AccueilArticlesLa Renault 4 est-elle un SUV ?

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La Renault 4 est-elle une grande citadine ? Un SUV ? Une petite compacte ? La sortie du modèle est aussi l’occasion de s’interroger sur la notion de segments.

Être ou ne pas être un SUV : telle est la question. Le monologue d’Hamlet de la Renault 4 nous offre une perspective surprenante sur la généralisation des véhicules haut perchés et le découpage des segments dans l’univers automobile. Au Mondial de l’automobile 2022, Renault avait présenté le concept 4ever Trophy. Il préfigurait le retour de la Renault 4 avec des lignes finalement proches du véhicule final. « Cela ne s’est pas passé comme on l’espérait », nous avoue avec le recul Charles Baudey, le chef de produit du modèle.

Avec ses roues 19 pouces, sa garde au sol démesurée et ses bas de caisses « bodybuildés » (le terme était dans le communiqué officiel), le 4ever Trophy semblait prêt à affronter les pistes du Dakar… Le design de Renault avait joué la carte du franchisseur de choc, sans pour autant utiliser le terme SUV. La communication évoquait un « baroudeur exubérant ». Mais le concept car avait aussi suscité l’ire de médias spécialisés dans l’environnement. « La photo ci-dessous est « la nouvelle 4L » de Renault, qui n’a donc rien à voir avec son ancêtre, raillait par exemple Bon Pote. Certains diront que c’est un SUV, moi j’appelle ça un tank. Le salon de l’auto a lieu en ce moment même et visiblement les constructeurs automobiles ne sont pas au courant qu’il y a un réchauffement climatique ».

Un vocabulaire transformé…

Message reçu. Déjà parce que la version commercialisée est bien évidemment plus raisonnable, avec une garde au sol de 18 cm et un look bien plus classique. C’était dans le cahier des charges d’origine établi dès 2021 ; le concept exagérait. Mais aussi parce que l’appellation « SUV » demeure bannie de toute la communication autour de la Renault 4. Sur les 60 pages du dossier de presse qui nous a été transmis, les trois lettres n’apparaissent jamais (d moin enemble, inon il erait difficile à lire).

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Sur le plus célèbre des moteurs de recherche, la R4 se présente comme : « la citadine électrique par Renault ». C’est la même formulation que pour la Renault 5. Le Losange parle aussi volontiers pour sa R4 d’une « compacte polyvalente » figurant « dans le haut du segment B ». Dans le jargon de l’industrie automobile, la lettre « B » désigne habituellement les citadines polyvalentes, comme la Renault Clio ou la Peugeot 208.

Depuis une dizaine d’années, le segment s’est enrichi d’une variante « B-SUV » ou « SUV-B » pour des véhicules légèrement surélevés à l’allure baroudeuse. Peugeot 2008, Ford Puma, Opel Mokka, Seat Arona… En dehors du Dacia Duster, il est rarement question de vraies aptitudes au franchissement ou de transmission intégrale.

… mais un format de SUV

Ce qui ne change guère le fond. La Renault 4 est tout à fait comparable à un Ford Puma Gen-E. Celui-ci se manifeste comme un « SUV 100 % électrique » sur le site officiel de la marque. Même constat pour un Jeep Avenger, pourtant plus bas que la R4. Dans les concurrents, on retrouve aussi un Peugeot e-3008 qui se définit comme un « SUV compact électrique ». Même le Fiat 600e – présenté à la presse comme faisant partie du segment B – est introduit sur le site de la marque comme un « SUV électrique ».

Comparatif de dimensions

  • Jeep Avenger : 4,08 m x 1,78 m x 1,53 m
  • Renault 4 : 4,14 m x 1,80 m x 1,57 m
  • Ford Puma Gen-E : 4,21 m x 1,80 x 1,55 m

On peut lire dans les trois lettres un simple intérêt commercial. L’outil Google Trends, qui quantifie les recherches opérées par les internautes, donne une clé d’analyse : en France, le mot « SUV » est beaucoup plus tapoté que « citadine ».

Le Losange est donc prêt à perdre de la visibilité pour ne pas être accusé de figurer dans cette catégorie, à contre-courant de la plupart de ses concurrents. Mais, en parallèle, Renault joue sur les codes esthétiques de la R4. Oui, il s’agit bien une réinterprétation de la 4L avec hayon vertical, custode en trapèze ou calandre rectangulaire.

Quelques indices stylistiques pointent aussi vers les codes du SUV. Regardez ces passages de roues anguleux et soulignés par des inserts en plastique. Cela ne figurait pas sur la bonne vieille Renault 4. Et on est là dans le langage stylistique typique des SUV.

On s’en moque, non ?

Tout le raisonnement ci-dessus peut paraître futile. David Hilbert, directeur marketing de Kia Europe, nous l’expliquait récemment : « les consommateurs regardent cela différemment. Ils se disent : « est-ce que cette voiture propose assez d’espace pour moi ? ». Ou bien : « est-ce que ça rentre dans mon budget ? » ». Pas faux. Mais l’absence du terme dans la communication de Renault est significative. Le « SUV » charrie avec lui des connotations négatives pour une bonne part de la population. Dégonflage de pneus, stationnement plus cher pour les véhicules lourds, politique de valeur faisant gonfler les prix, consommations (et émissions) en hausse…

On retrouve d’ailleurs la même pudeur dans le Groupe Renault au moment d’évoquer l’Alpine A390. Le modèle préfère s’autodéfinir comme un « sport fastback électrique ». Il s’agit là de ne pas s’aliéner les Alpinistes canal historique, soucieux de légèreté et ennemis du sous-virage.

Victoire sans nom

Le Groupe Renault nous prouve donc qu’on peut avoir les attributs d’un SUV tout en refusant d’être ainsi étiqueté. D’autant que plusieurs tendances pointent vers une fusion entre véhicules rehaussés et véhicules jugés conventionnels.

Elles sont d’abord techniques. Avec l’avènement du VE et des batteries logées sous le plancher, la hauteur standard de nos autos tutoie désormais les 1,50 m. C’est, par exemple, le cas de la « petite » Renault 5, mais aussi de parangons de l’aérodynamique comme la Volkswagen ID.7 ou la Hyundai Ioniq 6 (nettement plus longues, évidemment). L’objectif est de maintenir suffisamment de garde au toit pour préserver le confort des occupants.

Deuxièmement, l’habillage « SUV » — barres de toit, gros parechocs, garde au sol, capot plus horizontal — fut aussi un moyen de réenchanter le brave mais peu ravissant monospace, en vogue dans les années 1990. Les clients demandeurs d’espace ont progressivement abandonné l’un pour l’autre.

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De surcroît, les designers effacent petit à petit les frontières classiques. En témoigne la Hyundai Ioniq 5 aux prestations de SUV (hauteur, grand coffre, espace intérieur) mais à la silhouette de maxi-compacte. Ou encore une Citroën C3, passée de « gentille » petite auto dodue à robuste cube à forte garde au sol et à barres de toit. Incidemment, elle aussi se présente comme une « citadine » sur le site des Chevrons.

Et, parallèlement, Renault présente aussi sa Renault 4 Savane 4×4 concept à l’occasion du tournoi de Roland Garros. Selon nos confrères de L’Argus, elle annonce une version à quatre-roues-motrices prévue pour 2027. Là aussi, la mention « SUV » est absente.

Nous voici donc parvenus à une époque où un véhicule périurbain s’habille de gros parechocs. Où une voiture légendaire se dote pour la première fois de quatre roues motrices. Et où des voitures surélevées ont des ambitions sportives. Mais ne prononcez surtout pas les trois lettres maudites.   

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