La nouvelle Renault Twingo électrique est-elle une voiture chinoise ?

La nouvelle Twingo électrique a été conçue en un temps record grâce à des technologies et des méthodes chinoises. Son ADN est-il encore français ?

Pari tenu. La nouvelle Twingo a été développée en seulement deux ans. Une véritable prouesse, les constructeurs européens ayant plutôt besoin de trois à quatre ans pour imaginer un nouveau modèle. Mais ils sont bousculés par les firmes chinoises.

Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, les chinois étaient moqués pour leurs autos au look plagié sur les nôtres et aux prestations douteuses. Tout a changé en un temps record, quand Pékin a tourné son industrie automobile vers l’électrique, lui donnant ainsi une réelle avance dans ce domaine, que ce soit sur la technique, la technologie, la production et la conception.

En octobre 2023, Luca de Meo et Gilles Le Borgne, alors directeur général et responsable de l’ingénierie du groupe Renault, étaient allés dans l’Empire du Milieu comprendre les raisons du succès des marques chinoises. Comme l’a indiqué au Figaro Philippe Brunet, qui a pris la suite de Gilles Le Borgne, ils ont « pris une claque ».

Avec un enseignement clair : pour faire aussi bien, il faut faire comme eux. Et pour cela, rien de mieux qu’être sur place. Renault a donc monté au pas de charge un nouveau centre de R&D à Shanghai, nommé ACDC, avec quelques expatriés mais surtout des ingénieurs chinois.

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Made in Europe

L’ACDC est donc l’élément clé de la conception en un temps record de la nouvelle Twingo. Si la voiture vise le marché européen, elle a en bonne partie été conçue à Shanghai. D’autant que la Chine a un réel savoir-faire pour proposer des autos électriques à prix cassés.

L’idée était de s’inspirer des méthodes chinoises pour gagner du temps, en simplifiant notamment le processus de décision, mais aussi d’être au plus près d’acteurs et de fournisseurs locaux ayant des solutions déjà prêtes. La société chinoise Launch Design s’est ainsi occupée de la partie supérieure et visible du véhicule, Shanghai e-drive du moteur. Sans oublier la batterie LFP, fournie par le géant chinois CATL.

Développée en Chine, avec de nombreuses pièces chinoises… la Twingo est-elle donc une voiture chinoise avec un logo Renault ? Pour nous, la réponse est non.

Déjà, la conception du véhicule a bien été lancée en France, dans le fameux Technocentre. La base technique est l’AmpR Small, celle de la R5, qui n’a donc absolument rien à voir avec un fournisseur chinois. La filiale électrique de Renault a aussi développé les systèmes électriques, la partie logicielle, le multimédia et les aides à la conduite, tout ceci étant logiquement dérivé de la R5.

Cette Twingo suit aussi un principe que le groupe Renault a déjà mis en place pour la R5 avant d’ouvrir son antenne chinoise afin de gagner du temps et réduire les coûts (preuve qu’il y avait une base de réflexion) : diminuer le nombre de pièces pour simplifier conception et production. Une méthode initiée par Gilles Le Borgne, qui l’avait aussi mise en place chez PSA. Sans oublier que le design a bien sûr été imaginé chez nous. Des pièces visibles sont d’ailleurs reprises à d’autres Renault, comme les commandes de clim de la Clio 5.

Au final, la Twingo intègre quand même en valeur 40 % de composants chinois. La batterie pèse lourd dans le total, car lorsque celle-ci sera produite en Europe (ce qui est prévu pour 2027), ce sera 17 %… mais ce sera toujours dans une usine CATL.

Mais justement, question production, cette Twingo ne sera pas made in China comme l’est la Dacia Spring. Elle sera assemblée en Slovénie, dans une usine Renault, celle qui a déjà assemblé la précédente Twingo.

Il est donc clair que la Twingo 4 doit beaucoup à la Chine, dans l’esprit de sa conception et les pièces utilisées. Pas de miracle pour pouvoir serrer le prix, l’auto étant promise à moins de 20 000 € sans les aides à l’achat. Mais cela n’en fait pas pour autant une simple auto chinoise déguisée.