AccueilArticlesDonald Trump est-il en train d'offrir sur un plateau le marché des voitures électriques à la Chine ?

Donald Trump est-il en train d'offrir sur un plateau le marché des voitures électriques à la Chine ?

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Comme chaque année, Bloomberg publie un état des lieux du marché de la voiture électrique aux États-Unis. L’Electric Vehicle Outlook 2025 met en avant les décisions inquiétantes prises par Donald Trump. Les auteurs du rapport estiment que le président américain prépare le pays à l’échec et que, plus globalement, la nouvelle administration laisse le champ libre à Pékin dans le domaine du véhicule électrique.

Dans son document, Bloomberg dresse un constat sans appel : la dynamique mondiale des véhicules électriques ne profite plus aux États-Unis. Les projections du média américain prévoyaient initialement que près d’un véhicule vendu sur deux serait 100 % électrique aux États-Unis d’ici 2030. Mais cette ambition a été revue à la baisse. Désormais, les auteurs du rapport estiment que seuls 27 % des véhicules neufs devraient être électriques d’ici la fin de la décennie. Une perte estimée de 14 millions d’unités.

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Pendant ce temps, la Chine consolide sa domination. Il s’agit aujourd’hui du seul grand marché où les voitures électriques sont en moyenne moins onéreuses à l’achat que les thermiques. L’agressivité tarifaire des géants du secteur, BYD en tête, a déclenché une véritable guerre des prix. En 2026, les experts de Bloomberg estiment qu’il pourrait se vendre en Chine plus de véhicules « à énergie nouvelle » (BEV, PHEV et EREV confondus) que de voitures neuves toutes motorisations mélangées aux États-Unis.

Le virage amorcé sous l’administration Biden, avec des investissements massifs dans l’électrification et les infrastructures de recharge, est désormais en péril. Donald Trump, élu pour un nouveau mandat fin 2024, s’efforce de détricoter les avancées de ses prédécesseurs : suppression des subventions, désengagement fédéral sur les objectifs climatiques, menaces sur les normes environnementales. Le milliardaire tente également de mettre des bâtons dans les roues de la Californie, moteur du marché américain.

Une politique industrielle incohérente

Au-delà de l’aspect réglementaire, les droits de douane imposés par Donald Trump sur l’aluminium, l’acier et d’autres composants stratégiques, rendent la production de véhicules plus coûteuse. C’est vrai pour les constructeurs automobiles américains, mais pas que. Le président a oublié que les marques historiques font déjà face à des marges étroites (en particulier sur l’électrique) et à des besoins gigantesques d’investissement pour rattraper leur retard technologique face aux firmes chinoises.

Comme le résume le cabinet Axios, « les calculs ne tiennent pas la route ». Avec ces nouvelles règles du jeu, les constructeurs doivent faire des choix : investir massivement dans de nouvelles usines de batteries, développer des logiciels embarqués et produire localement… ou au contraire limiter la casse pour éviter des pertes importantes. Selon l’Alliance for Automotive Innovation, les droits de douane vont avoir un effet boomerang dans le pays de l’oncle Sam : hausse des prix, baisse des ventes, recul des exportations.

Une occasion historique offerte à Pékin ?

Pendant ce temps, la Chine continue d’investir massivement dans ses capacités industrielles. La deuxième économie du monde accentue sa domination sur le marché des voitures électriques et des batteries. Le prix du kWh est par exemple passé sous la barre des 100 dollars au sein de l’empire du Milieu. Un seuil stratégique que les Occidentaux peinent encore à atteindre. Contrairement aux États-Unis et à l’Europe, la Chine soutient pleinement cet effort, convaincu qu’il en va de son leadership industriel mondial.

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Les conséquences sont là : l’écart se creuse entre Pékin et Washington. Tandis que l’un accompagne ses champions nationaux, l’autre les désarme en pleine guerre commerciale. Pour Colin McKerracher, observateur pour le compte de Bloomberg Hyperdrive, « l’administration Trump prépare le pays à l’échec ». L’automobile était l’un des derniers bastions industriels dont ne disposait pas la Chine. Laisser filer le marché électrique, c’est offrir à Pékin un pouvoir d’influence inédit dans un secteur clé du 21e siècle.

Vous l’aurez compris, en voulant protéger son industrie, le président américain met aussi en difficulté les marques européennes. En perte de vitesse du côté de la Chine, et désormais outre-Atlantique, nos constructeurs subissent les dommages collatéraux d’une politique protectionniste risquée. La voie est libre pour les firmes chinoises.

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