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Peugeot e-208 GTi électrique : pour les jeunes ou pour les nostalgiques ?   

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Peugeot a officialisé l’arrivée d’une version sportive GTi pour sa e-208.

Commençons par les faits. L’appellation GTi fera son retour chez Peugeot d’ici à la fin de l’année, avec le lancement d’une version sportive de la 208. C’est le nouveau patron de la marque au Lion qui l’a confirmé, lors d’une table ronde, un mois après sa prise de fonction. La présentation devrait avoir lieu le 13 juin, en marge des 24 Heures du Mans.

Continuons avec les rumeurs : de toute évidence, il s’agira d’un véhicule 100 % électrique. Logiquement, il reprendra la chaîne de puissance de la Lancia Ypsilon HF et de l’Alfa Romeo Junior Veloce, basées, elles aussi, sur la plateforme CMP du groupe Stellantis. La puissance devrait culminer autour de 280 ch.

« C’est le signal que nous souhaitons nous reconnecter avec notre passé, notre histoire » justifiait Alain Favey, remplaçant de Linda Jackson à la tête du Lion. À l’occasion des Six Heures de Spa-Francorchamps, nous lui avons demandé si la gamme GTi allait s’élargir à d’autres modèles : « J’aimerais bien. Mais pour l’instant, il n’y a rien dans les tuyaux ».

Trois lettres symboliques

Poursuivons par un rappel. Les trois lettres « GTi » sont apparues chez Peugeot sur la « râpe à fromage » reliant les (petits) feux arrière de la 205. Mais aussi sur l’insert plastique habillant le montant C. Il s’agissait en 1984 d’une réponse à la Golf GTI : à savoir, une voiture petit format, accessible et puissante.

Chez Volkswagen comme chez Peugeot, la lettre « i » évoquait l’introduction de l’injection en lieu et place du traditionnel carburateur. Chez VW, ce fut, dès 1976, le système mécanique Bosch K-Jetronic. Arrivé plus tard, le Lion adopta le LE2-Jetronic avec son petit calculateur. Dans les deux cas, il s’agissait d’affiner le mélange air/carburant dans la chambre de combustion, au bénéfice de l’efficience… ou ici de la puissance.

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Grâce à ce dispositif, les motoristes de Peugeot tirèrent 105, 115 ch et même 125 ch (avec le kit « Peugeot Talbot Sport ») du bloc XU dans sa version 1 580 cm3, sans pour autant céder à la vogue du turbo. Plus tard, l’arrivée du moteur 1.9-litre permit à la 205 GTi d’afficher 130 ch. Plus de 300 000 exemplaires de ces déclinaisons ont été produits, sur les 8 millions de 205 assemblées, devenant le symbole d’une génération. Sans compter les ventes de la 309 GTi fortement dérivée.

La suite fut plus complexe. Peugeot donna par la suite priorité à d’autres appellations sur ces modèles à tempérament sportif : Mi-16 pour la 405, S16 pour les 306 et 206, RC pour la 207. Ceci traduisait la généralisation de l’injection à l’ensemble de l’automobile. Le « i » n’était plus un argument.

Mais le marketing a ses raisons… Le blason GTi fit donc son retour sur les 308 et 208 dans les années 2010. Avant de s’éclipser à nouveau avant la pandémie de Covid-19. Le Lion inventa ensuite le sigle PSE pour « Peugeot Sport Engineered ». On ne le vit que sur la 508 hybride-rechargeable de 360 ch.

Une question d’âge (et d’argent)

En travaillant récemment sur les débuts de la 205 GTi pour une autre publication, j’ai été frappé par trois chiffres datant des années 1980 (1). Le premier était le taux de conquête. À sa sortie, les acheteurs de 205 GTi étaient à 71 % des nouveaux clients pour Peugeot. Un niveau rare dans l’industrie automobile.

