Opel Corsa-e

Nombre d’automobilistes ont connu la galère des retards pour recevoir leur voiture électrique. La situation peut-être pire encore pour les collaborateurs des constructeurs. Ainsi pour Sophie et Michel qui ont dû faire face à bien des soucis pour recevoir leur Opel Corsa : mauvais renseignements, délai d’attente, fausses joies, version différente, équipements manquants, absence de réponse, panne, etc.

On démarre avec une situation rêvée

Guidés par des raisons économiques, Sophie et Michel ont voulu profiter de leur situation fiscale pour passer à l’électrique avec une Opel Corsa-e. Travaillant en plus pour le groupe Stellantis, le couple cochait toutes les cases pour obtenir le véhicule à un très bon prix : remise collaborateur de 16 %, bonus maximal, prime à la conversion au plus haut en se débarrassant d’une ancienne berline diesel, etc.

« Le niveau de la remise collaborateur est fluctuant et dépend de la marque. Pour une Peugeot, rien n’était proposé par exemple. Ce qui n’a pas été un problème, car nous n’accrochions pas avec la e-208. Nous souhaitions une Corsa électrique », précise Sophie.

Dès le départ, la procédure d’achat n’a pas été très nette : « Comme collaborateurs, nous devions passer par un site Internet spécifique recensant au moyen de fiches articles les modèles commercialisés. Le passage à l’électrique, c’est une étape qui n’est pas simple. Parmi nos craintes, une évolution de la technologie sur les batteries qui pourrait nuire ultérieurement au prix de revente  », complète Michel.

Problème de prime à la conversion

Après avoir choisi le véhicule qui leur convenait, le couple s’est rendu à la concession dépendant de leur lieu d’habitation : « C’était la procédure début février 2022, quand nous avons voulu passer notre commande. En arrivant sur place, nous nous sommes aperçus que les fiches articles n’étaient pas entièrement fidèles à la réalité, avec des différences sur les équipements. Par exemple des vitres électriques qui ne l’étaient plus, des dimensions de jantes différentes, etc. ».

Et puis il y a eu ce couac concernant la prime à la conversion : « Lors de notre visite à la concession, notre éligibilité à la prime à la conversion ne faisait aucun doute. Mais 2 jours plus tard, on nous a appelés pour venir signer le papier spécifique. Un oubli. Là, on nous annonce que nous n’avons pas le droit à cette prime au prétexte que l’un de nous en a bénéficié en 2019 ».

C’était pour l’achat d’une voiture thermique bien moins émissive. Grosse déception, donc, dans le couple : « Finissant par croire ce que l’on nous disait à la concession, nous avons annulé la commande. Plus tard, nous avons eu la confirmation que chacun de nous pouvait bien prétendre à cette prime ».

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Situation décisive

Bien vite, Sophie et Michel ont estimé qu’il valait mieux ne plus attendre pour passer à l’électrique : « La guerre en Ukraine était là, le prix des carburants grimpait, ainsi que celui des véhicules, même en occasion. Nous avons alors pensé que ça ne pourrait qu’empirer, et avons signé pour la Corsa-e au tout début mars 2022, en nous disant que nous la revendrions l’année suivante pour enfin profiter de la prime à la conversion qu’on nous refusait ».

Lors de la conclusion de l’achat, le 10 juin 2022 avait été précisé au couple pour la livraison : « Sans nouvelle alors que la date approchait, nous avons téléphoné à la concession. On nous a alors appris qu’il y aurait du retard à cause d’un manque de puces électroniques. Si nous n’avions pas appelé, personne ne nous aurait prévenus ».

L’espoir renaît quelques semaines plus tard, hélas pour peu de temps : « En juillet, nous avions reçu un mél du service commercial de la concession nous assurant que notre voiture venait d’entrer en production. Impatients, nous guettions le facteur tous les jours en août en espérant recevoir la carte grise ».

Rien ne va plus

Nouvelle douche froide : « Inquiets de ne rien voir venir, nous avons à nouveau contacté la concession. On nous a expliqué que notre voiture n’était pas en production, que la personne qui nous avait annoncé le contraire était en arrêt, et qui si le service commercial n’appelait pas, ce n’était pas la peine d’espérer trop vite ».

Les semaines passent, et le couple s’inscrit sur un groupe Facebook qui semble mieux renseigné que le réseau Opel : « C’est comme ça que nous avons appris la suppression de la finition Élégance que nous avions commandée. Il a été question d’une version Business à la place, normalement moins bien équipée. La concession n’était même pas au courant que notre modèle ne se fabriquait plus ».

En dédommagement, Sophie et Michel s’attendent à recevoir un suréquipement : « On nous ajouterait un GPS dont on se fichait complètement, car nous comptions utiliser Waze avec le smartphone, mais les vitres électriques à l’arrière et les inserts chromés disparaîtraient. Ces derniers ne semblent peut-être pas importants, mais avec la couleur choisie, ça rendait bien, et ça faisait moins austère. On aurait éventuellement aimé changer de teinte, mais ce n’était pas possible. En revanche, les vitres électriques à l’arrière étaient pour nous importantes, car les enfants oublient souvent de les fermer ».

