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On dit souvent que l’électrique tue la passion automobile. Mais je crois qu’elle la sauve. Grâce à ma citadine branchée, je peux bichonner ma vieille Japonaise thermique sans contrainte, savourer le silence du quotidien et réserver le vacarme du moteur thermique aux jours de fête.
Je ne m’en cache pas : je suis un passionné d’automobile depuis mon plus jeune âge. Comme ce dernier se rapproche dangereusement du demi-siècle, ce n’est pas peu dire. Et j’entends l’automobile au sens large, sans distinction de carburant. Parlez-moi moteur à flux axial, six cylindres à plat, batterie solide ou distribution variable et je vous accorderai de façon égale une oreille attentive, un sourire éclatant et une étincelle dans la pupille. Et mes choix personnels le reflètent. À côté de ma citadine électrique covoiturée au quotidien, j’ai en effet toujours en ma possession les clés d’un vieux tacot thermique suffisamment ancien pour mériter la classification collection mais sous le capot duquel je passe plus de temps que derrière le volant.
Ce n’est pas forcément pour une question de fiabilité, mécanique indestructible de Japonaise des années 90 oblige, mais il faut, pour qu’elle sorte sereinement de son box hermétique, que la météo annonce un risque de précipitations nul dans l’hémisphère nord et un taux d’humidité saharien, carrosserie soluble de Japonaise des années 90 oblige. Ce qui, visiblement, arrive rarement dans le Grand Est puisque mon premier plein de Sans Plomb de l’année 2025 date de septembre. Pour celui de Castrol GTX 10W40 neuve, notre rendez-vous annuel a cependant déjà eu lieu, en même temps que la vidange de liquide de refroidissement pour remplacer le thermostat décédé après 30 ans de bons et loyaux services. Pour la MTF3 dans la boîte de vitesses et la DPS-F dans le pont, ce sera au programme de cet hiver et rappelez-moi de jeter un œil au carnet pour vérifier précisément la date du dernier changement de courroie de distribution. Autant d’opérations immobilisantes et d’apparence rébarbative, mais que je me réjouis pourtant de réaliser de mes blanches (au début) mains quand bon me semblera grâce à ma seconde monture carburant aux électrons.
Car, tel le Petit Cheval de Georges Brassens, même si elle verra sans le moindre doute le prochain printemps, celle qui a été rebaptisée Miireille, dans le même temps, a filé gaillardement par monts et par vaux, affrontant sans jamais chercher d’excuse canicule bretonne et hiver alsacien et cumulant près de 13 000 km depuis le dernier réveillon. Le tout avec une consommation moyenne réjouissante de 10,3 kWh/100 km et sans dépenser le moindre euro d’entretien, sauf dans une moitié de bidon de lave-glace qu’elle partage avec sa grande sœur roulant au jus de dinosaure. Pas de doute sur le démarrage le matin après une nuit dans le gel du Bas-Rhin, pas de carnet d’entretien à garder fièvreusement à proximité, pas de facture salée à régler chez le mécano du coin et un coût d’utilisation proche du négligeable.
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Témoignage : j’ai traversé la France avec une voiture électrique à petite batterie (et je vais bien)Mais cela ne s’arrête pas là. Au fur et à mesure de l’évolution technique des voitures électriques, l’étendue de leur domination sur différents profils de route n’a cessé de croître, jusqu’à devenir totale. Certes, si une Tesla Model 3 ou une BYD Seal permettent de traverser la France dans un temps très proche de l’équivalent thermique, le bruit et les vibrations en moins, je ne vous ferai pas l’affront d’essayer de vous faire croire qu’une Seat Mii Electric de 2020 est une voyageuse accomplie, même si les 150 km qu’elle peut réaliser — dans le meilleur des cas à vitesse autoroutière avant de devoir s’arrêter 40 minutes pour recharger — sont un régal absolu de confort auditif. Mais le couple instantané, l’absence de boîte de vitesses, les 350 km d’autonomie en zones urbaines et le silence de fonctionnement total en font, sans le moindre doute, la meilleure citadine de l’histoire de l’automobile. Et ce, probablement pour toujours.
Et ces qualités absolument imbattables m’ont été cruellement rappelées alors que je revenais d’une balade sans destination précise sur les routes sinueuses des Vosges voisines aux commandes de ma vénérable antiquité vrombissante, profitant ainsi des derniers jours de ce magnifique automne aux couleurs extraordinaires auquel nous avons eu droit dans cet angle de l’Hexagone. La tête encore farcie de montées en régime stratosphériques et de double débrayage dans des lacets suffisamment tortueux pour qu’atteindre la vitesse maximale autorisée tienne du vœu pieux, je me suis fait surprendre par des travaux de voirie récemment mis en place à l’approche de Strasbourg et entraînant des bouchons dignes de l’Île-de-France. S’en sont ensuivies 45 minutes de point mort/première et de pompage frénétique d’une pédale d’embrayage bien trop ferme, la goutte au front et le mollet en feu, ce qui n’a pas été loin de gâcher le moment exquis de félicité mécanique vécu auparavant, quand le même exercice dans la petite Ibère aurait été l’occasion parfaite de prendre son mal en patience en écoutant un podcast rythmé par de légères flexions de la cheville droite à chaque fois que le trafic redémarre.
Nombreux sont ceux qui se soucient de la fin inéluctable de la voiture thermique et de la passion qu’on lui associe. Il paraît en effet certain que le pur outil de déplacement au pétrole va s’effacer face à un successeur électrique approchant d’une domination sur tous les tableaux. Mais disparaître ? Non. Bien au contraire même. La curiosité mécanique, la sportive aux envolées lyriques et la berline charismatique à multitude de cylindres vont enfin pouvoir s’affranchir d’une vulgaire utilisation de transport d’un point A à un point B. Ainsi libérées de leur fonction, elles pourront enfin devenir de purs objets de passion dont on louera exclusivement les qualités de générateurs d’émotion et dont l’inutilité permettra d’oublier tous les défauts. Vivement.
Est-il possible dans ce monde bien manichéen d’apprécier à la fois les voitures électriques et thermiques ? Peut-on tout de même prétendre se soucier de l’environnement en roulant au quotidien sans émission et en expulsant du CO₂ occasionnellement par passion ? Qu’en pensez-vous ?
N’hésitez pas à nous le dire dans les commentaires !
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