Après l’éco-tourisme sur les Iles Canaries et la traversée des Pyrénées, Pascal de nous relater ses périples en véhicule électrique, loin de sa base Vendéenne. Cette fois ci il nous entraîne vers la Riviera Italienne, profitant d’un déplacement professionnel – participation au Riviera Electric Challenge et aux tables rondes d’Ever Monaco – et de congés pour tester l’aptitude de la petite Renault sur une longue distance, les réseaux de bornes publiques et privées, l’interopérabilité en France et en Italie. De la Roche-sur-Yon à Gênes, 1300 kilomètres ont été parcourus à bord de la Renault Zoé. Un périple riche d’enseignements.
En préambule et pour prévenir tout commentaire hors sujet je tiens à préciser que cet article vise seulement à partager une expérience et décrire une situation à un instant donné.
On constatera au fil de la lecture que, s’il est possible et facilement réalisable de rouler loin en Zoé, le trajet comporte des contraintes que le plus grand nombre d’électromobilistes peut légitiment refuser.
Voyager loin en voiture électrique : pour beaucoup d’entre nous, ce n’est pas possible ou envisageable. Soit que l’autonomie du véhicule rende l’exercice trop compliqué, que le temps manque ou que l’on craigne des déconvenues liées à la disponibilité des infrastructures de recharge et à leur bon fonctionnement.
Dès 2013 et plus récemment d’intrépides propriétaires militants de véhicules électriques ont accompli ce que je considère comme de vraies performances : faire un Tour de France en Zoé de première génération et un Tour reliant 10 capitales Européennes en 10 jours (BOB66), un Nantes Oslo en Zoé de première génération (Cité Radieuse), voire JJP infatigable promoteur de la mobilité électrique au volant de son Twizy. Et sûrement bien d’autres que je ne connais pas et à qui je rends hommage.
Eux avançaient parfois dans l’inconnu, pas du tout certains de trouver une borne de recharge en état de fonctionnement, à l’endroit prévu…et tout ceci avec un portefeuille bien garni de cartes de recharges préalablement acquises. Les propriétaires de Tesla ont-ils goûté aux joies de l’incertitude ?
Dire que ce temps est révolu est sûrement présomptueux mais la donne a changé et très vite.
Je disais à une journaliste d’Ouest France qui m’interrogeait sur la complexité de mon voyage et la nécessité d’une préparation très en amont que je pouvais l’emmener à Gênes dès le lendemain muni d’une seule carte de recharge ce qui l’a étonnée.
Revenons au parcours : tout d’abord précisons qu’il a été effectué en Zoé ZE40 à charge 22 kW ce qui n’est pas au départ le véhicule le mieux adapté. Mais pour garder la logique des précédents parcours effectués en Zoé j’ai considéré qu’il fallait rouler avec la petite Renault et la pousser au-delà des limites, à savoir privilégier l’autoroute, effectuer des recharges sur autoroute pour tester le réseau et apprécier son comportement routier. Certes le confort de la Renault n’est pas celui d’une Leaf, par exemple, mais le conducteur et sa passagère sont arrivés très frais aux étapes.
Convaincu déjà de son aptitude en montagne (voir le récit de la route des cols Pyrénéens), j’estime que la Zoé peut, à l’occasion, rendre service et emmener loin son propriétaire. Au prix de disposer du temps nécessaire, un luxe de nos jours…
Mais la Zoé peut rouler loin et longtemps, la dernière étape Carcassonne La Roche sur Yon sur le trajet retour faisait 640 km ; cette étape a nécessité une journée par autoroute pour optimiser la moyenne horaire, soit 11 heures incluant conduite et recharge ce qui me parait être un maximum. Le même trajet par la route prendrait facilement 2 à 3 heures supplémentaires avec une fatigue accrue.
Et pour les recharges et l’interopérabilité : au risque d’étonner ou de décevoir les adeptes du « Sodetrel bashing » ou du « Zoé bashing » qui ici ont déversé des commentaires pas toujours élogieux, je dois dire que tout s’est très bien passé et que je n’ai rencontré aucune difficulté.
En France comme en Italie, tout a parfaitement fonctionné : les bornes d’autoroute du réseau Corri-Door, les bornes privées des commerces (Leclerc de Lagord 17, Langon 33 et Carcassonne, Carrefour de Carcassonne, centre Polygone Riviera à Cagnes sur Mer) la borne de l’hôtel Miro à Savone, les bornes Bouygues Energies et Services des syndicats d’énergie dans le Gard et en Gironde, des parkings publics ou concédés à La Turbie ou Menton.
