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Président du Syndicat de l’hôtellerie de plein air de Dordogne, et au bureau de la Fédération nationale dont il dépend, Gé Kusters propose dans son propre établissement voiture électrique, vélos assistés et bornes de recharge. Il espère entraîner ses confrères à sa suite.
En commentaire à notre article de la semaine dernière intitulé « Voitures électriques et vacances estivales », Gé Kusters, dont j’évoquais l’établissement 5 étoiles qu’il dirige, a écrit : « Merci Philippe d’avoir pensé à nous… mais on n’est pas seul ! 50 campings en Dordogne proposent des solutions de recharge et une petite dizaine des VE à la location ».
Il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité. D’autant plus que derrière Le Paradis de Saint-Léon-sur-Vézère, on trouve un projet bien plus vaste de Smart Village et Smart City qui répond aux exigences du développement durable et de la transition écologique.
Gé Kusters, j’ai eu la chance de pouvoir le rencontrer en avril 2016, dans son établissement, alors que j’aidais des amis charentais d’adoption à repérer les environs pour une prochaine randonnée pédestre. J’avais entendu parler de l’hôte du Paradis par Jean-Luc Coupez qui l’accompagnait, à travers sa structure Blue2BGreen, dans sa démarche d’équipement en bornes de recharge pour son propre camping, mais aussi dans celles des affiliés au Syndicat de l’hôtellerie de plein air de Dordogne qui voudraient bien le suivre.
La réflexion autour d’un tel projet est née en 2014, avec l’achat d’une Tesla Model S par le frère de Gé Kusters, artisan taxi dans les environs. Dans la foulée, le président du SDHPA 24 investit lui-même dans une Renault Zoé, d’abord pour des besoins familiaux, avant de souhaiter partager sa découverte de la mobilité électrique avec sa clientèle, son voisinage, et ses confrères.
La même année, Gé Kusters ouvre la réflexion aux dirigeants de l’ensemble des campings de son département, souhaitant les motiver à installer du matériel de recharge réservé aux véhicules électriques et hybrides rechargeables. Pour lui, la mobilité électrique est une source de nouveaux services que l’hôtellerie de plein air peut s’approprier.
Afin de réussir l’équipement des établissements concernés en bornes de ravitaillement pour engins branchés, notre interlocuteur avait fait le maximum pour que l’opération s’effectue dans les meilleurs conditions : appel à un spécialiste pour les travaux et le raccordement (le sous-sol des terrains de camping est très souvent barré dans tous les sens de tuyaux et câbles), commandes groupées pour un meilleur tarif, obtention d’une aide financière auprès du Crédit Agricole Charente Périgord qui couvre la moitié de l’investissement individuel, communication, référencement sur ChargeMap, etc.
Où en est-on aujourd’hui, de l’installation du matériel de recharge dans les campings de Dordogne ? « De mémoire, sur les 195 campings affiliés au SDHPA 24, parmi les 220 établissements de la sorte en Dordogne, 52 ou 53 campings s’étaient engagés à participer : à ce jour, une trentaine sont effectivement équipés d’au moins une borne de recharge, dont la moitié déjà référencés sur ChargeMap », chiffre Gé Kusters.
« La participation du Crédit Agricole Charente Périgord à l’effort d’investissement des campings est valable jusqu’à la fin de l’année : en septembre, je vais refaire un appel pour décider de nouveaux confrères », assure-t-il. A noter que l’établissement bancaire a accepté d’être partenaire du programme car particulièrement bien implanté sur le marché de l’hôtellerie de plein air dans le département. « Certains campings ont choisi une borne accélérée AC 22 kW, d’autres une simple prise Green’up », détaille notre interlocuteur.
Au départ, Gé Kusters avait choisi une borne accélérée AC 22 kW avec connecteur de type 3c équipé d’une prise domestique pour la recharge en 16 A. « Depuis, nous avons fait installer une autre borne 22 kW AC avec prise type 2, et je compte laisser sur la première un câble adaptateur T3/T2 », poursuit-il.
« Nous avons reçu un dirigeant d’Astragam qui nous a présenté sa solution 22 kW en courant continu qui conviendrait à plus de modèles de voitures électriques », révèle-t-il. « L’effort d’investissement à réaliser est beaucoup plus élevé, de l’ordre de 10.000 euros, ce qui est trop lourd pour un établissement comme le nôtre », se désole-t-il. Cependant, Gé Kusters, qui a récemment troqué sa Renault Zoé contre une Nissan Leaf, a depuis réfléchi à la question. Il imaginerait bien que le fabricant implante au Paradis de Saint-Léon-sur-Vézère un démonstrateur de sa technologie. « Ca permettrait de faire connaître ce matériel, plus utile que les points accélérés AC », commente-t-il, en pensant aux 144 bornes du SDE 24, répartis dans toute la Dordogne, mais dont « certaines sont vraiment peu utilisées ».
