La suite de votre contenu après cette annonce
Plusieurs usines européennes spécialisées dans la fabrication de moteurs pour les voitures électriques ont été obligées de suspendre leur production. En cause, les restrictions imposées par Pékin sur les terres rares. Les nouvelles règles de l’empire du Milieu bouleversent les chaînes d’approvisionnement. Raison de plus pour gagner en indépendance vis-à-vis de la Chine ?
En avril, Pékin a décidé de restreindre l’exportation d’une large gamme de terres rares et d’aimants, des matériaux indispensables à de nombreux secteurs industriels (armement, aérospatial, automobile, etc.). Cette décision a immédiatement provoqué des turbulences dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment dans le secteur de l’auto. En Europe, plusieurs usines de composants pour véhicules électriques ont été contraintes de suspendre leur production, faute de matières premières.
À lire aussiLes terres rares, qui portent d’ailleurs mal leur nom, sont omniprésentes dans l’industrie moderne. On les retrouve dans les smartphones, les éoliennes, les systèmes militaires et donc dans les moteurs de voitures électriques. La Chine, qui détient près de 90 % de la production mondiale de ces matériaux, utilise aujourd’hui cette position dominante comme levier géopolitique. Et cette fois, l’ensemble du globe est concerné : les restrictions imposées par Pékin s’appliquent à tous ses partenaires commerciaux.
Sur le Vieux continent, les conséquences sont déjà visibles. L’association européenne des équipementiers automobiles (CLEPA) rapporte que plusieurs chaînes de production ont dû s’interrompre après avoir épuisé leurs stocks de composants. Si certaines entreprises (Mercedes) affirment avoir anticipé les risques, d’autres se retrouvent déjà en difficulté. Selon la CLEPA, seulement un quart des demandes de licences d’exportation adressées à la Chine depuis le début des restrictions ont été approuvées.
Le reste est en attente ou a été rejeté pour des raisons qualifiées de « purement procédurales ». La situation rappelle à certains égards la crise des semi-conducteurs provoquée par la pandémie de COVID-19. À l’époque, la production automobile mondiale avait été ralentie, voire totalement stoppée, par l’impossibilité d’obtenir des puces. Aujourd’hui, à cause de la mainmise chinoise sur les terres rares, le spectre d’une nouvelle désorganisation plane sur le secteur, avec des composants tout aussi critiques.
Les industriels estiment que le système est tendu à l’extrême. « Cela met simplement sous pression un système très organisé où les pièces sont commandées plusieurs semaines à l’avance », a expliqué Sherry House, directrice financière chez Ford. Même son de cloche du côté des autorités. Le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, a déclaré mercredi 4 juin que son homologue chinois et lui-même avaient convenu de « clarifier la situation des terres rares dans les plus brefs délais ».
De son côté, Stéphane Séjourné, commissaire européen en charge de la stratégie industrielle, estime que « nous devons réduire notre dépendance vis-à-vis de tous les pays, en particulier vis-à-vis d’un certain nombre de pays comme la Chine, dont nous dépendons à plus de 100 % ». Avant d’ajouter que « les restrictions à l’exportation renforcent notre volonté de diversifier nos sources d’approvisionnement ». Bruxelles aurait déjà identifié 13 nouveaux projets visant à augmenter l’approvisionnement.
Face à cette crise, les constructeurs automobiles tentent de trouver des solutions. Certains, comme BMW, ont développé des moteurs sans aimants permanents pour réduire leur dépendance aux terres rares. Aux États-Unis, General Motors explore également des solutions technologiques alternatives, mais aucun n’a encore réussi à produire à grande échelle sans que les coûts explosent. Pour l’heure, la majorité des industriels n’a donc d’autre choix que de tenter de sécuriser l’accès aux matériaux chinois.
La Chine est en position de force. Et ce désordre organisé n’est pas un hasard. En effet, les restrictions chinoises s’inscrivent dans un contexte plus large de tensions commerciales, notamment avec les États-Unis. Selon plusieurs observateurs, les négociations entre Xi Jinping et Donald Trump devraient prochainement aborder ce dossier brûlant. Même en cas d’accord, l’épisode en cours a renforcé la conviction en Europe qu’une plus grande souveraineté industrielle est indispensable.
Mais sans action coordonnée à l’échelle européenne, voire transatlantique, les initiatives des marques seront insuffisantes. Pour nombre d’industriels, le choc actuel va marquer un tournant. Les risques liés à une trop forte dépendance vis-à-vis de la Chine sont réels, nous en avons la preuve. Il est temps de mettre en place une nouvelle forme de souveraineté industrielle. La France tente par exemple de se rapprocher sérieusement de l’Indonésie, un pays très prometteur, pour diversifier son approvisionnement en matériaux critiques.
La suite de votre contenu après cette annonce
Le meilleur d'Automobile Propre, dans votre boite mail !
Découvrez nos thématiques voiture électrique, voiture hybride, équipements & services et bien d’autres
S'inscrire gratuitement