Et surtout les bornes du réseau Duferco Energia en Italie du Nord testés avec le Chargemap Pass et le Pass Sodetrel, tous parfaitement reconnus en interopérabilité.
Concernant cet opérateur Italien basé à Gênes (un salut amical à Francesca qui m’a bien aidé dans la phase d’acquisition de leur carte de recharge…) je précise qu’il délivre des cartes créditées d’un nombre de kilowattheures.
J’avais commandé une carte de 100 kWh au prix de 40 euros TTC, ce choix me permettant de parcourir 6 à 700 kilomètres environ. Contre respectivement 75 et 140 euros, on obtient un crédit de 200 et 400 kWh. Huit jours après avoir reçu ma carte, j’apprends que Chargemap a passé un accord ‘interopérabilité avec Duferco Energia. Je conserve ce crédit pour une durée d’un an prorogeable moyennant 6 euros. Ce réseau étant interopéré avec Enel je me servirai de cette carte l’an prochain, à l’occasion d’un voyage vers les lacs Italiens et les Dolomites.
L’Italie du nord m’a étonné : on n’y voit quasiment pas de véhicule électrique (1800 immatriculations en 2017) et le pays ne semble pas dépourvue de bornes de recharge, et de qualité. A l’occasion du Riviera Electric Challenge, Duferco Energia a inauguré 2 bornes de recharge rapide du réseau Unit E, qui lie Dublin à Gênes, la partie française étant couverte par Corri-Door ce qui explique les logos EDF et Sodetrel sur ces bornes et la reconnaissance du pass Sodetrel.
Enfin pour les amateurs de relevés de consommation j’ai adopté une allure sur autoroute « optimisée » de 92-100 km/h pour cette Zoé, à savoir aller assez vite et dépasser les camions et pas trop vite pour ne pas perdre en temps de recharge le temps économisé sur route.
Sur les longues étapes, la stratégie de charge était de deux recharges partielles d’environ 30/35 minutes le matin pour retrouver chaque fois entre 11 et 14 kWh de capacité (prix de 4,50 à 5,50 euros), une complète sur 1 heure et 40 minutes pendant la pause déjeuner plutôt hors autoroute car le prix en charge 22 kWh devient excessif (coût type Mobive et Reveo à 4 euros), et deux autres partielles d’une trentaine de minutes l’après-midi.
Pour être complet et conclure j’ai trois messages à passer :
- Aux sociétés d’autoroute d’améliorer la signalétique de la borne de recharge une fois entré sur l’aire, les panneaux sont trop loin de l’accès et trop petits.Un très bon point à l’aire des Adrets de l’Esterel, la borne sous une casquette protégeant de la pluie ou du soleil c’est parfait !
- A Renault que leurs conseillers commerciaux soient un peu moins frileux et arrêtent de présenter la Zoé comme un véhicule exclusivement à usage urbain, preuve est faite qu’elle peut rendre bien plus de services.
- A Automobile Propre et Chargemap de créer une rubrique dédiée aux voyages à l’étranger, les bornes présentes, les opérateurs, les coûts et l’interopérabilité. Cela m’aurait évité une exploration fastidieuse de l’Internet Italien, langue que je ne maîtrise pas. J’avais fait ce même constat pour la location d’une Zoé aux Canaries mais la langue de Cervantès m’est plus familière.
A tous ceux qui souhaitent prolonger des échanges sur cette expérience je donne rendez-vous en Vendée du 2 au 10 juin à l’occasion du cinquième Vendée Energie Tour !
Pas d’exotisme au programme cet été mais du très beau, après la sublime côte Ligure Italienne ce sera direction les Abers bretons et la route des phares. Les bornes ont beaucoup poussé par là…
Merci pour ce récit.
je ne connais pas les angoisses de la recharge loin de chez moi car je possède une TWIZY avec laquelle je ne m’aventurerai jamais aussi loin (mais qui est un magnifique véhicule trop méconnu) et une PASSAT GTE. J’utilise principalement les bornes BLUELY lorsque je vais à Lyon. Une question que je me pose depuis très longtemps… Pourquoi n’est il pas possible de payer les recharge électrique simplement avec sa carte bancaire ? en tapant son code comme sur les simples bornes installées maintenant à tous les coins de rue pour régler le stationnement ? ou encore comme pour les pompes à essence dites automatiques ?
C’est pour moi un mystère et clairement un frein pour le développement de la voiture électrique.
DEMOCHAM
Malgré un préambule qui appelait à éviter les hors sujets ou incompréhensions cela n’a pas manqué…
A commencer par le coût de la recharge.
