La suite de votre contenu après cette annonce
15 000 conducteurs ont récemment été interrogés en Europe, aux États-Unis et en Chine. Les résultats révèlent un fossé croissant entre les propriétaires de voitures électriques et ceux qui n’ont pas encore sauté le pas. Comment expliquer cette situation ? Et surtout, comment relancer l’intérêt pour la watture ?
D’un côté, des conducteurs convaincus, satisfaits de leur choix et prêts à repartir pour un tour électrique. De l’autre, une majorité de sceptiques dont l’intérêt s’émousse. C’est ce que révèle une récente enquête menée par Shell (oui, vous avez bien lu) auprès de 15 000 automobilistes répartis entre l’Europe, les États-Unis et la Chine. Les résultats de l’étude montrent que le fossé ne cesse de se creuser. Et il faut bien le reconnaître, cela rend la transition énergétique plus incertaine qu’elle ne le semblait il y a encore un an.
Les conducteurs qui ont déjà goûté à l’électrique dressent un tableau plutôt rassurant : moins d’angoisse liée à l’autonomie, des bornes suffisamment nombreuses et, pour certains, un abandon progressif du véhicule thermique « de secours ». En Europe, la part des électromobilistes ne possédant qu’un seul véhicule est passée de 49 à 54 % en un an. Aux États-Unis, ce chiffre a bondi de 34 à 41 %. En Chine, il atteint 89 %. Ces chiffres traduisent une meilleure intégration de la voiture électrique dans le quotidien des usagers.
À lire aussiMais du côté des conducteurs de véhicules thermiques, l’appétence pour l’électrique recule. En Europe, seuls 41 % d’entre eux se disent prêts à franchir le pas, contre 48 % l’an dernier. Le principal frein reste économique : 43 % estiment que ces véhicules sont encore inaccessibles. Et pour cause, les prix à l’achat restent élevés, malgré la baisse du coût des batteries. Les aides publiques s’amenuisent, comme c’est le cas en France, et la perspective de factures d’électricité en hausse n’arrange rien.
Le marché de l’occasion, en progression de 39 % sur notre sol au cours du premier trimestre 2025, pourrait offrir une solution à moyen terme, mais il reste perçu comme peu lisible. Autre motif de réticence : les infrastructures de recharge. Si la situation s’améliore globalement, l’Europe fait figure de mauvais élève. Moins de la moitié des conducteurs interrogés (51 %) estiment que la fiabilité des bornes a progressé ces douze derniers mois. Et seuls 17 % jugent le rapport qualité-prix satisfaisant.
En comparaison, les conducteurs chinois sont 69 % à considérer la recharge publique comme « économiquement intéressante », et 74 % des Américains jugent les infrastructures plus fiables qu’avant. En Europe, et malgré 1 million de bornes, la promesse d’une recharge « facile, rapide et bon marché » reste encore à concrétiser.
L’idée de bannir progressivement les moteurs thermiques séduit une partie des automobilistes… mais à certaines conditions. En Europe, 44 % des conducteurs de véhicules essence ou diesel soutiennent la fin du thermique. Mais seuls 56 % d’entre eux resteraient fidèles à leur engagement si les véhicules électriques restaient plus chers que les véhicules à essence et diesel dans les années à venir. Et seulement 50 % si les infrastructures de recharge ne se développent pas davantage.
On voit donc bien que le défi de l’électrification tient dans ces deux arguments. En face, les conducteurs de véhicules électriques affichent une fidélité impressionnante : 91 % d’entre eux envisagent de ne jamais repasser au thermique. Ils font part d’un certain nombre d’avantages : un quotidien simplifié, une baisse des coûts à l’usage, et un confort accru. Pour les électromobilistes, la watture n’est plus une alternative, mais une évidence. Pourtant, ils sont encore minoritaires en Europe.
La démocratisation de l’électromobilité dépendra donc de la capacité à embarquer les retardataires, au-delà de ce noyau dur. Convaincre les indécis suppose d’agir sur plusieurs leviers. Comme on a pu le voir, le prix reste central : un soutien renforcé à l’achat, en particulier sur le marché de l’occasion, pourrait favoriser un basculement. Il faut également faire émerger un véritable marché de la voiture électrique accessible, à l’image des modèles à bas coût récemment lancés sur le marché européen.
Autre levier : la pédagogie. Trop de conducteurs restent mal informés sur le coût réel d’un véhicule électrique ou sur les aides disponibles. Enfin, la recharge doit devenir une évidence. Cela implique un effort massif pour densifier et améliorer les réseaux, notamment dans les zones périurbaines et rurales. Les collectivités locales ont un rôle clé à jouer. On l’a vu avec la suppression des ZFE, l’enjeu est d’éviter que la transition vers l’électrique ne se fasse au détriment des plus modestes, ou des plus isolés.
À lire aussiSi elle entre un peu plus dans notre quotidien en 2025, la voiture électrique continue de diviser car elle incarne à la fois une promesse d’avenir et une source d’inquiétudes. Pour combler le fossé, il faut redonner de la lisibilité, de la stabilité et de la confiance. Car si les pionniers sont rassurés, une majorité de conducteurs hésite encore à se lancer.
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement