A Versailles, la PME Electric 55 Charging vient réaliser ses premiers rétrofit sur les bornes de l’ex-réseau Autolib’. Une solution à moindre coût qui permet à la fois d’augmenter la puissance maximale et d’intégrer au dispositif de supervision au point de charge.

Comment sortir du désastre Autolib’ ? Rompu avec fracas en en juin 2018, le contrat qui liait le groupe Bolloré au syndicat mixte Autolib’ a laissé plusieurs milliers de bornes de recharge inopérantes. Une situation intenable pour les centaines d’électromobilistes installés en région francilienne qui n’ont eu d’autre choix que de patienter jusqu’en décembre, date à laquelle Paris a finalement été réactivée un millier de bornes. Un réseau partiellement remis en route mais réduit à son strict minimum, le service n’intégrant aucun système de supervision, faute d’entente entre la municipalité et IER, la filiale de Bolloré en charge du déploiement des bornes. Depuis, la situation patauge. Alors que certains grands groupes préconisent de changer l’intégralité des bornes, Electric 55 Charging milite pour une toute autre approche : celle du retrofit. En d’autres termes, reprendre la base des actuelles bornes Autolib’ pour les rendre plus adaptées aux normes et aux véhicules électriques d’aujourd’hui.

Pour Electric 55 Charging (ex-Plus de Bornes), un remplacement impliquerait des investissements colossaux et provoquerait la mise au rebut de quelque 700 tonnes d’acier. Un gaspillage d’autant plus inutile que le matériel installé par Bolloré a prouvé sa robustesse dans une région où le mobilier urbain peut être mis à rude épreuve. Une démarche que nous explique Quentin Ducreux Lerebours, Directeur d’exploitation de la PME.

De 3,7 à 22 kW de puissance

« On a fait un kit qui permet de passer en Type 2, d’intégrer la supervision et d’augmenter la vitesse de charge jusqu’à 22 kW avec de petits travaux de raccordement. Nous sommes en train d’industrialiser cela pour avoir quelque chose de clé en main » résume notre interviewé qui assure que son kit peut être posé en une heure, une fois obtenue l’ensemble des autorisations administratives.

  Bornes Autolib non rétrofitée Borne Autolib’ avec retrofit Electric 55 Charging
Puissance max 3,7 kW 22 kW
Type de prise Type 3 Type 2
Supervision Non Oui

Sans frais pour les collectivités

« Le deal, c’est que nous assurons le rétrofit et nous rémunérons sur la recharge » résume Quentin Ducreux Lerebours. Hormis les quelques travaux de raccordement ou d’augmentation de puissance qu’elles peuvent prendre à leur charge, les collectivités n’ont donc pas à débourser un centime.

Administrativement, le « contrat » qui lie la collectivité à Electric 55 Charging passe par un « marché d’innovation ». Nouvellement lancée, la procédure permet de ne pas avoir à passer par le traditionnel mécanisme des appels d’offres et simplifie les démarches pour les projets innovants dont le montant est inférieur à 100.000 euros.

Une opération d’autant plus intéressante pour la collectivité qu’elle permet de s’affranchir d’un autre point particulièrement bloquant : celui de la Délégation de Service Public (DSP) qui continue de lier le syndicat Autolib’ et le groupe Bolloré et qui impose aux collectivités désireuses de retirer une borne de payer sa valeur résiduelle, chiffrée entre 8000 et 10.000 € selon notre interlocuteur. Une clause qui ne s’applique pas en cas de rétrofit.

12 bornes à Versailles

Première collectivité francilienne à avoir choisi la solution de Electric 55 Charging, Versailles a rétrofité douze anciennes bornes Autolib’, faisant grimper leur puissance à 7 kW. « Certaines ont même été déplacées pour mieux coller aux besoins identifiés par la collectivité » précise Quentin Ducreux Lerebours. 

A Versailles, le contrat a été conclu pour une durée de 18 mois. Une façon de tester le dispositif et de valider son bon fonctionnement. Chose importante : le retrofit reste une opération réversible. Si une collectivité décide d’abandonner son contrat, Electric 55 Charging assure pouvoir ramener la borne à son état d’origine.

400 à 500 bornes d’ici fin 2019

Pour Electric 55 Charging, ce premier déploiement à Versailles va servir de véritable démonstrateur vis-à-vis des autres collectivités intéressées par le dispositif. « On a des villes qui sont en train d’arriver. Pour fin 2019, on espère avoir signé pour 400 à 500 bornes » chiffre notre interviewé.

Si l’ensemble du territoire francilien est visé, la situation s’annonce plus compliquée à Paris. Il y a quelques semaines, la ville a lancé un appel d’offres pour le renouvellement de quelque 3000 bornes sur un modèle concessif de 15 ans qui reste ambigu sur la question du rétrofit. Un dossier brûlant qui pourrait ne jamais arriver à son terme. Avec la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM), Paris pourrait perdre la compétence de la gestion des infrastructures de charge. Celle-ci serait alors confiée à la Métropole du Grand Paris qui a également lancé son propre appel à initiatives privées auprès des opérateurs… Une affaire loin d’être simple et qui risque de ne pas simplifier l’adoption du véhicule électrique dans la capitale.