Emission_CO2

Ca fait déjà quelques années que la plaisanterie dure. A chaque fois qu’un nouveau modèle de voiture est mis sur le marché, les constructeurs automobiles battent de nouveaux records d’hypocrisie en matière de consommation de carburant. Suivant le célèbre dicton « plus c’est gros, plus ça passe », certains n’hésitent plus à afficher des consommations de SUV diesel à peine supérieures à celles des citadines les plus sobres du marché. Jusqu’où ira l’hypocrisie ?

I. Revoir en profondeur le cycle NEDC

Conscients du problème, la plupart des professionnels répètent en boucle le même refrain archi daté : l’important est de pouvoir comparer entre eux les véhicules. Dans les faits, c’est complètement faux puisque selon l’usage et les caractéristiques du véhicule (poids, surface frontal, puissance, transmission…), la consommation réelle ne variera pas tout à fait de la même manière. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre le temps de consulter dans le détail l’excellente base de données Spritmonitor pour constater, ô surprise, que certains modèles affichent des consommations moyennes réelles jusqu’à 70 % plus élevées que les consommations conventionnelles affichées ! Pour parvenir à un tel « exploit », la recette est relativement simple : une masse à vide élevée, un petit moteur équipé d’un (gros) turbo, le tout utilisé en condition urbaine.

L’autre cas de figure, moins répandu celui-là, concerne les véhicules hybrides rechargeables, pour lesquels tout le monde s’accorde sur l’absurdité des valeurs conventionnelles. Selon l’usage et les commodités offertes aux utilisateurs en matière de recharge, la consommation moyenne en carburant de ce type de véhicule peut effectivement varier d’un facteur 1 à 4.

II. Quid des pétroles non conventionnels ?

Evidemment, à ce petit jeu d’hypocrite, pas un mot sur la provenance et encore moins les conditions d’extraction du pétrole servant à alimenter ces belles machines. Chacun son métier, celui des constructeurs automobiles s’arrêtant à la conception et la fabrication de la voiture, fût-elle généreusement financée par les multi-nationales du pétrole. On continue donc de vivre dans le déni le plus total (sans mauvais jeu de mot) et au diable l’information claire et objective à laquelle un nombre croissant de consommateurs aimeraient pourtant avoir accès.

Pourtant, lorsqu’il s’agit de prendre en compte la diminution des émissions spécifiques liées à l’intégration de « biocarburant » dans l’essence ou le diesel, là étrangement, les constructeurs ont appliqué à la virgule près les nouvelles valeurs d’émissions de CO2 par litre brulé.

Certes le constat vaut aussi pour l’électricité. Mais à une différence majeure : avec les véhicules électriques, l’utilisateur peut toujours faire le choix d’un fournisseur d’énergie distribuant exclusivement de l’électricité produite à partir de sources renouvelables.

III. La puissance du web

Il est grand temps que les constructeurs comprennent qu’à l’heure du numérique, des réseaux sociaux et autres blogs, le mensonge n’a plus sa place dans les concessions automobiles.

Les utilisateurs de VE le savent mieux que quiconque : pour faire rouler une voiture avec ses passagers et ses bagages à 60 km/h de moyenne durant 100 kilomètres, il faut fournir entre 15 et 25 kWh d’énergie aux roues selon le type de véhicule et le profil de la route. Avec un moteur diesel à 40 % de rendement dans les conditions les plus favorables qui puissent être, il faut donc en théorie entre 3,6 et 6L de gazole aux 100 kilomètres. En y ajoutant l’impact des démarrages à froid, la congestion routière, les accélérations et freinages inutiles, la moyenne réelle fait un bond d’au moins 15 % voire plus en cas d’utilisation exclusivement urbaine (sauf cas des véhicules hybrides). Concrètement, cela signifie que même hybride, une voiture à moteur thermique passera difficilement sous la barre des 4L/100km dans la vraie vie.

Il est donc temps d’arrêter de prendre les consommateurs pour des imbéciles. Le temps où le consommateur était un citoyen passif à qui on pouvait faire croire n’importe quoi est définitivement révolu. Les constructeurs automobiles en ont de plus en plus conscience. Il serait temps que le monde du marketing s’en rende compte à son tour…

IV. Partager ses données

Pour continuer à améliorer la connaissance des uns et des autres, on mesure une nouvelle fois l’importance et l’intérêt de partager ses propres données de consommation. Non pas qu’elles soient une vérité absolue en toute circonstance mais surtout parce qu’elles contribuent à mieux rendre compte de l’efficacité réelle d’un véhicule utilisé dans des circonstances données.

Dans le cas des VE, les valeurs réelles de consommation seront d’autant plus importantes qu’elles permettront à chacun de s’assurer que l’autonomie réelle réponde effectivement aux besoins des usagers potentiels.

Vive l’Internet 2.0, vive le nouveau monde !