Notre lecteur Nicolas avec sa Peugeot e-208

A l’opposé des articles alarmistes sur le sujet, et au bout d’un périple de 2 500 km en trois semaines, notre lecteur suisse prouve que l’électrique est désormais bien adapté pour les vacances. Y compris dans d’anciennes zones délicates, comme le département de la Creuse.

En électrique depuis 10 ans

Installé en Suisse depuis une vingtaine d’années, Nicolas est un passionné d’automobiles : « Ce n’est pas la technique au niveau de la motorisation qui m’intéresse, mais plutôt les aspects technologiques, en particulier ceux qui se rapprochent de mon métier d’informaticien. J’aime bien conduire, surtout si la voiture est confortable ».

Avant de passer à l’électrique, il a possédé des modèles qui ont certainement fait rêver d’autres automobilistes : « J’ai eu par exemple un coupé Peugeot 406, une BMW Série 3 et une Audi A3. Je trouve le style de la Peugeot 208 vraiment intéressant. On en voit pas mal en France, pas forcément des électriques ».

S’il roule depuis six mois avec la version branchée de cette polyvalente du Lion, le VE n’est pas une nouveauté pour lui : « J’ai commencé il y a une dizaine d’années avec une Peugeot iOn. Puis j’ai eu une Nissan Leaf 2 40 kWh que je trouvais très jolie et confortable, malheureusement desservie par le standard de recharge rapide CHAdeMO. Entre elle et la 208, j’avais pris une Renault Twingo électrique ».

Le choix d’un cycliste

Les raisons de passer à l’électromobilité sont diverses. Notre lecteur en a une qui se comprend aussi parfaitement : « Si j’ai décidé de passer à la voiture électrique, c’est pour ne plus émettre de gaz sur mon passage. Je suis cycliste. Je n’aime pas être dépassé par des diesel qui me coupent la respiration. J’ai estimé qu’en adoptant le VE je participais à réduire la pollution sonore et atmosphérique. C’est d’abord une conviction personnelle plutôt que des certitudes ».

Pour Nicolas, l’électrique n’est pas une raison pour se relâcher au volant : « J’ai une conduite très posée. Je suis toujours en Mode Eco, sélection B. Dans ces conditions, la Peugeot e-208 est très douce à conduire. Aux autoroutes, je préfère rouler sur le réseau secondaire dont les descentes me permettent de régénérer plus souvent la batterie. C’est pour cela que j’ai une consommation moyenne de 13,2 kWh/100 km. Dans ma vie de tous les jours, je peux compter sur 360-370 km d’autonomie sur un plein complet ».

Compteur de Peugeot e-208

La notion d’éco-conduite n’est pas une nouveauté pour lui : « Je faisais déjà attention avec mes voitures thermiques. En outre, en Suisse, les autoroutes sont vite saturées, avec des vitesses moyennes pas aussi élevées qu’en France. C’est déjà bien de rouler à 100 km/h dessus ».

Une mauvaise première expérience

Nicolas avait déjà tenté les vacances en voiture électrique. Il n’en gardait pas un bon souvenir : « C’était avec la Nissan Leaf. Un cauchemar absolu ! Il ma fallu deux jours pour parcourir les 600 kilomètres. Sur ce modèle, l’autonomie peut vite baisser, surtout lorsqu’il fait froid. C’est vraiment désagréable. Refroidi par cette mauvais expérience, soit je prenais le train, soit je louais une voiture thermique ».

En quelques années, la situation s’est vraiment améliorée : « En France, le parc des bornes de recharge a bien évolué. J’ai pu le constater en lisant des articles, en particulier sur Automobile Propre. Muni de mon badge Chargemap, j’ai d’abord testé deux ou trois parcours pour me rassurer ».

Puis ce fut le grand départ, pour un séjour qui a couvert les trois dernières semaines de juin 2023 : « Mon chez moi, c’est la Suisse. J’habite Payerne, situé sur un plateau entre le Jura et les Alpes. Je me suis fait un roadtrip de 2 500 kilomètres, en prenant mon temps, pour aller jusque Biarritz en passant par Périgueux, et en remontant au retour par la Creuse ».

170 euros d’économisés en boudant les autoroutes

« Encore plus qu’en Suisse, je ne tiens pas à prendre les autoroutes en France. Elles sont chères, avec des restaurants plutôt pas terribles et sans réels contacts sociaux. En outre, les voitures électriques n’y sont pas forcément à l’aise. A 130 km/h, la Peugeot e-208 peut se montrer très énergivore. J’ai économisé 170 euros en ne voyageant pas sur ces voies rapides », chiffre Nicolas.

Le tourisme, c’est aussi prendre son temps : « Emprunter les routes départementales m’a fait découvrir la France de la meilleure des manières. J’ai ainsi pu profiter des paysages, des jolis petits villages et des auberges généralement bien accueillantes ».

La Peugeot e-208 de Nicolas

Le risque, en prenant l’autoroute, c’est aussi de devoir payer la recharge plus cher : « J’ai calculé que j’ai dépensé au minimum deux fois moins avec ma Peugeot e-208 que si j’avais réalisé ce périple avec une voiture thermique. J’ai payé 120 euros en recharge. Ce qui m’a à nouveau fait économiser 120 euros, soit un total de 290 euros en tenant compte des frais de péage sur les autoroutes que je n’ai pas eu à verser ».

