La crise du Covid19 touche durement l’industrie automobile, poussant certaines associations à demander à l’Union Européenne un moratoire sur les émissions de CO2. Mais tout le monde n’est pas d’accord.

En cette année 2020, la réglementation CAFE est une épée de Damoclès sur les groupes automobiles. Si certains estiment pouvoir respecter les émissions de CO2 demandées (95 g/km en moyenne, différant selon les constructeurs), d’autres auront sans doute des sanctions financières à partir de 2021.

Or, le coronavirus vient totalement bouleverser l’économie. Après l’arrêt des usines en Chine et en Europe, voilà que l’Amérique du Nord est touchée, plombant les trésoreries. Exemple : alors que les ventes chutent drastiquement, Volkswagen continue de dépenser environ 2 milliards d’euros en une semaine selon Automotive News. Pour les constructeurs les plus fragiles, la situation pourrait être critique. De quoi assouplir les normes ?

Une réglementation CAFE moins corsée ?

Plusieurs associations européennes, dont la puissante ACEA, ont envoyé une lettre à la présidente de l’Union Européenne, Ursula von der Leyen. Outre la dimension financière – 37 milliards d’euros promis à la filière – le secteur appuie que « plus devrait être fait ».

« Ceci compromet nos plans de préparation à la conformité aux existantes et futures lois et régulation de l’UE dans les délais impartis », vient appuyer le document, « nous pensons donc que des ajustements devraient être fait sur ces échéances ». Cependant, les différents acteurs ne remettent pas en question « la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement ». Soulignons que l’ACEA possède comme Président un certain Mike Manley, PDG de FCA, groupe en retard sur l’électrification et les objectifs CO2.

Petit bémol : si l’association représente 16 grands constructeurs, certains ne sont pas d’accord souligne JournalAuto.com. Nos confrères ont rapporté de nombreux témoignages de Mitsubishi Motors France, Hyundai Motor France, ou encore PSA. Normal, les deux premiers sont déjà en avance, tandis que le troisième profite de la nouvelle Peugeot e-208. Un porte-parole du groupe français a été clair, « la baisse du volume n’aura logiquement pas d’impact sur le mix ». Patrick Gourvennec (Mitsubishi) et Lionel French Keogh (Hyundai) partagent cette vision. Quant à Volvo Car France, son président Yves Pasquier Desvignes est plus mitigé, voyant la perte minimale de « deux mois de production ».

 

Avis de l'auteur

Les propos rapportés par JournalAuto.com sont ceux de constructeurs favorisés par leur mix énergétique. Avec de nombreuses voitures électriques ou hybrides rechargeables au catalogue, ils ne sont pas logés à la même enseigne que d’autres. PA Consulting avait indiqué récemment que les pénalités financières pendaient au nez de Volkswagen (4,5 milliards d’euros), FCA (2,5 milliards d’euros) ou Ford (1,5 milliard €).

La demande de moratoire, sous-entendu d’un possible report des objectifs de CO2, est contestable. L’initiative soutenue par l’ACEA est donc précoce, venant surtout diviser ceux qu’elle représente. Si la production reprend peu à peu en Chine, nul ne sait quand elle sera relancée en Europe ou outre-Atlantique. En France, Édouard Philippe a confirmé ce vendredi 27 mars le prolongement du confinement « au moins jusqu’au 15 avril ».

Aujourd’hui, il est difficile donc de juger l’état financier futur des constructeurs. Cette crise sanitaire fait naviguer l’industrie à vue, et les conséquences sont encore floues. Ainsi, il est encore moins opportun de remettre à plat une réglementation fondée pour le bien commun (et sanitaire justement), ainsi que la protection de notre planète.