J’ai pourtant bien expliqué que la carte acquise à 40 euros était Italienne donc pour un réseau local.
Je ne connais pas le prix de l’électricité en Italie mais nous savons tous que le KWh Français est un des moins chers d’Europe.
L’article n’avait nullement pou objectif de démontrer que la Zoé à charge 22 était un véhicule parfaitement adapté au long trajet et dans les meilleures conditions économiques.
L’idée était bien de relater un parcours, de montrer qu’aujourd’hui il y a des bornes, n’en déplaisent aux Cassandre, elles sont dans l’ensemble très nombreuse et peu sollicitées. C’est un fait que je constate quotidiennement à l’observation des réseaux des SDE gérés par Bouygues dans 21 départements (entre 10 et 20 % , et de jour).
Que l’interopérabilité est une réalité et que ce voyage a permis de vérifier qu’une seule carte m’aurait permis de rallier Gênes.
Qu’on peut si on le veut, si on le peut, avancer à bonne allure…évidement pas à 130 kmh. Qu’on peut aussi utiliser le réseau routier et se recharger quasiment sans coût jusqu’à la frontière (concessions plus commerces).
Ce que je ne me priverais pas de faire encore plus à l’avenir.
Qu’un véhicule d’usage plutôt urbain péri urbain peut aller bien au delà sans que son conducteur et ses passagers en sortent épuisés…
Et qu’il vaudrait mieux encourager ces pratiques que les « casser » parce que l’image du Ve souffre de tous ces postulats qui entravent son développement : pas d’autonomie, pas de bornes, trop compliqué…
Ceci dit, j’ai bien précisé que cet exemple ne pouvait être généralisé il a ses limites et il me semble les avoir présentés..
Pascal
Pour voyager / faire de la distance :
– pas une zoé, même si c’est possible comme le démontre l’article, mais à quel prix (recharges, durée)! Et sans enfant(s). A 29.5k€ remisée avec bonus et batterie (oui oui j’ai eu un devis de cet ordre, sans superbonus pour une Q90 Intens PM) je n’achète pas çà
– ou vraiment à (très grand) défaut une zoé charge rapide Q90 (AC 43kW) mieux et adaptée aux bornes rapides, mais pas une R90/R240 AC 22, quand même elle n’est pas faite pour çà, et çà dure trop longtemps sur des bornes censées tourner plus souvent…C’est elle la zoé chargez rapide que les commerciaux doivent mettre en avant pour un acheteur qui voudrait faire de la route…
Nous notons l’évolution dans la facilité de recharge pour ce véhicule
Toutes les présentations de long voyage mettent en avant le temps de trajet (certes plus long), peu sur celui-ci.
La joie de ces voyages est aussi de prendre son temps.
Néanmoins, bravo pour cette nouvelle expérience.
Pour ma part je voyage avec ma.leaf en France et je n’utilise que les bornes gratuites, Auchan, casto, Ikea, lidl et nissan. Du coup 50000kms au compteur sans dépener un euros. Leaf 30kwh acheté neuve 24000€. J’ai déjà économisé 5000€. La leaf utilisé comme cela et la moins cher des vé voir des véhicule de sa catégorie. La Zoé est un gouffre a côté.
le bouton « twitter » ne recopie pas le titre, seulement le lien, vraiment pas pratique
Pascal pour le commentaire Chargemap/AP on est dessus ;)
Eh bien, bravo à cet aventurier car, je crois qu’on peut bien parler d’aventure. Il y a truc qui me chiffonne et que je viens de comprendre. Pour voyager serein en EV, il faut savoir où sont les bornes et avoir le moyen de faire fonctionner les fameuses bornes mais il y a, dans l’absolu, un couillon dans l’histoire qui paye 2 fois ! C’est l’utilisateur. Il paye son abonnement chargepass ou autre pour pouvoir utiliser ces bornes + le coût de l’électricité ! Si je pousse ce constat plus loin, cela revient à dire que se serait comme si vous payez votre plein d’essence chez Total + un coût supplémentaire pour avoir accès à la pompe chez Total… C’est fort ! Moi, je ne suis pas sur que je veuille cela….. Mais pourquoi ne peut-on pas payer en sans contact à ces bornes ?????
C’était super de vous rencontrer sur le Riviera Electric Challenge! Et merci de de vos témoignages!
moralité roulez en Tesla !
belle expérience !
je reste surpris par le prix des recharges/cartes kW/h…700km pour 40€….en gros c est equivalent a un plein d essence ?!?!?
j arrive pas trop a comprendre la justification d un tel tarif ?? les installations ne coutent pas si cheres, non ??