Trop petites pour espérer y voir circuler des transports collectifs propres et performants, les villes moyennes françaises continuent de battre au rythme de l’auto à pétrole qui pue et qui pollue partout où elle passe. Une triste réalité qui illustre la nouvelle fracture territoriale à venir entre d’un coté, les grandes villes qui multiplient les initiatives pour limiter l’usage de l’auto à pétrole, de l’autre, les petites villes et les villes moyennes qui par manque d’audace, de vision mais aussi de courage, continuent de reproduire bêtement les vieux schémas périmés du passé.
Enquête sur ces territoires où les alternatives à l’auto à pétrole peinent à se faire une place plus qu’ailleurs…
Le vélo aux abonnés absents
Bien que leur taille en fasse généralement des villes cyclables par nature, les cyclistes y sont presque aussi rares que les pistes cyclables. Pour aider les plus motivés et/ou les plus démunis à se déplacer autrement qu’en voiture, on y croise bien de temps en temps des bus diesel, le plus souvent vides, dont la fréquence et l’amplitude horaire sont à peu près aussi élevées que le nombre de cyclistes aux heures de pointe du matin et du soir.
Un formidable gâchis qui va généralement de pair avec des commerces de proximité qui souffrent, faute de pouvoir offrir une accessibilité en voiture comparable à celle des zones commerciales installées en périphérie, à proximité des grandes infrastructures routières.
En cherchant bien, on trouve quand même ici et là quelques exemples de villes moyennes ayant fait le choix de piétonniser leur centre-ville, le plus souvent au détriment d’espace habituellement occupé par les voitures. Il s’agit bien souvent de villes très touristiques, dans lesquelles piétons et cyclistes évoluent en toute sérénité, pour le plus grand bonheur des riverains… et des commerçants.
Hybrides et électriques : késako ?
Dans nombre de villes moyennes françaises où le temps semble s’être arrêté depuis au moins 2 décennies, en observant attentivement le trafic pendant de longues minutes, on finit par trouver au milieu d’un océan de (vieux) monospaces diesel et autres médiocrités du genre, une Renault ZOE, une Toyota Yaris hybrid ou une Auris Hybrid. En étant un peu plus patient encore, on peut espérer y croiser un Lexus hybrid ou une Toyota Prius. Autant dire que dans ces villes là, il va encore falloir attendre de longues années avant d’espérer voir la qualité de l’air s’améliorer vraiment.
Mais le plus inquiétant est ailleurs : le manque d’intérêt des automobilistes concernant les technologies hybrides et électriques. Prix des véhicules disponibles sur le marché de l’occasion, caractéristiques techniques, capacités routières, etc… : il faut s’armer de patience avant de croiser un automobiliste bien informé prêt à troquer son diesel boite manuelle contre une voiture un peu plus moderne et adaptée aux enjeux de notre époque.
Un très fort potentiel pour les véhicules électriques
Faute de pouvoir compter sur des transports collectifs propres et performants, la mobilité individuelle, le plus souvent motorisée, devrait donc continuer à occuper une place centrale pour répondre aux besoins de mobilité à l’intérieur des petites villes et des villes moyennes. Un devenir d’autant plus probable que contrairement aux grandes villes, la congestion routière est encore loin d’être perçue comme une contrainte ou une menace à venir pour une majorité d’automobilistes.
Les infrastructures en place et les distances à parcourir étant ce qu’elles sont, le vélo à assistance électrique, les quadricycles électriques et surtout la voiture électrique ont donc un rôle tout à fait central à jouer pour améliorer l’efficacité énergétique des transports et réduire les émissions de polluants en tout genre. A condition bien entendu de renouer avec des prix à la pompe plus élevés qu’actuellement, faute de quoi, la médiocrité devrait continuer à inonder les rues pour quelques années encore…
La qualité de l’air comme cheval de bataille
plutôt que continuer à perdre du temps à parler CO2 et dérèglement climatique – problématique face à laquelle la part de responsabilité des automobilistes français n’a jamais été aussi faible – les maires et autres présidents de communauté d’agglomérations feraient mieux de changer de logiciel pour s’attaquer enfin à la problématique de la qualité de l’air en ville !
Car contrairement à la congestion routière qui touche surtout les grandes villes, la pollution au particules fines et au NOx sévit aussi dans les villes moyennes et les petites villes à proximité des principaux axes de circulation.
Diesélisation excessive du parc roulant aidant, nombre de petites villes fleurtent très régulièrement avec les limites maximum autorisées en matière de pollution de l’air, dans l’indifférence quasi générale de la population.
Il suffit d’ailleurs de voir l’acharnement avec lequel certains automobilistes continuent à laisser tourner inutilement le moteur de leur chère bagnole même à l’arrêt pour prendre la mesure de l’insouciance et de l’ignorance crasse dont souffre une partie de la population française à ce sujet !
Un boulevard pour la voiture électrique
Outre le fait que les distances parcourues sont généralement faibles y compris depuis/vers les communes voisines, l’autre caractéristique propice à la voiture électrique, c’est la part de l’habitat individuel, beaucoup plus importante que dans les grandes villes, qui facilite de fait la recharge à domicile.