Le second chiffre était l’âge des clients. 70 % des acheteurs de 205 GTi avaient moins de 40 ans. La troisième statistique était peut-être liée : à sa sortie, la 205 GTi était facturée 69 800 francs. En 1984, le salaire médian net en France était de 82 230 francs. Le prix de la sportive était donc fixé, grosso modo, à dix mois de salaire médian. Voilà qui pose question. En 2023, le salaire net médian en France dans le secteur privé (50 % des salariés gagnent plus, 50 % gagnent moins) s’élevait à 2 183 euros par mois. Multipliez ceci par dix et vous obtiendrez 21 830 euros.

Or, selon des estimations d’estimés confrères, la future 208 GTI devrait être commercialisée, « à la louche », autour de 45 000 euros. Voilà qui pourrait barrer l’accès à des conducteurs et conductrices plus jeunes. L’inflation du prix des voitures a fait l’objet de nombreuses études récemment. Les patrons de Stellantis et Renault ont mis en cause des normes européennes durcies. En réalité, les politiques commerciales des constructeurs sont plus probablement à pointer.

Les jeunes, cette malédiction…

Il y a quelques années, le directeur général France d’une marque automobile connue me faisait part d’un de ses soucis : « notre clientèle est trop jeune ». En quoi était-ce un problème ? On pouvait voir cet état de fait comme le début d’un cercle vertueux. On achète une citadine, puis un jour un véhicule plus gros (et plus cher). Si le client est content de son premier achat, il reviendra sûrement vous voir. « Le problème, c’est que notre panier moyen est inférieur à nos concurrents, qui s’attaquent à des cibles plus âgées », témoignait le responsable.

Caricaturalement, un/une trentenaire dotée de jeunes enfants à moins d’argent à consacrer à l’achat d’un véhicule neuf qu’un/une quinquagénaire-sexagénaire bien installé dans son boulot et potentiellement débarrassé de sa marmaille.

Pire, la fidélisation ne marche pas toujours : « Dès qu’ils ont un peu plus de pouvoir d’achat, nos clients filent vers d’autres marques (plus prestigieuses, ndlr) du groupe », avouait le dirigeant. Voilà qui explique (partiellement) pourquoi viser de jeunes clients n’est pas si bien vu chez les constructeurs. Et aussi comment l’âge moyen de l’acheteur de voiture neuve est passé de 44 à 55 ans en trois décennies.

Symbole des années 1980

Lancée dans un contexte morose chez Peugeot, la 205 GTi arrivait en même temps que tout un imaginaire connexe. Introduit dans le groupe PSA via Talbot, Jean Todt lançait une campagne à succès en rallye. Les nécessités d’homologation donnaient également vie à l’impressionnante T16.

La voiture apparaissait ailleurs, grâce à d’astucieux placements produits. Dans la première scène du film Subway (de Luc Besson), la 205 GTi de Christophe Lambert était poursuivie dans les rues de Paris par une Mercedes 500 SEL. Peut-on faire plus eighties que cette phrase ? Bref, c’était marqué sur les lunettes arrière : « un constructeur sort ses griffes ». Et cela eut l’heur de créer une base de fans inconditionnels, potentiellement toujours clients du Lion.

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Aujourd’hui, l’une des rares concessions au « sport » dans l’univers Peugeot est la 9X8, à destination du championnat du monde d’endurance et des 24 Heures du Mans. Or, ce programme n’a pas (encore) rapporté de grandes victoires. Et le lien avec une 208 électrique, même « musclée » apparaît ténu.

Ce qui soulève deux questions. Ce retour de l’appellation GTi est-il un moyen de séduire vingtenaires ou trentenaires, en proposant une voiture simple, puissante et accessible ? Ou bien un appel du pied, plus convenu, à des clients nostalgiques de leur propre jeunesse ? Dans les années 1980, le phénomène GTi avait rajeuni l’image (et la clientèle) de Peugeot. Est-ce encore possible dans les années 2020 ?   

(1) Ces chiffres sont extraits du livre : Peugeot 205, la géante du Lion, par Jean-Marc Gay et Stéphane Joly, Top Models, ETAI, 2022.

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