Polestar n’est visiblement pas là pour se faire des amis parmi les constructeurs automobiles, les montrant du doigt à la veille de la Cop27 pour les sommer de s’engager véritablement contre le dérèglement climatique.

L’année dernière, juste avant l’ouverture de la COP26 à Glasgow, en Écosse, Polestar mettait en ligne un clip, court mais particulièrement efficace, dans lequel la marque suédoise, née en 1996 puis rachetée en 2015 par Volvo, proposait de littéralement graver dans un bloc de granite toutes les propositions des constructeurs automobiles présentées lors du Transport Day, le jour qui leur était consacré, afin de réduire à néant les émissions de leur production. Un objectif qui nécessiterait « un engagement, de l’ambition et de l’action, mais surtout une responsabilité ». D’où l’inscription dans la pierre, la façon pérenne par excellence pour établir un plan et des buts et revenir plus tard pour constater si on a suivi le premier et atteint les seconds. Et, comme il faut montrer l’exemple quand on demande des comptes, Polestar annonce vouloir atteindre la neutralité climatique d’ici à 2030.

Un an plus tard, le constat fait par Polestar dans une deuxième vidéo est cependant bien amer. Son titre ? Un douloureux « Silence gravé dans la roche ». « Parmi les centaines de marques automobiles à travers le monde, seule une poignée était prête à s’investir dans des mesures nécessaires ne serait-ce que pour atteindre le minimum ». Le bloc de granite est donc resté désespérément vierge.

Au mois de novembre prochain, à la COP27 cette fois-ci à Sharm-el-Sheikh, en Égypte, Polestar estime toutefois que ses confrères auront une deuxième chance pour prendre des engagements fermes et concrets et ressort son cube de pierre nue, espérant cette fois-ci qu’il deviendra enfin une « motivation pour faire mieux, une source d’inspiration pour remplir le vide ».

Évidemment que l’on peut voir dans cette démarche de Polestar, qui va être enfin distribué en France après ses déboires avec Citroën, une façon de se placer soi-même comme une référence dans le domaine de la durabilité en allant jusqu’à distribuer les bons et les mauvais points. Une forme de publicité sur le dos des copains alors que, soyons honnêtes, personne n’est irréprochable, et surtout pas une marque qui produit la totalité de ses véhicules en Chine. Mais c’est une vision partagée par Thomas Ingenlath, son patron, qui ne mâche pas ses mots au point de sembler sortir de la sphère purement commerciale. « Il est clair que nous sommes fatigués de ces réunions pour le climat », dit-il, « Mais les entreprises et les consommateurs peuvent devenir l’antidote. Si l’on n’écrit pas les lois, nous avons le pouvoir d’agir maintenant et de provoquer un véritable changement. Nous avons une responsabilité et c’est à nous d’envoyer un signal pour montrer que nous sommes prêts. »

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Ingenlath va plus loin encore, réclamant un arrêt global anticipé des véhicules thermiques. « Seulement 1,5 % des voitures en circulation aujourd’hui dans le monde est électrique, il est clair que nous sommes dans une bulle du VE et non un raz de marée. Cette décennie est critique pour ne pas dépasser les objectifs des accords de Paris. Nous avons besoin que les gouvernements mènent la charge avec des réglementations fortes, à la fois sur l’infrastructure et pour maîtriser les prix de l’électricité, afin que les consommateurs puissent passer sereinement à l’électricité, et, plus important encore, que les constructeurs automobiles agissent dès à présent et n’attendent plus passivement les changements politiques. »