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Incapables d’expliquer aux français en quoi l’harmonisation fiscale sur les carburants automobiles constitue un passage obligé pour l’avenir, les sénateurs verts présenteront début juin une proposition de loi visant à pénaliser l’achat de véhicule Diesel neuf. Faut-il s’en réjouir ou au contraire s’en inquiéter ?
Si la mesure a peu de chance d’aboutir, elle mérite que l’on s’y intéresse car elle illustre, hélas, le manque criant d’expertise des sénateurs à l’origine de la proposition.
Incapables d’avoir su corriger à temps une aberration fiscale fixant une moindre taxation du litre de gazole par rapport à l’essence, nos (vieux) décideurs tentent depuis quelques mois par tous les moyens de décourager les français d’acheter des voitures diesel pour lutter contre la pollution de l’air en ville.
L’intention est louable mais force est de constater que du coté des propositions, les décideurs à l’origine de cette proposition ont manifestement une guerre de retard. Car si le moteur Diesel produit plus de particules fines et émet plus de dioxyde d’azote qu’un moteur à essence, il faut tout même souligner les progrès importants réalisés ces dernières années par les motoristes pour réduire considérablement ce phénomène.
Plus que jamais, le problème est d’abord et surtout lié aux très nombreux (vieux) diesel mis en circulation avant 2010. Dans une moindre mesure, il est aussi du aux vieilles voitures à essence, lesquelles rejettent également d’importantes quantités de polluants.
Si les responsables politiques à l’origine de cette mesure veulent VRAIMENT agir en faveur de la qualité de l’air en ville et de la réduction de la dépendance pétrolière des transports, qu’ils relisent le billet mis en ligne sur ce blog le 1er avril dernier. Ils y trouveront des propositions bien plus intelligentes et efficaces que de vouloir taxer plus des voitures qui polluent moins sans savoir l’usage qui en sera fait.
On ne le répétera jamais assez, ce n’est pas, en soi, le moteur Diesel le problème, c’est l’origine et la fiscalité appliquée au carburant qu’on met dedans et les usages pour lesquels il est utilisé.
Accusant sans complexe une guerre de retard, les sénateurs à l’origine du projet ont donc décidé d’afficher au grand jour leur totale incompétence sur ce sujet au point de se ridiculiser complètement face aux ingénieurs motoristes qui ne manqueront pas de rappeler, mesures à l’appui, les progrès considérables réalisées sur les moteurs Diesel récents en matière de rejet polluant, particules fines notamment.
En proposant de taxer spécifiquement les voitures neuves à moteur Diesel, les sénateurs assument sans vergogne le fait de pénaliser une motorisation qui reste pourtant synonyme d’efficacité pour bien des usages et des utilisations, notamment sous le capot de lourds monospaces et autres SUV qui continuent d’attirer un certain type de clientèle malgré le durcissement du bonus/malus automobile.
Le gazole, tout comme l’essence, n’étant rien d’autre qu’un produit issu du pétrole, on peut également s’interroger sur la pertinence de vouloir pénaliser à l’achat un moteur qui affiche 8 points de rendement théorique de plus qu’un moteur à essence ? Une fois encore, si pénalité il doit y avoir, c’est d’abord sur le carburant en tant que tel plutôt que sur le moteur.
À supposer que le montant de la taxe soit suffisamment dissuasive pour réorienter les acheteurs potentiels vers des motorisations essence, la preuve restera alors à fournir que ces lourds véhicules équipés de motorisations à essence downsizées équipées d’un gros turbo sauront se satisfaire de moins de 7L d’essence aux 100km. Bon courage…
Vouloir pénaliser l’achat neuf de voitures Diesel répondant aux dernières normes en vigueur par une taxe spécifique suppose évidemment de mesurer point par point les effets pervers qu’une telle mesure pourrait engendrer.
À l’instar de ce qui vaut déjà pour les véhicules frappés d’un gros malus, on peut sans trop de risque affirmer que si cette mesure devait voir le jour, nombres de mandataires et autres professionnels de l’occasion (très) récente trouveront des moyens détournés pour proposer à des prix très attractifs les véhicules potentiellement impactés par ce type de mesure. Des véhicules presque neufs pour (beaucoup) moins chers : les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se laisser tenter. D’autant qu’avec l’aide d’Internet, plus besoin d’être un spécialiste pour trouver chaussure à son pieds…
Autre effet pervers de la mesure dans les mois qui précéderaient sa mise en place : une hausse prévisible des ventes de véhicules Diesel, certains acheteurs préférant anticiper leur achat plutôt que d’attendre de devoir payer une taxe supplémentaire. Avec les conséquences que l’on sait sur le marché des ventes de voitures neuves une fois la mesure en place…
Plus grave encore : le non-renouvellement de certains véhicules Diesel récents par les automobilistes habitués à changer régulièrement leur voiture et qui par principe et manque de choix refuseront de payer une nouvelle taxe pour l’achat d’un nouveau modèle à priori plus « propre » que la version qu’il possède déjà!
Longtemps critiqués pour leur manque d’ambition en matière d’économie de carburant, les conducteurs américains sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à privilégier des véhicules sobres en carburant lors de l’achat d’un nouveau véhicule, qu’il soit neuf ou d’occasion.
La preuve en est, même avec un litre de gazole vendu légèrement plus cher à la pompe que le litre d’essence (quoi de plus logique lorsque l’on sait qu’il coûte un peu plus cher à produire et qu’il contient 8 à 10% d’énergie en plus par litre vendu comparativement à de l’essence contenant 10% d’éthanol?), les ventes de voitures Diesel continuent de progresser.
Chez Volkswagen, la part des voitures neuves équipées d’une motorisation TDI répondant aux normes les plus strictes qui soient en matière de rejets polluants atteint désormais 30% du total des ventes. Une aubaine pour le géant allemand qui ne manque pas une occasion de vanter les bonnes performances de ses moteurs TDI en matière d’économie de carburant.
Une réalité qui aboutit à se poser la question suivante : les décideurs français auraient-ils le monopole du démantèlement industriel de leur pays, en condamnant de plus en plus souvent le savoir-faire de nos champions nationaux y compris dans des domaines où la France faisait jadis figure de leader mondial? La question mérite d’être posée…
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