiliser pour vendre des véhicules en Europe. Les consommations qu’ils annoncent issues du cycle NEDC sont donc les plus indépendantes.

Que l’on se rassure, les consommations NEDC annoncées pour les véhicules essence ou diésel sont aussi difficilement atteignables que l’autonomie NEDC d’un véhicule électrique. Qui prétendrait pouvoir faire 1363 km avec une Clio à 130 km/h ?

De plus, un nouveau cycle d’homologation européen doit voir le jour en 2017 : le WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures). Ce cycle, théoriquement plus réaliste en termes de profile d’accélération aura cette fois une portée mondiale. Mais il n’en reste pas moins un test en laboratoire.

Alors comment connaître l’autonomie réelle d’un véhicule électrique ?

L’expérience des conducteurs -de plus en plus nombreux- de véhicules électriques a permis de dégager une règle générale, celle du 80-50 expliquée par Yoann dans la vidéo ci-dessous.

Cette règle dit que dans les meilleures conditions, vous obtiendrez une autonomie réelle d’environ 80% de l’autonomie NEDC, tandis que dans les conditions les plus défavorables, hiver ou autoroute par exemple, vous obtiendrez environ 50% de l’autonomie NEDC.

Pour plus de détails, vous pouvez aussi consulter notre grand dossier : L’autonomie d’une voiture électrique.