La recharge en France

Le roadtrip n’avait plutôt pas trop bien commencé au niveau de la recharge : « Le premier jour était celui des bornes récalcitrantes. Pas une ne fonctionnait sur les trois où j’ai voulu brancher la Peugeot e-208. Les deux premières dépendaient de réseaux départementaux. La dernière, c’était chez Total. J’étais pourtant content d’y venir, car la station était abritée. Sur les quatre chargeurs haute puissance, trois étaient déjà hors service. Le quatrième a rendu l’âme quand j’ai voulu l’utiliser. Pourtant ça coûte les yeux de la tête chez eux ».

Plutôt optimiste et positif, Nicolas a relativisé : « Je me suis dit que je pourrais me brancher en arrivant à destination. Ensuite, globalement, ça s’est bien passé. J’ai parfois été très surpris par les tarifs, notamment dans un hôtel Ibis, celui de Biarritz, où l’heure de recharge était facturée huit euros, pour une puissance constatée de 7 kW, alors que ma Peugeot e-208 embarque le 11 kW ».

Pour ne pas payer trop cher, notre lecture a fait un choix : « J’ai visé les bornes rapides Lidl à 0,25 euro du kilowattheure. J’avais tout de même une petite appréhension car un média mettait en doute la fiabilité de ce réseau. Je n’y ai jamais rencontré de problème et la puissance était parfaite pour ma voiture ».

Bravo pour le réseau de recharge français

« A l’occasion, j’ai exploité aussi une fois ou deux les stations Tesla. J’essayais toujours de limiter le niveau de recharge à 80 %, en me branchant autour des 20 %. Ce qui me permettait de retrouver 250-260 km d’autonomie sur le réseau secondaire. Avouez que c’est tout de même bien mieux que sur les autoroutes. La recharge la plus courte n’a pris que 15 minutes. A l’opposé, 33 minutes ont été nécessaires pour la plus longue ».

Ce voyage lui a permis d’établir un constat : « Par rapport à 3 ou 4 ans en arrière, c’est beaucoup moins stressant aujourd’hui de voyager et de partir en vacances en voiture électrique en France. La peur de tomber en panne d’énergie est bien moins présente. Votre pays est vraiment très bien équipé en bornes. Même dans les anciennes zones blanches comme le Périgord noir ou le Pays basque où je n’ai rencontré aucun problème. En Creuse aussi il y a des bornes rapides, à Guéret et Aubusson ».

Ce qu’il résume en : « Bravo ! C’est mieux qu’en Suisse ou dans d’autres pays comme l’Espagne ou l’Italie. Quelqu’un de la boîte est allé pour ses vacances dans ce dernier : il était content d’avoir pris une thermique à la place de son électrique. Là où les réseaux sont satisfaisants aussi, c’est en Allemagne et dans les pays scandinaves ».

Une expérience, pas une vérité

Si Nicolas n’a pas hésité à témoigner de son appréciation du réseau de recharge français, il n’est pas du genre à se montrer certain et définitif : « Je conseille bien sûr d’utiliser sa voiture électrique pour partir en vacances. Mais ça va aussi dépendre de la manière de vivre ce moment. Pour un roadtrip, c’est parfait, il y a tout ce qu’il faut pour avancer tranquillement sur les routes secondaires. S’il faut prendre l’autoroute, que l’on n’a pas l’habitude et que l’on voyage en famille, là je ne peux pas dire comment ça serait gérable ».

Il a remarqué : « En France, vous avez beaucoup d’opérateurs différents. Même sur les autoroutes. Dans mon pays, ils ne sont que trois ou quatre. Il s’agit de sociétés locales d’énergie qui ont équipé de plus en plus d’aires de service. Ainsi le groupe E sur le secteur de Fribourg. C’est l’équivalent de votre EDF ».

La Peugeot e-208

Notre lecteur ressent un grand attachement pour sa Peugeot e-208 : « Je suis véritablement fan de cette voiture. Elle est au top et me rend heureux. J’avais aussi regardé la Renault Megane. Son interface Google complète flatte mon côté informaticien. J’aime bien aussi la technologie Tesla, mais je n’accroche pas sur le design. J’avoue que les voitures françaises m’attirent davantage ».

La Peugeot e-208 de Nicolas

Sur la Peugeot e-208, cet environnement est moins abouti : « L’application, je n’ai jamais vu ça, est horriblement lente. Il faut se reconnecter tout le temps, et on a le temps de faire pas mal de kilomètres avant que ce soit opérationnel. Ca peut vite vous pourrir la vie. On voit que le système n’est pas fait pour l’électrique. Le GPS vous indique par exemple qu’un trajet de 600 km ne vous prendra que huit heures ».

Mais Nicolas sait voir au-delà de ces systèmes perfectibles : « J’éprouve un vrai plaisir à conduire cette voiture. Sur les petites routes et dans les virages, elle colle vraiment à l’asphalte. C’est vraiment agréable, même en ne roulant pas bien vite. La taille de cette voiture me convient parfaitement. En associant Mode Eco à la sélection B, on à presque un One-Pedal, même si ça ne va pas jusqu’à l’arrêt complet. Et puis j’aime ce petit volant qui, je le sais, ne plaît pas à tout le monde ».

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Nicolas pour son témoignage éclairé concernant le réseau de recharge en France et la possibilité de partir en vacances avec une voiture électrique. Pour précision : ne voyez pas dans l’exemple de la Creuse l’idée de se moquer d’un département. Notre témoin y puise une partie de ses origines et l’apprécie beaucoup. Et moi aussi. Un vrai plaisir de discuter avec un lecteur qui connaît Blessac, Saint-Georges-la-Pouge et Saint-Sulpice-les-champs.