Les propriétaires de voitures électriques habitant dans ces villes moyennes confirmeront tous sans exception : même une très modeste Citroën C-zéro / Peugeot iOn suffit bien souvent à couvrir 100% des déplacements du quotidien même en l’absence de bornes de recharge accessibles en dehors du domicile. Dès lors, à quoi bon continuer à vivre au passé en circulant à bord d’un véhicule qui pue et qui pollue partout où il circule quand pour à peine plus cher, il est désormais possible d’apporter sa petite contribution à la transition énergétique et à l’amélioration de la qualité de l’air en ville ?
Une chose est sûre : face à l’inertie des mentalités, les beaux discours et les belles paroles ne suffiront pas à aider les français a changer d’époque.
Avant de tirer définitivement un trait sur l’auto à pétrole et mettre enfin les deux pieds dans ce siècle, il va falloir accepter de grès ou de force davantage de contrainte sur son usage au quotidien. En commençant par admettre collectivement qu’il est urgent d’augmenter le prix à la pompe pour accélérer les changements de comportements et augmenter les volumes de ventes de VE et d’hybride au détriment du tout pétrole.
Vive le futur !
Ton aigri de l’article assez déplaisant. Dommage
Article démontrant que ce type d’individu bobo, certainement avec un gros salaire ne connait absolument pas la vie des Français dans les campagne, petites et moyennes villes/
La réponse à ces élucubration est simple quant nous aurons la possibilité d’acheter un VE au prix d’une voiture neuve de type Dacia ou d’une bonne occasion à 5000 euros (est je ne fait pas de pube pour la marque), quant nous aurons la possibilité d’acheté un vélo à assistance au prix d’un vélo Décathlon, effectivement nous changerons de mode de transport (Ce Monsieur semble oublier qu’une grande majorité de Français dans ces petites villes vivent avec le SMIC ou avec des retraites inférieurs au SMIC, et je ne parle pas de l’absence de systèmes de rechargement des VE.
Alors redescendez sur terre et n’ayez pas le comportement de nos politicards Parisien.
Je trouve cet article très défaitiste. Le diesel est en chute libre en ville, les gens se rendent bien compte que ces moteurs utilisés dans les encombrements sont des nids à panne. Reste que pour le moment, à la place, en achat d’occasion (80 % des gens n’ont jamais les moyens d’acheter du neuf), on leur propose plus souvent un véhicule à essence qu’autre chose.
Accuser les autres de pingrerie est facile quand on a les moyens de mettre 20.000 euros dans une voiture neuve, voire plus, si on veut une grande familiale confortable.
Je suis cadre et jamais je n’ai été assez insensé pour mettre plus de 9500 euros dans une voiture.
Vraiment, les gens sont si cons…
« Une chose est sûre : face à l’inertie des mentalités, les beaux discours et les belles paroles … », une seule voie, les VE à 65kWh et VEHR (Flex-fuel_80CV – 10kWh) abordables pour Mr Lambda, c’est simple !
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« dont la fréquence et l’amplitude horaire sont à peu près aussi élevées […] »
Je me livre régulièrement à un petit test. Je parle avec les gens que je rencontre des TC de la ville dans laquelle je suis.
Je suis effaré de constater que la très grande majorité des gens ne connaît ni le réseau, ni les horaires, ni les arrêts à proximité de chez eux et ils finissent invariablement par un argument du style de celui repris.
Ensuite il ne faut pas seulement raisonner en terme d’intervalles, il faut raisonner en temps global. Un exemple, je fais régulièrement pour le boulot un trajet entre ma ville et la préfecture d’un département limitrophe.
En voiture c’est 1h30 mini. de porte à porte, plus le temps d’aller chercher la voiture et de la stationner là-bas, soit au bas mot 2h, temps pendant lequel je ne peux rien faire d’autre que conduire.
En train, c’est entre 45 minutes et 1h de trajet entre les deux gares avec 10 à 15 minutes pour aller à la gare soit 1h10 au total. Soit il y a au mieux un train toutes les 1/2h mais au moins dans le train et dans le bus à l’arrivée je peux travailler.
Un exemple : la Vendée, chef-lieu La Roche sur Yon 53 000 habitants, la plus grosse agglomération du département, 2 bornes rapides, 8 bornes 3/22 kW, des bornes en grande surface, la City Charge en test sur 3 candélabres, des VE à tous les coins de rue…1000 VE en circulation dans le département.
Une ville moyenne…
Comme quoi tout est possible.
« …il va falloir accepter de grès ou de force davantage de contrainte… »
2 fotes d’hortograf en 12 maux !
Sur le fond, désolé mais ça fait froid dans le dos.
« Vive le futur »… mais pas avec ces « contraintes ».
Très bon article mais hélas je pense qu’il n aura que peu d impact dans les mentalités des possesseurs de diesel. Il serai judicieux de faire lire au différents maires de nos communes votre très bonne analyse tant bien même qu ils doivent être de près ou de loin déjà au courant. Je ne parle même pas des décisions sur l élévation du prix du diesel qui hélas mettrai beaucoup de français dans la rue sans avoir la conscience que c est une vrai solution.