Sur le sujet, notre interlocuteur sait de quoi il parle : avec une borne accélérée AC, sa Leaf équipée du chargeur 7 kW met environ 3 fois plus de temps à se charger qu’avec du matériel de même puissance en courant continu qui exploite le connecteur CHAdeMO. « On perçoit bien le mécontentement des propriétaires de certaines voitures électriques devant les bornes AC », témoigne-t-il.
« En plus de notre établissement, 5 autres en Dordogne ayant fait installer des bornes avec notre programme ont aussi investi dans une voiture électrique, pour leurs propres besoins, et parfois aussi pour la louer à des clients », rapporte Gé Kusters. « Ce sont des Renault Zoé, Nissan Leaf et une Citroën E-Méhari », détaille-t-il.
Pourquoi avoir délaissé la Zoé pour une Leaf ? « Avec l’option 25.000 kilomètres qui correspond à nos besoins, la précédente Zoé nous coûtait mensuellement en location 350 euros HT. Avec une Zoé 40, on passait à plus de 400 euros, et la concession n’a pas trouvé un moyen de faire mieux. Du coup, nous avons opté pour une Leaf, dans le même budget que l’ancienne Zoé », répond-il. Pour autant, Gé Kusters cherche un autre modèle, en complément, aussi bien pour les besoins de l’établissement que pour la location. Mais il ne trouve pas son engin idéal. Dans son cahier des charges : sympa pour la clientèle, utilisable l’hiver sans avoir froid, exploitable par le personnel pour de petites courses, pas trop cher à l’achat, au moins 4 places, etc. Il a envisagé bien des VE existants, mais son engin idéal ressemblerait à une Smart Forfour ED cabriolet qui n’existe pas au catalogue à ce jour.
« En 3 ans, la Renault Zoé utilisée pour nos propres besoins, ceux de l’établissement et proposée à la location, totalisait 73.000 kilomètres au compteur », indique Gé Kusters. « Elle a été louée plus d’une centaine de fois, à un rythme annuel de 40 fois par an, pour un chiffre d’affaires de 2.000 euros TTC par saison, sans chercher la rentabilité », explique-t-il.
Quels sont les profils des automobilistes qui ont loué cette la Zoé ? « Des camping-caristes qui voulaient se déplacer avec une voiture légère dans les environs, des clients qui souhaitaient essayer un véhicule électrique, des locaux pour des besoins complémentaires, des vacanciers quand leur propre engin était en panne, d’autres qui ont été rejoints par de la famille ou des amis venus en avion nécessitant l’emploi d’une deuxième voiture ponctuellement, etc. », liste notre interlocuteur. « C’est curieusement en haute saison qu’on avait le moins à la louer en proportion des vacanciers présents », s’étonne-t-il. « Globalement, les gens sont respectueux du matériel : nous n’avons eu aucun accident à déplorer », se réjouit-il.
« Nous avons reçu la Leaf mi-juin, et elle affiche déjà pas loin de 2.000 kilomètres au compteur », avoue Gé Kusters. « Des camping-caristes du Sud-Est l’ont tellement appréciée qu’ils comptent prendre rendez-vous tout prochainement avec leur concessionnaire pour en acheter une », s’enthousiasme-t-il.
« La Zoé convenait plutôt bien, car facile à conduire ; mais il manquait quelques accessoires plutôt bienvenus pour la location, comme la caméra et le bip-bip de recul », reconnaît-il. « Et puis, il y avait ce problème de reflets du tableau de bord clair dans le pare-brise, parfois très gênant pour conduire », termine-t-il au sujet de la citadine du Losange. « La Leaf est un peu plus complexe à prendre en main, en particulier au niveau du sélecteur de vitesse, assez déroutant pour nos clients qui ne connaissent pas le système », modère notre interlocuteur.
Tout comme la Zoé, la Leaf Black Edition de Gé Kusters est louée 40 euros la journée, avec 100 kilomètres inclus, tarif dégressif. « Le prix est resté le même, en dépit des recommandations de Drivy par lequel nous passons et qui préconise 55 ou 60 euros. La plateforme prend une commission de 30%, ce qui doit nous laisser environ 22 euros TTC par jour de location », chiffre-t-il.
Plus de location à l’heure ou à la demi-journée ? « C’était possible avec Buzzcar, mais plus via son repreneur Drivy », répond notre interlocuteur. Dans ce cas, pourquoi passer par un tel intermédiaire et perdre de la souplesse dans l’offre de location ? « Nous n’avons as eu vraiment le choix : c’est au niveau de l’assurance que ça bloque du fait que ce n’est pas en prêt mais en location que nous mettons une voiture à disposition », déplore-t-il.
