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Après quelques premières mesures et déclarations chocs contre la voiture électrique au début de son mandat, Donald Trump accélère. Les législateurs viennent d’adopter un texte pour faire casquer les électromobilistes. En d’autres termes, la plupart des mesures incitatives mises en place pour pousser les États-Unis vers un avenir électrique sont mortes ou mourantes. Selon plusieurs observateurs, ce plan, surnommé « One Big Beautiful Bill Act », pourrait précipiter la chute de l’industrie des batteries dans le pays de l’oncle Sam.
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump affiche son hostilité vis-à-vis des véhicules électriques. Dès son retour au pouvoir, il avait promis de revenir sur les politiques climatiques de Joe Biden. Mais, avec l’adoption par la Chambre des représentants de son Big Beautiful Bill Act, il passe à la vitesse supérieure. Le texte prévoit notamment des hausses de taxes pour les conducteurs de véhicules hybrides et électriques : 100 dollars supplémentaires par an pour les premiers, 250 dollars pour les seconds.
L’administration justifie ces nouvelles taxes par le « besoin urgent de refinancer le Fonds fiduciaire routier ». Une dotation censée entretenir les infrastructures routières américaines. Ce fonds était historiquement alimenté par la taxe sur l’essence, mais avec la montée en puissance de l’électrique, les ressources fondent. Or, les véhicules électriques, bien que moins polluants, sont souvent plus lourds et causent aussi des dégradations sur les routes. Les faire participer à l’effort financier n’est pas totalement illogique.
Le problème, c’est la méthode et, surtout, l’ampleur des coupes budgétaires ciblées. Le projet de loi prévoit également la suppression rapide de la majorité des crédits d’impôt mis en place dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA). Cette loi, adoptée sous la présidence Biden, constituait l’un des piliers de la politique industrielle verte américaine. Elle avait pour objectif de relocaliser la production de batteries et de stimuler l’achat de véhicules électriques fabriqués en Amérique du Nord.
À lire aussiDroits de douane : Donald Trump prêt à semer le chaos dans l’industrie automobileCe dispositif sera démantelé d’ici à 2026, six ans plus tôt que prévu. Et l’impact sur l’industrie des batteries pourrait être dévastateur. Le project REPEAT de l’Université de Princeton estime que la suppression des aides entraînerait une baisse de 40 % des ventes de véhicules électriques à l’horizon 2030. Or, moins de véhicules électriques, c’est moins de batteries. Et donc, potentiellement, l’arrêt de dizaines d’usines en projet ou en construction.
D’après les données compilées par le Big Green Machine du Wellesley College, 77 des 128 projets industriels lancés après l’IRA n’ont pas encore débuté leur production. Ceux-ci pourraient purement et simplement être annulés.
L’International Council on Clean Transportation (ICCT) a chiffré les conséquences sociales de cette marche arrière. Selon son rapport, jusqu’à 130 000 emplois pourraient disparaître d’ici à 2030 dans le secteur des véhicules électriques. Les États du Michigan et du Kentucky, seraient particulièrement touchés. C’est pourtant là que se concentrent les projets industriels les plus prometteurs. Et c’est aussi dans ces États que les électeurs avaient placés leurs espoirs dans un retour de la production « made in USA ».
Ironie du sort, ce sont précisément les élus républicains de ces régions qui soutiennent massivement le texte. Le représentant de Géorgie, Buddy Carter, pourtant élu dans une circonscription où Hyundai a investi plus de 4 milliards de dollars dans une usine de batteries, a qualifié le projet de loi de « fantastique ». Même son de cloche dans le Nevada, pourtant riche en lithium, où le représentant Mark Amodei a voté pour la suppression des crédits malgré ses précédentes déclarations en faveur de l’industrie.
Au-delà des pertes d’emplois, le message envoyé aux investisseurs est désastreux. Plusieurs analystes redoutent que les grands groupes, notamment asiatiques, revoient leurs projets de localisation aux États-Unis au profit de pays plus stables, comme le Canada ou le Mexique. Le paradoxe, c’est que ces mesures, censées affaiblir la transition électrique, pourraient à terme renforcer la dépendance américaine à la Chine.
Face à cette offensive, l’opposition démocrate paraît bien isolée. Seuls deux élus républicains ont voté contre le texte. Et pour des raisons inverses : ils estiment que les coupes ne vont pas assez loin. Le Sénat pourrait encore bloquer le projet de loi, mais la majorité républicaine est influente. Quant aux constructeurs, ils peinent à faire entendre leur voix, pris en étau entre la stratégie politique de Trump et un marché volatil.
En parallèle, l’administration Trump s’attaque également au marché européen. Les constructeurs automobiles du Vieux Continent pourraient être les prochaines victimes d’une escalade commerciale entre Washington et Bruxelles. À partir du 1ᵉʳ juin prochain, les États-Unis menacent d’imposer des droits de douane de 50 % sur les véhicules importés de l’Union européenne. Donald Trump estime que l’Union aurait été « créée dans le but premier de profiter des États-Unis sur le plan commercial ».
Il accuse les Européens d’imposer aux entreprises américaines un ensemble de règles, de taxes et de barrières commerciales « totalement inacceptables ». Cette déclaration a provoqué un vent de panique sur les marchés. En avril, les États-Unis avaient déjà annoncé vouloir mettre en place des droits de douane de 20 % sur une large gamme de produits européens, avant de les réduire temporairement pour laisser place aux négociations. Mais cette nouvelle attaque est encore plus violente.
À lire aussiLes pays asiatiques préparent leur riposte face aux nouveaux droits de douane de Donald TrumpL’Union européenne, deuxième partenaire commercial des États-Unis après la Chine, pourrait voir l’un de ses secteurs clés, l’automobile, durement touché. En 2024, les exportations européennes de véhicules et de pièces détachées vers les États-Unis représentaient plus de 45 milliards de dollars. Une taxe de 50 % pourrait venir bouleverser la compétitivité des marques allemandes, françaises ou italiennes, alors que plusieurs d’entre elles dépendent fortement du marché nord-américain.
On vient cependant de l’apprendre au moment de mettre en ligne cet article et ce n’est plus vraiment une surprise tant Donald Trump nous habitue à souffler le chaud et le froid : après un coup de téléphone visiblement productif avec Ursula von der Leyen, le Président américain a annoncé repousser la mise en place de ces droits de douane supplémentaires au 9 juillet.
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