Le manque de bornes de recharge en copropriété pose problème. Un constat qui s’ajoute à celui du manque de points de recharge publics.

Outre le développement perfectible des solutions de recharge publiques, la recharge en copropriété est une véritable lacune. On apprend en effet que 2 % seulement des copropriétés sont équipées en bornes de recharge.

Cela représente 10 000 places, marquant un vrai manque d’infrastructure pour la recharge à domicile. Selon l’Avere-France et son délégué, Clément Molizon, « 70 % des bornes privées sont en habitat individuel ». Or, les habitats collectifs comme les immeubles, et donc les copropriétés, représentent 44 % de la population.

Un décret pourrait venir aider ce développement dans les prochaines semaines. Celui-ci doit permettre à Enedis d’équiper les copropriétés en bornes de recharge sans facturer les travaux. Cela représente « des dizaines de milliers de demandes » potentielles, selon Olivier Huet. Le directeur de projet infrastructures des copropriétés chez Enedis assure que « toutes les solutions sont nécessaires » pour développer l’électrification.

Cela fait évidemment grincer des dents les installateurs privés de bornes de recharge, qui y voient « une concurrence déloyale ». C’est également que ce que dénonce l’Association Française des Opérateurs de Recharge (Afor) face à ce décret.

Quelle est la situation actuelle pour les copropriétaires ?

Actuellement, les opérateurs privés ont la main sur le secteur, ce qui coûte plus cher aux copropriétaires intéressés. Parmi ceux-ci, on trouve Bornes Solution, Park’n Plug ou encore Zeplug. Ceux-ci enregistrent une forte croissance et révèlent que les demandes pourraient rapidement s’élever à un million de bornes.

Le décret pourrait aider à encaisser cet intérêt colossal, en plus de revenir moins cher aux demandeurs. Actuellement, on estime à 800 euros le reste à charge moyen des copropriétaires voulant installer une borne.

C’est le cas malgré les nombreuses aides qui existent, à commencer par le dispositif Advenir. Celui-ci prend en charge la moitié des dépenses grâce à une enveloppe de fonds public. L’Avere-France pilote ce projet, mais les chiffres d’installation peinent à suivre malgré les aides. Logivolt Territoires est là aussi pour amortir le coût de raccordement des places de stationnement.

C’est pour cela que le décret visant à faciliter les installations par Enedis devrait faire son apparition. Pour le moment, le déploiement des bornes est long à se décider, et surtout long à se faire. Le parcours du combattant est décourageant, mais ralentit surtout l’électrification à l’échelle nationale.

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Le manque de connaissance ralentit les installations

Ces délais pour obtenir une borne à domicile sont souvent dus à la crainte des copropriétaires de payer pour les autres. Alors que dans la plupart des cas, les dépenses pour les parties communes sont assumées par les subventions. Le manque de connaissance des syndics est aussi en cause, puisque les discussions avec les opérateurs sont insuffisantes.

« Il y a toujours une crainte de certains copropriétaires ralentissant les demandes d’installation », explique Mathias Laffont. Le directeur des études de l’Union Française de l’Électricité (UFE) rappelle que « des techniques existent pour faire uniquement payer les utilisateurs, moyennant quelques centaines d’euros pour l’achat de la prise, en plus de l’abonnement mensuel souscrit auprès de l’opérateur. »

L’autre problème ralentissant l’installation de bornes dans les copropriétés est le manque d’employés des sous-traitants. Comme le souligne BFMTV, cela peut allonger le délai d’installation jusqu’à un an et demi entre le moment de la première demande et l’installation effective. « Le secteur est en forte croissance, mais on manque cruellement de bras », a commenté Jérôme Princet. Le directeur général de Bornes Solutions soulève ici un problème, mais d’autres viennent se greffer.

Les copropriétés ont très souvent des parkings en extérieur, et les travaux y sont bien plus onéreux. En effet, il est obligatoire dans ce cas de faire une installation plus importante. Cela oblige donc les copropriétaires à mettre la main au portefeuille, comme l’explique Lara Dupont de Zeplug. « C’est aujourd’hui trop onéreux pour que les opérateurs et les copropriétés puissent en assumer le coût », indique-t-elle.