Moyennes et petites? Bon, quelle est la limite? On va dire entre 2000 20000 pour les petites et 20000 et et 200.000 pour les moyennes ? J’aimerai bien qu’on définisse. En sachant que ce qui compte le plus c’est l’aire urbaine plutôt que la ville, soit un ensemble urbaniser sur lequel on peut planifier les transports, l’habitat et l’industrie.
Bref, je suis en plein de dedans avec une petite préfecture de 19000 habitant et pas beaucoup plus en ajoutant la zone urbaine rattachée (25000 environ). Et bien oui, je confirme, depuis tant d’année que je scrute la présence de 1ers VE, j’ai vraiment l’impression que leur part est faible. Par contre pas d’accord pour les hybrides qui semblent bien rentrer dans les mœurs, ni plus ni moins qu’ailleurs. Les premières années, il y avait 1-2 Leaf (+ celle du garage local!), aucune Zoe. Depuis 1 an ou deux, c’est l’explosion des Zoe (au moins 10 dans le secteur je pense, donc des connaissances, comme partout et quelques Leaf de plus. Il va de soit que je rêve encore de voir un Tesla dans une ville où personne n’en a les moyens. Et bien si, j’en connais une, pas vu rouler, mais c’est celle d’un médecin du coin. Donc, pas terrible comme bilan, mais c’est mieux que rien, ça s’améliore. Je déplore cette concentration sur les Zoé, mais c’est bien et ce sont souvent des mères de famille. Elle ont compris que c’était tout bon pour le quotidien. Quant au vélo, autre vaste sujet que je connais, ça s’améliore aussi, mais on attend encore les bons équipements pour convaincre, suivez mon regard.
Bonjour Guillaume,
Petite coquille dans le texte… D’habitude je ne les relève pas mais celle-ci m’a fait rire. Il faudrait écrire « de gré ou de force » dans le dernier paragraphe. Le grès est une roche sédimentaire détritique, issue de l’agrégation et la cimentation (ou diagenèse) de grains de sable. :)
Merci pour les articles tout au long de l’année ;)
Il y a beaucoup de vrai dans ce discours, mais il faudrait aussi, alors que l’on se targue de pédagogie, laisser de côté certains bons gros préjugés.
Médiocrité ? Mais de quoi parle-ton ? Quel est le superbe exemple donné par nos métropoles ? Quelques ilots sans voitures, des TC certes performants mais parfois invivables, peu de vieilles voitures mais de rutilants SUV qui polluent quasiment autant (et pour longtemps du coup), un trafic congestionné et des conditions de vie pas franchement au top. Deux décennies d’avance ? Les quelques cyclistes et VE qui circulent, certes plus nombreux, n’en restent pas moins l’exception.
Le VE est très adapté aux periurbains et néoruraux disposant d’un lieu de charge personnel. Il n’en reste pas moins que les VE sont récentes sur le marché, plutôt onéreuses dans leur catégorie. L’âge moyen d’une voiture en France est de 9 ans … Le renouvellement ne se fait donc pas si vite que cela.
Par ailleurs bon nombre passent par le marché de l’occasion, et c’est quoi le marché de l’occasion pour les 15 ans à venir : du diesel à donf !
Comme dit, les trajets quotidiens sont souvent plus importants qu’en ville et les réseaux TC mal adaptés, la voiture est un passage obligé. Le VE est parfait, mais j’avoue avoir du mal avec la condescendance vis à vis des voitures un peu anciennes qui circulent (pour ne rien dire des véritables anciennes en campagne profonde !). Est-il si difficile de comprendre qu’il n’est pas totalement incongru de consommer de la voiture sur la véritable durée de son cycle d’usage, soit 12, 15, 20 ans ? Balancer à la casse avant l’heure c’est aussi polluer, gaspiller. D’autant plus que l’on sait qu’une thermique actuelle est souvent plus lourde, donc plus de matière produite, et guère moins polluante. Sans parler des choix de vie et de budget, où réduire la place de l’auto n’est pas un mal pour la qualité de vie.
Un peu de psychologie que diable, j’ai beau rouler en « très modeste Ion » à la campagne, là on est dans le discours totalement contre-productif.
Bonjour,
Le lien http://www.green-e-motion.fr ne marche pas !
Oui, très bien, tout est dit. Quand je dis à des gens pourtant « gentils », (beaux)parents, amis etc… Que le carburant est scandaleusement bon marché, ils me prennent pour un fou et ne m’adressent plus trop la parole ensuite. Pas facile de faire de la pédagogie.
Et lorsque le pétrole augmentera, tout ce petit « ancien » monde exigera (et obtiendra d’un gouvernement mou) une baisse des taxes sur le carburant. L’asso « 40 millions d’automobilistes » étant presque aussi puissante que la NRA aux USA.
Faire du « social » avec la taxation du carburant, c’est l’idée la plus courante et la plus bête que l’on puisse imaginer. fumez jeunesse!