Alors que l’on attendait lundi l’annonce du remaniement du gouvernement Castex, Hopium, la marque française de voitures à hydrogène, annonçait prématurément l’arrivée de Jean-Baptiste Djebbari, alors encore ministre des Transports, dans son Conseil d’Administration. Ce qui n’a pas manqué de faire jaser, mais l’intéressé se défend de tout conflit d’intérêts.

Cette semaine a commencé par une polémique nationale ayant pour origine le secteur pourtant aujourd’hui confidentiel de la voiture à hydrogène française. Alors que le gouvernement dirigé par le Premier ministre Jean Castex n’a plus que quelques heures à vivre puisque l’annonce de la démission de ce dernier et de son remplacement dans ses fonctions par Elisabeth Borne a eu lieu en fin d’après-midi, la start-up Hopium, fondée et dirigée par Olivier Lombard, a diffusé le matin même un communiqué de presse informant de l’arrivée de Jean-Baptiste Djebbari, alors techniquement toujours ministre des Transports, au sein de son Conseil d’Administration.

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Cette reconversion éclair dans le privé n’a pas manqué de faire lever de nombreux sourcils, mais pas seulement à cause du télescopage des annonces : Jean-Baptiste Djebbari, en sa qualité de ministre depuis 2019, a en effet affiché un soutien public à la voiture à hydrogène dont a profité directement Hopium, se félicitant notamment en mars 2021 que la France investisse 7 milliards d’euros pour le développement de la filière d’ici à 2030.

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La question d’un éventuel conflit d’intérêts a donc fait surface, poussée par l’opposition, mais aussi par l’ONG Transparency France, sur Twitter.

Ce n’est que quelques heures après cette première annonce que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a donné son approbation, ce qui permet d’apprendre que ce virage que l’on croyait en épingle est en fait une légère courbe amorcée le 31 janvier dernier. Mais la conclusion de cet avis daté du 22 mars est la suivante : « en l’état des informations dont dispose la Haute Autorité, le risque de prise illégale d’intérêts peut être écarté, sous réserve de l’appréciation souveraine du juge pénal » repoussant de plus au passage tout manquement à la déontologie : « le projet de l’intéressé n’apparaît pas de nature à faire naître un doute légitime sur les conditions dans lesquelles il a exercé ses fonctions gouvernementales ». Cependant, toujours selon la HATVP, le désormais ex-ministre devra se tenir éloigné pendant une durée de trois ans de ses anciens collègues du gouvernement.

« C’est normal de retrouver une activité après la politique »

L’intéressé s’est exprimé sur cette affaire à l’antenne de RMC et a balayé les critiques d’un revers de la main : « Ça ne me met pas du tout mal à l’aise, c’est normal de retrouver une activité entre guillemets normale après la politique », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « J’ai fait les choses absolument dans les règles et j’ai été totalement respectueux de mon mandat ».

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Au sujet du décalage dans les annonces, Jean-Baptiste Djebbari a prétexté un « hasard du calendrier » auquel il ne pouvait pas échapper : l’entreprise Hopium est cotée, ce qui entraîne l’obligation légale de diffuser la convocation à son assemblée générale 35 jours avant celle-ci, prévue le 20 juin, et le remaniement du gouvernement Castex « a pris quelques jours de retard ».