Skoda Enyaq iV RS

Après le coupé, c’est au tour du Skoda Enyaq iV conventionnel d’adopter la définition RS. Un badge lourd de sens pour un SUV aux prestations dynamiques mesurées.

Il y a des acronymes qui marquent. En matière d’automobile, plus d’un passionné sautera au plafond en entendant les lettres “GT-R” ou “RS”. Diminutif de Rennsport (course, en allemand), ces deux dernières sont intimement liées au monde de la compétition automobile. Mais elles caractérisent aussi les sportives routières les plus radicales. Même si bien différentes, les Audi RS6, Renault Megane RS ou Porsche 911 GT3 RS ont un point en commun : la volonté assumée de plier du bitume !

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Pourtant, chez Skoda, l’approche est différente. Car si la marque brandit son badge RS, pour Rally Sport ici, elle assume le caractère sport-chic de ses variantes et surfe moins sur l’héritage sportif, bel et bien existant cependant. La firme de Mlada Boleslav est claire : les Skoda RS privilégient davantage le dynamisme que le sport.

Une présentation plus sportive, et voyante !

Tout est une question de présentation, avant tout. La nouvelle déclinaison RS reprend les codes stylistiques apparus avec l’Enyaq iV RS Coupé. Le bouclier avant devient à peine plus expressif avec des entrées d’air en E, alors que celui de l’arrière, peint couleur carrosserie, se pare d’un large catadioptre en guise de liseré rouge. La calandre Crystal Face qui fait mouche est livrée de série, tout comme la teinte Mamba Green spécifique. Une apparence voyante qu’il est possible de renforcer avec des liserés de même couleur sur les jantes. Effet garanti !

Même trajectoire dans l’habitacle avec une présentation plus expressive grâce à deux configurations RS Lounge et RS Suite. Cette dernière privilégie une sellerie en cuir parfaitement similaire à ce que l’on peut retrouver à bord d’un modèle Sportline, alors que la configuration RS Lounge se présente avec des revêtements en Alcantara, ainsi que des liserés et surpiqures verts. On note dans cet univers l’apparition en série du parebrise chauffant ou de la climatisation tri-zones.

Une puissance sous conditions d’éligibilité

Pour justifier son badge RS, le Skoda Enyaq iV reprend la plus puissante des chaînes de traction compatibles avec la plateforme MEB. Il se sert donc sur les étagères de Volkswagen, et plus précisément sur celle de l’ID.4 GTX. On y retrouve ainsi une configuration à deux moteurs pour une puissance totale de 299 ch (220 kW) pour 460 Nm de couple. Sur la fiche technique, la valeur est séduisante, tout comme le 0 à 100 km/h en 6,5 s.

Mais ce groupe motopropulseur, alimenté par une batterie LG de 77 kWh de capacité nette, ne dispose pas toujours de la puissance en pic annoncée. À l’instar de ses cousins allemands, Skoda pose ses réserves et précise que la puissance maximale n’est disponible que pendant 30 secondes maximum, au-dessus de 88 % de charge, et avec une batterie entre 23 °C et 50 °C ! Rassurez-vous, c’est comme ça avec un paquet de voitures électriques, mais elles ne jouent pas toute aussi bien la carte de la transparence.

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Lors de cet essai, nous n’avons pas vu la couleur des 299 ch indiqués, avec une batterie tantôt froide avec plus de 88 % de charge, tantôt l’inverse. En tout cas, c’est ce que semblait indiquer la jauge de puissance affichée sur le petit combiné d’instrumentation, jamais vraiment pleine. Surtout qu’au fur et à mesure de la vitesse, la disponibilité de la puissance restante est considérablement diminuée : elle permet tout juste de couvrir le 80 à 120 km/h, que nous avons chronométré en 4,7 s. L’écart est ainsi minime avec la version 80x de 265 ch, que nous avons chronométré en 4,9 s à un taux de charge similaire (près de 80 % de charge). Combien de puissance effective disposions-nous à ce moment-là ? C’est une question à laquelle les experts batterie de la marque n’ont pas pu apporter de réponses.

