Les véhicules qui s’inscrivent dans la mobilité durable, et en particulier les voitures électriques, font peur à nombre de personnes pour lesquelles un moteur se doit d’émettre du bruit et des gaz à l’échappement. Coal Rolling, occupation des places devant les chargeurs, campagnes de dénigrement, etc. : la palette des actions est large, en particulier outre-Atlantique.

Christine is back

Nous sommes en 2041. Quelque part en Californie, une Tesla Model S, de couleur rouge délavé, attend son sort, perchée sur des jantes aux pneus à plat et mangés par de hautes herbes. Contre l’avis de ses proches, Ethan a craqué pour cette voiture électrique en bout de course. Il a payé cher pour cette épave vendue par un vieil homme au sale rictus. Ethan effleure la poignée de la porte avant gauche qui, contre toute attente, émerge de la carrosserie. Il s’assied sur le siège ruiné du conducteur. Sans rien faire la tablette tactile s’allume, en même temps que sortent des enceintes « This Head I Hold », ce titre du groupe Electric Guest créé à Los Angeles en 2010… Est-ce de cette peur dont il est question aux Etats-Unis, illustrée ici à la façon de Stephen King ?

Basculement majeur

La peur agressive de la voiture électrique vient davantage de la crainte de devoir bouleverser ses habitudes et de revoir son propre système de valeurs, avec, en prime, l’appréhension d’un basculement majeur en faveur des VE. Un basculement bien réel !

Pour les uns, la mobilité branchée est vécue comme la fin d’un rêve américain où la voiture est un prolongement de soi. Pour d’autres, elle signifie la ruine d’un business. Parmi ces derniers, Donald Trump lui-même. Le président américain assure que la voiture électrique « ne marchera pas ».

Dans le même esprit, depuis 2016, les frères milliardaires, Charles et David Koch, à la tête de la multinationale Koch Industries, multiplient les campagnes contre la mobilité électrique en les orientant vers une liste d’avantages à rouler avec des carburants issus du pétrole. Tous espèrent la disparition des aides en faveur de la mobilité électrique.

Coal Rolling

Nombre d’amateurs de gros pick-up détestent l’idée d’une mobilité plus vertueuse. Eux aussi multiplient les actions contre les voitures électriques, comme vient d’en témoigner sur son compte Tweeter Leilani Münter, pilote de course et militante environnemental. En date du 22 décembre 2018, elle a été enfumée dans sa Tesla Model S (qu’elle recharge avec l’énergie solaire des panneaux installés sur le toit de sa maison) par des propriétaires de pick-up équipés pour le Coal Rolling, cette pratique qui consiste à émettre des fumées noires très opaques.

« Un jour, ces conflits finiront très mal ! », appréhende-t-elle. Elon Musk en personne lui a communiqué son soutien dans la foulée.

Bloquer les superchargeurs Tesla

Parmi les autres actions menées par ces conducteurs irresponsables, le blocage des superchargeurs Tesla. Dans un article mis en ligne ce jour, jeudi 27 décembre 2018, le Daily Mail met au jour cette pratique, avec plusieurs photos à l’appui. Selon le quotidien britannique et les autorités américaines, le phénomène serait en train de s’étendre.

Un propriétaire de Model S a témoigné n’avoir pas pu recharger sa voiture car l’accès aux superchargeurs de la station Tesla d’Hickory, en Caroline du Nord, était barré par de volumineux 4×4 dont les propriétaires auraient scandé « F**k Tesla ». Des épisodes similaires ont été constatés au Tennessee, au Texas, etc. « Je pense que ce genre de situation va bientôt dégénérer en un incident grave », déplore un témoin.

Se garer devant les pompes à essence

Sur la Toile, Leilani Münter et d’autres propriétaires de voitures électriques n’hésitent pas à comparer le blocage des superchargeurs à un stationnement longue durée devant des pompes à essence ou gazole. Le cas est d’ailleurs déjà arrivé, notamment en Suède, en mai 2015, quand une douzaine de propriétaires de Tesla Model S avaient bloqué pendant quelques minutes une station-service. Par cette action symbolique de communication, ils entendaient faire réfléchir les automobilistes sur l’occupation abusive des places réservées à la recharge.