« En outre, pour les clients de plus de 45 ans, devoir créer un compte sur Drivy avec un smartphone, simuler une demande par son intermédiaire, attendre de recevoir notre réponse par le même canal, payer en ligne, n’est pas trop dans leurs habitudes ; pire avec les campeurs allemands ou anglais, quand, pour confirmer le paiement, Mastercard les soumet à une question confidentielle dont ils ont oublié la réponse précise », témoigne-t-il. « On finit par gérer pour eux ces étapes, quand on le peut, mais ça prend 15-20 minutes », admet-il.
Buzzcar ? Drivy ? Des plateformes pour les particuliers ? « Oui, et au départ Buzzcar ne voulait pas nous accepter, avant d’évoluer sur la question et même d’accéder à notre demande de recevoir une facture pour chaque location », se souvient Gé Kusters. « Quand Drivy a repris Buzzcar, il a fallu recommencer, avec heureusement le même personnel, repris dans l’affaire, qui plaide en notre faveur auprès de la direction », poursuit-il.
« Ca avance doucement : un compte pro créé ; pas de facture encore mais au moins un ticket récapitulatif ; et un questionnaire envoyé aux professionnels pour s’inquiéter de leurs besoins, qui témoigne désormais d’un intérêt pour nous », liste l’hôte du Paradis de Saint-Léon-sur-Vézère. « Ce que nous espérons maintenant, c’est que Drivy nous propose un système plus simple et plus souple », lâche-t-il.
Si Gé Kusters estime que la location d’une voiture électrique n’est pas rentable pour cette stricte activité, il reconnaît qu’elle lui permet de toucher une nouvelle clientèle. « Ce service nous apporte de l’hébergement que nous n’aurions pas eu autrement, et de conserver plus longtemps chez nous quelques camping-caristes », confirme-t-il. « Les bornes de recharge nous amènent aussi de la clientèle : ainsi, dernièrement, avons-nous vu arriver un camping-car avec une Zoé sur une remorque attelée », rapporte-t-il.
« Nous recevons aussi pas mal de Hollandais avec des voitures hybrides rechargeables, en particulier des Volvo XC90, Mitsubishi Outlander, et des Volkswagen Passat GTE. Pour l’instant, la recharge est gratuite car elle ne nous coûtait pas plus de 1 ou 2 euros par voitures, mais avec l’augmentation de la capacité des batteries, et un nombre croissant de Tesla qui viennent chez nous, l’opération peut peser jusqu’à 7-8 euros, nous incitant à revoir la question », réfléchit-il. « Parfois, nous incitons leurs propriétaires à découvrir notre restaurant, en compensation », souligne-t-il.
Le Paradis de Saint-Léon-sur-Vézère loue aussi des vélos à assistance électrique. « Nous avons commencé avec 2 VTCAE, mais ça n’a pas très bien fonctionné car nos clients ont souvent du matériel plus ou moins équivalent », relate Gé Kusters.
« Nous avons essayé ensuite un VTT à assistance électrique qui a eu plus de succès, puis nous avons investi dans 2 VTTAE plus performants, des Lapierre à pneus relativement larges, qui nous ont coûté plus de 3.000 euros pièce », complète-t-il. Ils sont proposés à respectivement 20 et 30 euros pour la demi-journée et la journée.
L’établissement de Gé Kusters est inclus dans le programme Smart Périgord qui s’intéresse à 3 zones bien distinctes : le Grand Périgueux, l’ensemble touristique du lac de Neufont, et le territoire de Saint-Léon-sur-Vézère. On a pour habitude d’entendre parler de « smart city » en pensant aux grandes villes : Le syndicat de l’énergie de Dordogne a décidé de montrer que le principe est aussi applicable au milieu rural.
« Des discussions sont en cours qui impliquent notre camping », confirme notre interlocuteur. « Saint-Léon-sur-Vézère serait un smart village test, avec la mise en place d’une centrale électrique villageoise qui revendrait l’énergie produite à des locaux ; un peu comme une Amap, les petits producteurs se regrouperaient en une coopérative », explique-t-il. « Au niveau du camping, nous pensons à installer des ombrières photovoltaïques, mais aussi, réfléchissons à des pompes à chaleur », précise-t-il. Ce programme se veut être un démonstrateur de ce que le SDE 24 souhaite développer à horizon 2050, pour délaisser les sources carbonées d’énergie au profit des renouvelables. Le maître mot qui anime le projet : « autoconsommation ».
Automobile Propre et moi-même remercions vivement Gé Kusters pour sa réactivité, le temps qu’il a consacré à répondre à nos questions, et son engagement au service de la mobilité électrique et des énergies renouvelables. Nous lui souhaitons bonne chance dans ses divers projets et actions.
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