Le poids, c’est l’ennemi

Il ne fait aucun doute que les performances du Skoda Enyaq iV RS suffisent au quotidien, comme nous l’avons expérimenté lors de notre essai. Cependant, tenir un rythme enjoué à son bord sera vite limité par la puissance de la batterie. Et le mode Sport, un peu plus caricatural avec une pédale de droite sensible, n’y changera rien. On lui préfèrera alors un mode de conduite Normal, ou Individual pour configurer les paramètres à la carte, dont la suspension pilotée DCC.

Profitant du châssis Sport avec une assiette abaissée de 15 et 10 mm, le Skoda Enyaq iV RS n’est pas le SUV sportif qu’il prétend être. Si l’amortissement est un peu plus rigoureux, quoique sec à basse vitesse, le SUV tchèque veut toujours être l’allié des familles. Il conserve les traits de caractère qu’on lui connaît, avec une prise de roulis un peu plus prononcée que dans des SUV de cet acabit et une relative paresse lors des changements d’appui. Et pour cause : le beau bébé avoue 2 258 kg sur la balance, soit près de 2 400 kg avec deux passagers à bord. Une masse élevée qui ne fait pas peur au système de freinage -à tambours à l’arrière comme le veut la plateforme MEB- en usage familial. Reste que la consistance de la pédale de frein est toujours aussi déroutante avec une cartographie difficilement cernable.

Une autonomie moyenne de 430 km

Le Skoda Enyaq iV RS promet 517 km d’autonomie dans sa configuration de base. C’est 5 km de moins que le Coupé, à peine plus léger (- 3 kg) et plus aérodynamique (Cx de 0,248 contre 0,265). Rien qui ne changera la vie des conducteurs, surtout que les consommations n’explosent pas. Le secret ? Le SUV embarque un moteur asynchrone à l’avant, qui a la particularité d’être déconnecté sans entraîner de résistance de rotation à rythme stabilisé. C’est la déconnexion de cylindres 2.0.

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Sur notre parcours d’essai de près de 320 km sur routes secondaires et autoroutes espagnoles (autrement dit avec un maximum de 120 km/h), nous avons enregistré une consommation moyenne de 18,0 kWh/100 km exactement. Ce qui laisse espérer une autonomie moyenne de 430 km au total. Sur autoroute, il faudra compter sur une conso de 24 kWh/100 km, soit près de 320 km d’autonomie. C’est confortable pour un SUV électrique à vocation familiale.

Côté recharge, l’Enyaq iV RS promet un maximum de 135 kW sur les bornes rapides, et indique un temps de 36 minutes pour passer de 10 à 80 % de charge. Il s’incline comme le veut la hiérarchie devant le Volkswagen ID.4 GTX, qui annonce une puissance maximale de 150 kW. Nous n’avons pas eu l’occasion de vérifier la courbe de recharge lors de cet essai, même si nous avons pu effectuer un court passage sur une station Ionity pour découvrir la nouvelle fonction Plug&Charge : comme chez Tesla, les conducteurs n’ont plus qu’à brancher et laisser la voiture charger. Enfin, comme d’habitude, le SUV propose d’office un chargeur 11 kW pour les recharges en courant alternatif.

Le Skoda Enyaq iV RS plus abordable que le 80x

Réduire la version RS à un simple niveau de finition, il n’y a qu’un pas qu’on est à deux doigts de franchir. Car même s’il fait l’effort d’une présentation spécifique et d’une mécanique plus puissante que les autres n’ont pas, le Skoda Enyaq iV RS peine à se démarquer de la version 80x Sportline. Avec un équipement presque similaire et une chaîne de traction identique, mais avec “seulement” 265 ch pour 425 Nm de couple, cette dernière présente des performances similaires. Surtout, lors de son essai, la disponibilité de la puissance observable sur la jauge ne nous est jamais parue aussi fluctuante qu’à bord du RS. Une impression confirmée par les documents officiels de la marque : il n’y a que pour les 299 ch que la marque émet des réserves via un astérisque !

Skoda est visiblement consciente de la dangereuse proximité entre ces deux modèles puisque l’Enyaq iV RS se montre même plus abordable que la version 80x Sportline : la version haut de gamme est affichée à 61 130 €, contre 61 370 € pour le modèle moins puissant. Tout n’est qu’une question de finition et d’équipement disponible en série donc, qu’il sera ensuite possible d’étoffer avec les packs d’option. Dans ce cas-là, l’Enyaq iV RS réclamera une rallonge proche de 1 000 €.

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