Un flou total

La concession Opel semble tout autant dépassée : « La commerciale nous a dit que nous ne saurions pas exactement quel serait l’équipement exact de notre Corsa-e tant qu’elle ne serait pas arrivée sur place. Les inserts chromés, qui ne se font plus que sur le haut de gamme, on a bien compris qu’on pouvait s’asseoir dessus, parce que ça coûterait trop cher au constructeur, dans les 800 euros à cause des petites vitres à changer à l’arrière. Mais on nous promettait le câble compatible Green’Up à la place du modèle classique ».

Spoiler Alert : ce câble, le couple l’attend toujours aujourd’hui alors que Michel a installé exprès une prise Green’Up dans son garage.

La compacte électrique est à nouveau annoncée en production en octobre dernier : « On espérait la voir arriver dans la concession avant Noël, et en tout cas pouvoir en disposer début janvier 2023 ». Nouveau coup de frein sur la livraison : « Mi-janvier, la concession nous prévient qu’elle ne peut plus s’occuper de notre cas, car une nouvelle procédure a été mise en place pour les collaborateurs Stellantis. Il nous faut remplir un nouveau dossier ».

La situation n’est pas plus claire

En passant par le service VCG dédié au personnel, les difficultés sont toujours là : « Il y a quand même un effet bénéfique à notre situation, c’est que la nouvelle signature nous a permis de prétendre aux 6 000 euros de prime à la conversion. En revanche, l’avance des fonds dont s’occupait la concession au titre du bonus a disparu. Nous devrions donc sortir 7 000 euros, ce qui est trop lourd à supporter pour nous ».

Le couple se pose plein de questions. Mais le service qu’il a désormais en face de lui reste muet : « Ce service est débordé. Il n’est même pas capable de nous dire encore aujourd’hui si nous aurons bien la carte de recharge offerte avec un crédit de 500 euros, comme Opel le promettait à ses clients en 2022. Pire : mi-février, on a appris qu’ils se sont trompés en réalisant le dossier concernant la carte grise du véhicule ».

Dénouement partiel en mars dernier : « Finalement, nous avons reçu notre voiture mi-mars. Nous pouvons dire que nous avons été moins bien traités que si nous avions été de simples clients. Le délai de livraison a été alourdi d’au moins 2 mois ».

Déceptions à la livraison

Sophie avoue avoir pleuré le jour de la réception du véhicule : « On nous a fait signer les documents de livraison avant que l’on puisse découvrir notre Corsa-e. Elle était sous bâche. Quand nous avons pu l’enlever, nous avons aperçu une rayure sur la portière du conducteur. Les surtapis que nous avions payé étaient absents, de même que le câble Green’Up. Et pas de nouvelles de la carte de recharge prépayée. Rien ne s’est passé normalement, et ce, à toutes les étapes de notre achat. Même la facture n’est toujours pas bonne ».

Pour ne rien arranger, la voiture tombe en panne rapidement : « J’étais à 30 minutes de la maison, pour m’approvisionner en viande directement auprès d’un producteur local. Ce n’était vraiment pas le moment pour recevoir ce message ‘Défaut de traction’. Un dépanneur a dû venir chercher le véhicule ».

Origine de cette nouvelle mésaventure : « Dans le cadre d’un rappel du constructeur, il y avait une mise à jour à effectuer, qui ne l’a pas été ».

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Une véritable satisfaction

Sophie et Michel sont-ils au moins satisfaits de leur Opel Corsa-e ? « N’ayant pas conduit d’autres modèles de voitures électriques, nous ne pouvons pas effectuer de comparaison. Mais c’est vraiment très agréable de ne plus avoir de vitesse à passer. Les accélérations sont fluides, et dépasser n’est pas un problème, surtout en mode Sport ».

Au-delà du tarif d’achat plus élevé du véhicule, la facture énergétique mensuelle est pour eux rassurante : « Nous avons enregistré une consommation moyenne de l’ordre de 15 kWh/100 km ».

Pour le couple encore amer, leur situation a montré les limites d’un système : « Aujourd’hui, pour ne pas être embêtés, des collègues préfèrent désormais payer plus cher et passer à nouveau par une concession plutôt que par un site Internet et un service avec trop d’interlocuteurs ».

Ultime rebondissement il y a quelques jours : « Nous avons reçu un appel pour nous prévenir que nous ne recevrions finalement notre voiture que mi-juin prochain ! ». Au volant de leur e-Corsa, cette information qui aurait pu les faire grincer des dents auparavant les fait dorénavant doucement sourire.

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Sophie et Michel pour leur confiance et leur témoignage.

Avis de l'auteur

Pour des raisons que j’imagine très compréhensibles, les prénoms de nos lecteurs ont été modifiés.

Leur histoire m’a rappelé une mésaventure vécue par mon propre père dans les années 1950, alors qu’il travaillait chez Citroën. Il avait voulu acquérir une 2 CV.

Confronté à de lourds délais de livraison en raison du succès phénoménal rencontré dès le lancement de cette voiture, la direction du personnel avait multiplié les difficultés pour dissuader les collaborateurs d’en acheter une. Il fallait justifier d’un garage pour la stationner, et de besoins réels.

Au final, mon père avait signé pour une Renault 4 CV avec laquelle il se rendait à l’usine aux chevrons. Ce qui lui avait valu une nouvelle convocation au cours de laquelle il s’était amusé à répondre un peu effrontément et avec beaucoup de liberté et d’originalité. Comme toujours dans les moments délicats qu’il savait rendre croustillants.