Produite en Chine, la Dacia Spring devrait perdre le bonus en 2024. Mais Renault a différentes solutions en mains pour contourner le problème.

Emmanuel Macron l’a lui même annoncé : les règles du bonus vont être revues, avec l’ajout d’un critère environnemental, dans le but de favoriser les modèles produits en France et en Europe. En clair : il faut mettre des bâtons dans les roues des firmes chinoises. Mais cela va impacter aussi des voitures de marques européennes assemblées en Chine, notamment la Dacia Spring.

Ce qui n’est pas rien. Grâce à son prix au plus bas sur le marché des électriques, elle est vite devenue un succès dans l’Hexagone. Au point même d’être en tête des ventes en 2022 et de le rester en 2023, à égalité avec le Tesla Model Y. Grâce au bonus, son prix permet à des automobilistes d’envisager plus facilement le passage à l’électrique.

Actuellement, la Spring commence à 20.800 €, soit 15.800 € en déduisant le bonus de 5.000 €. Et la moitié des ménages, sous 14.090 € de revenu fiscal de référence par part, a même un bonus de 5.616 € (le bonus étant plafonné à 27 % du prix de la voiture). La fin du bonus pourrait donc bien perturber la carrière de la Spring et compliquer l’accès à la voiture électrique.

“Ou pas”, pour reprendre un tic de langage à la mode. La Spring n’a en effet pas dit son dernier mot. La preuve en trois parties.

Elle restera pas chère

Déjà, tout simplement, même sans bonus, la Spring restera une des voitures électriques les moins chères du marché. Actuellement, la Twingo électrique commence à 25.250 €, donc 20.250 € avec le bonus. Sans bonus, la Volkswagen e-Up commence à 27.945 €, la Fiat 500 dépasse les 30.000 € ! Evidemment, les prestations ne sont pas les mêmes. Avec son prix plancher, la Spring a un mini moteur de 44 ch, une autonomie de 230 km WLTP et un équipement sommaire. Son succès prouve toutefois que cela suffit à des automobilistes.

À lire aussi La Dacia Spring privée de bonus ? Pourquoi ce ne devrait finalement pas être un problème

Son prix pourrait baisser

Mais Dacia ne doit quand même pas se leurrer : pour que la Spring retrouve de l’intérêt, son prix doit baisser. Et c’est bien ce qui pourrait arriver, car à son lancement, le véhicule coûtait sans bonus 16.990 € ! En deux ans, le ticket d’entrée s’est envolé de près de 4.000 €, en raison notamment de la hausse du coût de l’énergie et des matériaux, notamment pour les batteries. La situation commence à s’arranger, Renault pourrait donc refaire baisser le prix de la voiture et compenser ainsi une partie de la perte du bonus.

Elle pourrait être made in Europe

Il peut y avoir une solution plus importante pour Renault. Le Losange pourrait rapatrier la production de la Spring en Europe. Une usine semble toute trouvée pour cela : celle de Novo Mesto en Slovénie, où est assemblée la Twingo. Or, la fin de carrière de celle-ci est prévue, il y a donc une place à prendre. Le déménagement de la production de la Spring pourrait se faire à l’occasion de son gros restylage prévu en 2024, un lifting qui doit permettre à la Spring de faire progresser sa présentation et surtout se mettre en conformité avec une réglementation européenne sur les équipements de sécurité. En devenant made in Europe, la Spring pourrait être plus chère, mais elle sauverait son bonus, ce qui équilibrerait la balance.

A voir toutefois si Renault y tient tant. Au micro de France Inter, Jean-Dominique Senard, président du Losange, a d’ailleurs qualifié le sujet de marginal ! Il a mis en avant la production de modèles électriques en France, par exemple la Mégane. Celle-ci sera bientôt rejointe par la R5 ou le SUV Alpine. Autant de véhicules qui doivent dégager des marges, alors qu’une Spring ne rapporte pas grand chose au groupe. Son intérêt a d’abord été de faire fondre le bilan CO2 de Dacia, pour aider le groupe à éviter les pénalités de la réglementation CAFE.

Mais si la Spring ne rapporte pas beaucoup d’argent, surtout face à une Sandero, on peut lui trouver un autre avantage : servir de réservoir à clients pour les futurs produits électriques du groupe, à commencer par la R5 puis une prochaine citadine branchée de Dacia, qui devra cette fois dégager plus de marges.