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Un débat important aura lieu au parlement européen ce lundi 10 septembre : il s’agira de voter un rapport de la commission Environnement qui propose des objectifs ambitieux pour verdir les flottes automobiles. Mais l’association des constructeurs freine des 4 fers et fait pression pour réduire les efforts en agitant le spectre d’une menace pour l’emploi.
Pour combattre les changements climatiques et atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris, la Commission européenne avait proposé en novembre 2017 de réduire de 30 % d’ici 2030 les émissions de dioxyde de carbone des nouvelles voitures et des utilitaires légers. La décision sur ces objectifs reviendra au Parlement européen et au Conseil des Ministres. Or un rapport de la commission Environnement du parlement propose des objectifs encore plus « sévères » : une réduction de 50 % des émissions de CO2 en 2030 et des quotas contraignants pour la production de véhicules propres. Le débat et le vote sur ce rapport auront lieu ce lundi 10 septembre. S’il est adopté tel quel, il est fort probable que le parlement entérinera ces options lors de sa séance plénière en octobre. Pour l’eurodéputée des Verts Rebecca Harms, le résultat du vote s’annonce serré. D’autant que l’ACEA, l’Association des constructeurs automobiles européens, s’oppose à ce qu’elle appelle une « marche forcée » vers le véhicule électrique. Celle-ci serait pénalisante pour l’industrie européenne et encore plus pour les équipementiers, estime Carlos Tavares, PDG de PSA mais aussi … président de l’ACEA.
Les constructeurs entendent donc « freiner des 4 fers » et comptent peser sur les débats en cours au parlement européen pour réduire les ambitions affichées. Dans un récent communiqué, ils agitent le spectre d’une menace pour l’emploi dans l’Union européenne que l’arrivée « massive » des voitures électriques pourrait provoquer.
Pour Erik Jonnaert, secrétaire général de l’ACEA, « il faut que la chaîne de production européenne se transforme à un rythme soutenable ». La construction et la maintenance des véhicules électriques nécessite moins de main d’œuvre parce que leur mécanique est moins complexe et qu’ils nécessitent moins de pièces. Cela, personne ne le conteste.
Ainsi, selon une étude évoquée par l’ACEA, le nombre de pièces utilisées pour la construction d’une Chevrolet Bolt serait inférieur de 60 % à celui des pièces incorporées dans une VW Golf thermique. Les besoins et la main d’œuvre pour l’entretien et la maintenance des véhicules seraient aussi réduits de 60 % pour une voiture « branchée ». Les constructeurs européens estiment dès lors que le passage à l’électrique entraînerait une perte de 17 % du nombre d’heures de travail pour la production des véhicules et de 38 % chez les équipementiers. Au passage, l’ACEA rappelle que « 13,3 millions d’Européens, soit 6,1% de la population active, travaillent directement ou indirectement pour le secteur automobile ».
On comprend évidemment la stratégie suivie par l’ACEA : en invoquant les menaces sur l’emploi elle espère rallier à sa cause les syndicats européens et sans doute aussi une certaine frange de l’opinion publique qui craint de perdre son travail.
La transition vers le véhicule électrique fait-elle vraiment courir des risques pour le marché du travail en Europe ? En réalité, rien n’est plus faux et de nombreuses autres études scientifiques le prouvent. Dans un article précédent nous avions ainsi présenté une enquête rendue publique par la Fondation Européenne pour le Climat (ECF) et réalisée, il faut le souligner, avec la collaboration des constructeurs et des syndicats. Selon les scénarios explorés dans cette étude, le recours à l’électromobilité permettrait à l’Europe de réduire d‘ici 2030 ses importations de pétrole à hauteur de 49 milliards €. Remplacer le pétrole par des énergies produites localement permettrait de réinjecter de la richesse dans notre économie mais surtout de créer de très nombreux jobs.
L’organisation Transport & Environment (T&E) qui fédère 58 associations européennes actives dans la défense de l’environnement et la promotion des transports durables, estime également que les pertes d’emploi dans le secteur automobile seront plus que compensées par le développement d’autres pans de l’économie, ceux-ci étant « boostés » par l’électromobilité. Elle signale par exemple que 5 usines pour la production de cellules pour batteries sont déjà en construction ou planifiées en Europe. L’industrie des métaux pour batteries, celles de leur recyclage, les fabricants de moteurs et des composants électriques et électroniques seront aussi gagnants de même que le secteur de la production et de la distribution d’électricité. Au total, l’étude menée par T&E démontre que la transition vers la voiture électrique engendrera une création nette de 200.000 emplois.
Pour contrer le lobbying de l’ACEA et soutenir les objectifs ambitieux proposés dans le rapport soumis au vote de la commission environnement du parlement européen, T&E a lancé une pétition sur son site.
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